Isabelle Brodeur, directrice générale de la Coopérative du marché public de Sainte-Foy (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL: CAPITALE-NATIONALE. Ne cherchez plus la librairie La Liberté à l’intérieur de la Pyramide de Sainte-Foy ; elle n’y tient plus boutique. Après presque quatre décennies passées dans le centre commercial, la vénérable institution a déplacé ses présentoirs à quelques kilomètres à l’ouest, l’année dernière. Direction : la route de l’Église, une importante artère commerciale située à un jet de pierre de l’autoroute Henri-IV, où un nouvel environnement d’affaires est en train de naître à la faveur d’une importante cure de jeunesse que subit actuellement ce secteur du plateau centre de Sainte-Foy.
« Nous savions que ce coin-là était appelé à se transformer dans les prochaines années, avec la construction du Centre de glaces, l’arrivée prochaine du futur réseau de transport structurant… On parle d’un projet majeur de revitalisation et de densification urbaine », explique le libraire Christian Laliberté.
Une des clés de voûte de ce vaste projet de développement est le réaménagement d’un tronçon d’un kilomètre de la route de l’Église, entre le chemin des Quatre-Bourgeois et le boulevard Hochelaga. Lancé en 2019, ce chantier d’environ 16 millions de dollars (M$) est une des « interventions prioritaires […] prévues au plan particulier d’urbanisme du plateau centre de Sainte-Foy », peut-on lire dans un sommaire décisionnel de la Ville de Québec. Le projet prévoit une piste cyclable d’un côté, une promenade commerciale de l’autre, ainsi que davantage de verdure et une chaussée mieux adaptée au transport en commun.
Marché public 2.0
À proximité, sur l’avenue Roland-Beaudin, une autre institution du quartier vit elle aussi des jours nouveaux. Le marché public de Sainte-Foy, qui existe depuis 1976, jouira pour la toute première fois de son histoire d’une structure permanente et moderne. Désormais, ce marché saisonnier de 70 étals, le deuxième en importance à Québec, sera composé de murs escamotables composés entièrement de verre, d’une armature en bois ainsi que d’un toit fixe. Coût estimé de ce nouvel édifice et de son stationnement : 11 M$.
Au début mai, l’édification du nouveau marché accusait cependant du retard sur son échéancier dû aux répercussions engendrées par la COVID-19. « L’intérieur du bâtiment est encore en chantier. Nous espérons être en mesure de prendre possession des lieux au début juillet, juste à temps pour la saison estivale », affirme Isabelle Brodeur, directrice générale de la Coopérative du marché public de Sainte-Foy. En attendant, ses 45 membres, des producteurs, transformateurs, commerçants et restaurateurs, accueillent les clients sous des chapiteaux.
La crise sanitaire n’est pas que négative, bien au contraire : l’engouement pour les produits d’ici, sur fond d’inquiétudes relatives à la souveraineté alimentaire du Québec, devrait grandement leur bénéficier, pense Isabelle Brodeur. « Grâce à nos nouvelles installations et à notre localisation avantageuse dans un environnement en pleine transformation, il sera plus facile que jamais pour les gens de la grande région de Québec de s’approvisionner chez des marchands locaux », prévoit-elle. Lors des belles fins de semaine d’été, le marché public de Sainte-Foy peut attirer environ 5 000 personnes par jour.
La ville, en banlieue
Le brouhaha dans le secteur insuffle aussi une nouvelle dynamique dans le marché de l’immobilier de la capitale. Conscients de l’occasion à saisir dans ce que certains appellent « le nouveau centre-ville de Québec », plusieurs promoteurs y ont lancé d’ambitieux projets dans les dernières années, comme le Sommet 3V, inauguré en 2019. C’est notamment le cas de Denis Epoh, directeur général de Capwood, à l’origine du concept de QG Sainte-Foy, qui regroupe sous un même toit une immense halle gastronomique, des services divers de même que 122 condos. « On a vendu 95 % des condos moins d’un an après leur mise en vente, en 2018. C’est dire comme nous sommes attendus de pied ferme l’automne prochain ! », s’enthousiasme l’homme d’affaires.
Le bâtiment de douze étages, dont les différents « districts » devraient fournir un gagne-pain à plus de 600 personnes, table sur sa localisation stratégique ainsi que sur plusieurs tendances de fond pour connaître du succès. « Les consommateurs veulent délaisser la voiture, avoir accès à des services de proximité et goûter aux charmes de la vie de quartier », explique Denis Epoh. Sur le site de QG Sainte-Foy, une formule résume sa vision : « Un mode de vie repensé. »