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Les bonnes affaires du chocolat sans sucre

Dominique Talbot|Publié le 26 novembre 2023

Les bonnes affaires du chocolat sans sucre

Véronique Giroux a cofondé Sana avec son conjoint Danny et son fils Emrick. (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAL MONTÉRÉGIE. D’ici 2030, le marché des produits chocolatés sans sucre devrait connaître une hausse soutenue de 5,4 % par année pour atteindre deux milliards de dollars américains, selon la firme Market Research. À Saint-Hyacinthe, l’entreprise Sana le sait mieux que quiconque. 

« Le marché est encore largement sous-exploité », dit Véronique Giroux, co-fondatrice de la chocolaterie.

Pour elle, c’est un problème de santé qui a tout changé. Un diagnostic de lupus, une maladie auto-immune chronique où l’organisme détruit ses propres tissus, reçu en 2018, a forcé l’entrepreneuse à changer son alimentation pour garder un bon équilibre de vie. Surtout, il fallait couper sa consommation de sucre. Et idéalement, adopter l’alimentation cétogène (« keto »), faible en glucides et élevée en gras. 

Sans trop le savoir, c’était aussi les balbutiements de Sana, fondée avec son conjoint Danny et son fils Emrick, qui s’est d’abord appelée Kétolat.

Rapidement, Véronique Giroux s’aperçoit qu’il y a peu d’aliments sur le marché adaptés à cette diète. « Je n’avais pas l’idée de lancer une entreprise, je voulais juste faire du chocolat. Mais sur mon groupe [de discussion sur l’alimentation], j’ai fait un test en disant que j’avais trouvé une chocolaterie qui faisait du chocolat sans sucre. Et là, on a vu qu’il y avait un filon. »

Juillet 2019, elle qui avait toujours été employée se lançait en affaires. 

« Entre nos six premiers mois et la deuxième année, nous sommes passés de 0 à 450 000 $ de chiffre d’affaires. Ç’a été quand même assez rapide et nous étions distribués seulement au Québec. » 

En 2022, la famille prend une autre grande décision. Celle de changer la marque de ses produits pour s’éloigner du prisme de l’alimentation cétogène. « Sana est née en 2022, car avant, nous étions plus axés sur la diète “keto”. C’est un peu pour cela que nous avons connu une grosse croissance. On a surfé sur cette vague quand c’est arrivé au Québec », explique Véronique Giroux. 

« [Nous voulions] rester un chocolat sans sucre ajouté, 100 % naturel et bon pour n’importe qui qui se soucie de son alimentation et souhaite réduire le sucre. Sana, ça veut dire en bonne santé », poursuit-elle. 

Depuis, la croissance « explose », pour reprendre ses dires. « Notre chiffre d’affaires a doublé entre 2021 et 2022. » Il est maintenant près d’un million.

 

Rêver de croissance, jouer de prudence 

Sana aimerait encore doubler cette année. « Mais il faut faire attention à la gestion de la croissance, dit Véronique Giroux. On voudrait bien être à dix millions l’année prochaine, mais pour gérer cette croissance, ça prend de bons partenaires. […] Donc on aimerait prendre plus de parts de marché au Québec ». 

Pour bien négocier cette croissance, il faut être agile. « Nous sommes une entreprise manufacturière. On a beaucoup d’équipements à acheter, pas juste de la matière première et une tierce partie à payer. » 

Selon la dirigeante, il faut s’assurer d’être capables de faire la production et qu’il n’y ait pas de goulots d’étranglement. « Si on veut être efficaces dans la chaîne de production, on doit avoir les bons équipements, les acheter au bon moment. La gestion des liquidités vient aussi se mêler à ça, justement en raison justement de l’achat des équipements », poursuit-elle. 

Surtout que depuis le début de l’année, les gâteries chocolatées de Sana sont distribuées dans l’ensemble du Canada. « C’est plus facile de distribuer Sana dans le reste du Canada. On ne sait pas trop pourquoi encore. Mais selon une étude de marché que nous avons consultée, les Canadiens hors Québec sont habitués à payer un produit plus cher lorsqu’ils savent que c’est santé. Ici, on achète plus un prix [le moins cher]. » 

En revanche, tempère Véronique Giroux, les consommateurs du Québec achètent souvent l’histoire derrière un produit, ils s’en amourachent et restent fidèles. « Tandis que dans le reste du Canada, les gens n’achètent pas notre histoire, mais les ingrédients de notre produit », compare-t-elle. 

Avant tout, si elle se projette cinq années en avant, Véronique Giroux souhaite que l’histoire de Sana reste celle d’une entreprise familiale. Son but ? Continuer à vendre « du bonheur » aux consommateurs. « Tout part de l’énergie et du désir. On a le désir de faire connaître Sana à tout le monde. » 

Et une chose est certaine, entre son ancien statut d’employée et celui d’entrepreneuse qu’elle occupe aujourd’hui, il n’y aura pas de retour en arrière. « Non, vraiment pas. »

 

Ce texte provient de notre édition du 14 juin 2023.