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Poissons et fruits de mer: au Québec de se servir en premier

Benoîte Labrosse|Publié le 19 janvier 2022

Poissons et fruits de mer: au Québec de se servir en premier

Le Salon Fourchette bleue — poissons et fruits de mer est prévu à Rivière-du-Loup les 22 et 23 février prochains. (Photo: Exploramer)

FOCUS RÉGIONAL: BAS-SAINT-LAURENT. Depuis des décennies, jusqu’à 80% des produits marins de la province trouvent preneurs hors de nos frontières, à l’occasion du Boston Seafood Show. Ce portrait est sur le point de changer. Le premier Salon Fourchette bleue — poissons et fruits de mer, prévu à Rivière-du-Loup les 22 et 23 février prochains, permettra aux restaurateurs, distributeurs, transformateurs, traiteurs et autres marchands québécois de se servir d’abord. 

L’idée d’une telle foire commerciale germe depuis cet été chez Exploramer, une institution muséale axée sur le milieu marin du Saint-Laurent basée à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie. «Avec son programme Fourchette bleue, le musée travaille très fort pour promouvoir les produits marins du Québec. Mais on a reçu des plaintes de visiteurs parce que le supermarché situé tout près ne vend que des produits marins importés, relate sa directrice générale, Sandra Gauthier. C’est un problème auquel ont fait face depuis très longtemps à cause de l’exportation, donc on a décidé de faire notre propre salon pour que le Québec puisse mettre la main en premier sur plusieurs produits.» 

Le choix de Rivière-du-Loup pour tenir ce qu’elle qualifie de «premier événement du genre depuis l’arrivée de Jacques Cartier en 1534» est tout sauf accidentel. «Nos acheteurs, ce sont des restaurants, des poissonneries, des entreprises de prêt-à-manger qui viennent pour la plupart des grands centres, tandis que nos vendeurs, ce sont les usines de transformation, les mariculteurs, les distributeurs qui viennent des régions maritimes. Ils vont se rejoindre à mi-chemin», explique-t-elle.

Ceux-ci auront entre autres l’occasion de faire connaissance lors de la «bourse à huis clos», une série de rencontres individuelles de 15 minutes sur rendez-vous. «Cela va leur permettre de savoir s’ils veulent travailler ensemble et d’amorcer des négociations sans être interrompus», souligne l’organisatrice.

Notons que les représentants des institutions publiques servant de la nourriture – hôpitaux, CHSLD, CPE, etc. – sont également invités. Ils y auront l’occasion de mettre en pratique la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois lancée par le gouvernement provincial en 2020.

(Photo: Exploramer)

 

Mission découverte

Alors que la menace d’Omicron plane toujours, l’équipe derrière l’événement est déterminée à ce qu’il se tienne en personne. Entre autres parce que la dégustation y sera à l’honneur lors d’un «repas découverte» préparé par des étudiants et enseignants de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) — sa directrice générale, Liza Frulla, est d’ailleurs coprésidente d’honneur du Salon Fourchette bleue.

«Si la situation l’exige, on reportera d’une semaine, ou deux, ou trois, assure Sandra Gauthier. On a quand même bon espoir que d’ici le 22 février, les mesures sanitaires le permettent.»

La présence de 150 visiteurs-acheteurs est espérée, et les inscriptions vont bon train. Les exposants, dont les noms ne seront dévoilés qu’à quelques jours de l’ouverture, répondent également présents. Des places sont encore disponibles, «mais ça part vite», avertit-elle.

Exploramer ne croit-il pas que les difficultés que vivent actuellement les restaurateurs puissent nuire au succès de ce premier Salon? «C’est possible, mais d’un autre côté, je me dis qu’ils ont le temps de faire de la planification pour cet été, nuance sa directrice générale. Ils pourront découvrir une vaste variété de produits marins qu’on n’a jamais eu sur nos tables au Québec à cause de l’exportation… C’est comme si on leur ouvrait une nouvelle porte du garde-manger local.»

La filière des algues devrait intéresser particulièrement les restaurants végétariens et véganes, ajoute-t-elle. «Ce sont les légumes de la mer ! Il s’agit aussi d’une ressource abondante qui se renouvelle facilement, donc, d’un point de vue écologique, on a tout intérêt à miser davantage sur elles.»