Le directeur du Groupe TAQ, Gabriel Tremblay, avec un de ses employés. (Photo: courtoisie)
FOCUS CAPITALE-NATIONALE. Une dizaine d’employés s’affaire à empaqueter des produits de Biscuits Leclerc qui défilent sur la chaîne d’emballage. Dans une autre section, des travailleurs préparent des colis pour des commandes en ligne de la Maison Simons, pendant que d’autres assurent le traitement et le tri du courrier de l’institution financière SSQ. Plus loin, un autre groupe fait l’embouteillage d’huiles essentielles pour Atrium Innovations.
Le Groupe TAQ est un secret de moins en moins bien gardé aux yeux des entreprises. Au grand bonheur de celles qui, faute de travailleurs, ont de plus en plus recours aux services de cette entreprise adaptée d’économie sociale lancée il y a 40 ans.
« Les entreprises adaptées ont toujours évolué en restant low profile. Pour éviter notamment de se faire accuser de concurrence déloyale. Mais les temps changent et, même si le but principal est toujours de procurer des emplois à des personnes qui ont des limitations fonctionnelles, on devient une solution pour les compagnies qui manquent d’employés », souligne Gabriel Tremblay, directeur général de Groupe TAQ.
Redressement et diversification
Gabriel Tremblay est arrivé en poste il y a six ans. Avec le mandat de redresser cette entreprise confrontée à des difficultés financières. « On a fait un virage à 180 degrés », indique celui qui avait été jusqu’alors PDG du Conseil québécois des entreprises adaptées pendant plus de 20 ans.
Le Groupe TAQ, qui offrait principalement des services en sous-traitance d’envois postaux et de reliure pour les entreprises des secteurs de l’imprimerie, de l’édition, des services financiers et du commerce de détail, décide alors de diversifier ses activités.
Elle se dote ainsi d’une aire de conditionnement alimentaire répondant aux normes de salubrité et de sécurité de type HACCP et BRC afin d’offrir diverses taches d’assemblage ou de préparation pour les entreprises de ce secteur d’activité. Chocolats Favoris sera la première à avoir recours à ses services de sous-traitance.
« L’entreprise venait d’avoir un important contrat pour la vente de ses fondues chez IGA, mais elle n’avait pas encore la capacité de production suffisante pour fondre le chocolat et emballer les produits », explique M. Tremblay. Aujourd’hui, le Groupe TAQ travaille plutôt à la réalisation des calendriers de l’Avent et au montage de boîtes pour chocolats assortis de Chocolats Favoris qui est confrontée à une pénurie de travailleurs.
Puis, Biscuits Leclerc frappera aussi aux portes du Groupe TAQ où une soixantaine d’employés travaillent le jour et le soir pour ce manufacturier de biscuits, de barres collation et de craquelins. Le Groupe TAQ s’est diversifié davantage en offrant aussi des services de sous-traitance en emballage de produits pharmaceutiques, cosmétiques et de santé naturels, qui répondent aux exigences des Bonnes pratiques de fabrication (BPF) de Santé Canada.
Le Groupe TAQ vient même de décrocher un contrat d’assemblage de pièces de lampadaires du fabricant Lumca, qui manque également de main-d’œuvre suite à l’obtention du plus important contrat de son histoire auprès de la Ville de Montréal. Car le Groupe TAQ fait aussi l’assemblage de pièces usinées, de composantes industrielles ou de boulonnerie, notamment pour le groupe ABB qui produit des transformateurs à son usine du Parc technologique à Québec. Elle assemble également des raquettes pour le fabricant Faber.
Forte croissance et nouveau bâtiment
Le Groupe TAQ récolte aujourd’hui le fruit de sa diversification et du travail de ses 300 employés, dont les deux tiers ont un handicap physique, mental ou visuel. « Ce sont des gens qui sont aptes au travail, productifs, mais que ne sont pas jugés concurrentiels sur le marché du travail conventionnel parce qu’ils demandent plus d’encadrement », précise Gabriel Tremblay qui a recruté 100 nouveaux employés depuis son arrivée en poste en mars 2013.
Les revenus ont aussi fait un bond important, passant de 2,8 M$ à 9,3 M$ pendant cette période qui marque aussi un retour à la rentabilité. Ses services de sous-traitance d’envois postaux et de reliure, qui généraient 90 % des revenus de l’entreprise il y a six ans, en représentent aujourd’hui le tiers.
« Il y a encore place à la croissance, particulièrement dans la sous-traitance manufacturière. D’autant que le problème de pénurie de main-d’œuvre ne se résoudra pas du jour au lendemain », fait valoir M. Tremblay, en précisant que l’entreprise vise des revenus de 12 M$ d’ici trois ans.
Pour appuyer cette croissance, le Groupe TAQ vient d’aménager dans un nouveau bâtiment de 14 M$ d’une superficie de 115 000 pieds carrés et projette déjà un agrandissement de 15 000 pi2. L’entreprise prévoit du même coup créer 225 nouveaux emplois, dont 150 pour des personnes qui vivent avec des limitations, au cours des cinq prochaines années. A-t-elle aussi des problèmes de recrutement ?
« On arrive à combler nos besoins. Malheureusement, le gouvernement impose un quota sur le nombre d’emplois subventionnés dans les entreprises adaptées », déplore M. Tremblay. Il estime que sur les 120 000 personnes handicapées qui bénéficient de l’aide sociale au Québec, de 5 à 10 % sont aptes à travailler. « On aurait intérêt à leur offrir du travail. Ça change leur vie et c’est plus valorisant », dit-il. Les employés du Groupe TAQ reçoivent un salaire horaire qui varie entre 1 $ de plus que le salaire minimum jusqu’à plus de 20 $, selon le poste occupé.