Lumca espère notamment accroître sa présence aux États-Unis. (Photo: courtoisie)
FOCUS CAPITALE-NATIONALE. Chez Lumca, les dirigeants ne décident plus. En fait, il n’y a plus de dirigeants, mais plutôt des coachs qui accompagnent les employés qui sont tous appelés à proposer des projets et prendre des décisions. Comme l’achat d’un équipement, l’embauche de travailleurs ou l’octroi ou non de contrats en sous-traitance.
« On a mis en place une culture organisationnelle basée sur la confiance et la responsabilisation. Avec l’objectif de démocratiser le pouvoir décisionnel », explique Jean-Rock Fournier, le copropriétaire de cette PME de Québec qui conçoit des lampadaires extérieurs décoratifs.
Il y a plus d’un an, Lumca décidait d’abolir le système de gestion conventionnel pyramidal en le remplaçant par une structure où la cinquantaine d’employés, maintenant appelés des collaborateurs, s’autodirigent. Ils décident donc eux-mêmes des besoins d’investissement, de main-d’œuvre ou même du choix des fournisseurs. Comme le projet en cours, initié par un employé, d’acheter un robot soudeur valant 460 000 $ US ! Ou encore l’embauche récente de cinq employés recrutés en France.
Mais, avant de prendre une décision finale, l’employé doit solliciter l’avis de plusieurs autres collègues qui travaillent dans l’usine, aux ressources humaines ou encore aux finances. « Les gens appelés à donner leur avis ne doivent jamais dire non. Mais si un employé va de l’avant, malgré des opinions majoritairement contraires, il devra répondre de sa décision », indique M. Fournier, en précisant que cela pourrait même mener, selon la gravité de la situation, jusqu’à un congédiement qui encore là serait décidé par des employés.
Ce concept d’entreprise libérée a aussi l’avantage de réduire l’insatisfaction au travail, estime M. Fournier. « À partir du moment où tous les travailleurs ont le pouvoir de prendre des décisions, de changer des choses, ils n’ont plus raison de critiquer des décisions qui auraient été prises par des dirigeants », souligne-t-il.
Contrat de 15 M$
Jean-Rock Fournier et Dennis Dion, l’autre copropriétaire, travaillaient auparavant pour le concepteur de logiciels spécialisés dans la recherche d’informations Copernic, l’un comme vice-président exécutif et chef de la direction financière et l’autre à titre de vice-président ventes et marketing.
« On s’était toujours dit qu’on serait partenaire d’affaires un jour ». La vente de Copernic allait leur donner cette occasion, alors que les deux collègues quittent l’entreprise et s’unissent pour acheter en 2012 Lumca, une entreprise cofondée il y a près de 30 ans par Yves Deschamps qui souhaitait la vendre.
L’entreprise, dont la clientèle est composée essentiellement de municipalités et d’institutions, a poursuivi sa croissance, tant au Canada qu’aux États-Unis. Jusqu’à l’obtention l’automne dernier du plus important contrat de son histoire : la conception de 60 % des 36 000 luminaires décoratifs que la ville de Montréal veut remplacer et convertir à l’éclairage DEL. Une entente totalisant plus de 15,5 M$, pour laquelle Lumca a remporté huit des neuf lots de luminaires pour lesquels ses produits étaient éligibles.
« C’est énorme ! D’autant que, dans notre secteur d’activité, les contrats obtenus varient généralement de 200 000 à 500 000 $ » se réjouit M. Fournier. Il s’agit même du plus gros appel d’offres pour des lampadaires décoratifs réalisé par une ville nord-américaine. « Ça nous donne beaucoup de crédibilité et de notoriété », ajoute-t-il. L’entreprise a déjà fait sa marque à Montréal alors qu’elle avait obtenu un contrat pour l’éclairage de la Place des Arts au début des années 1990, puis plus récemment pour la Cité Multimédia.
La Lumca Mobile
L’entreprise espère notamment accroître sa présence aux États-Unis. Là où, ces jours-ci et pendant plusieurs semaines, la Lumca Mobile parcourt les routes d’une vingtaine d’États. Ce camion-remorque, qui amorce sa tournée annuelle sur la côte est américaine, avant de prendre le chemin vers le Texas, la Californie, l’Ouest canadien, le mid-west américain, l’Ontario et le Québec, s’arrête ainsi dans plusieurs villes pour présenter les produits de l’entreprise auprès de clients potentiels, notamment des architectes et ingénieurs.
« Nous faisons de quatre à cinq rencontres par jour. C’est un formidable outil de marketing », dit Jean-Rock Fournier. L’entreprise, dont les lampadaires illuminent notamment le site d’attraction Epcot Center de Disney, réalise le tiers de ses ventes aux États-Unis.
Lumca mise aussi sur l’innovation pour assurer sa croissance. Elle travaille entre autres à pousser encore plus loin le concept de lampadaire intelligent qui, pour l’instant, se limite principalement à moduler l’éclairage et réaliser des économies. Les lampadaires intelligents de Lumca peuvent en effet être munis d’un bouton-panique, d’un haut-parleur et d’une caméra de surveillance qui peuvent venir en aide à des personnes en détresse. On peut aussi y ajouter une station de recharge pour les véhicules électriques ou encore un écran d’affichage permettant de diffuser diverses informations, comme les interdictions de stationnement ou encore un volet touristique. À l’ère des villes intelligentes, les conceptions de tels lampadaires sauront sans doute plaire à un nombre grandissant de municipalités.