Macaroni et cie, l’entreprise qui met la couleur à la pâte
Claudine Hébert|Édition de la mi‑mai 2021Sandra Mercier, fondatrice de Macaroni et cie (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL: CHAUDIÈRE-APPALACHES. Il n’y a pas que les sauces qui peuvent égayer un plat de nouilles. Parlez-en à Sandra Mercier, maman de trois jeunes enfants de moins de 10 ans, de Saint-Anselme. Après avoir tenté l’expérience à sa propre table, la fondatrice de Macaroni et cie invite les familles à garnir, elles aussi, leurs assiettes de pâtes alimentaires colorées.
« Non seulement vos enfants vont les dévorer, mais ils vont en redemander », promet d’un ton assuré l’entrepreneure de 34 ans qui produit ses pâtes dans un petit local au cœur de la MRC de Bellechasse. Depuis qu’elle a quitté un poste de gestion dans une usine de production de plastique de la région à l’été 2019, Sandra Mercier est déterminée à redynamiser l’univers des pâtes alimentaires pour les papilles gustatives de ses propres enfants, et celles des autres.
Rouge, bleu, orange, vert, rose… une dizaine de couleurs sont utilisées pour donner un coup d’éclat aux pennes et aux crêtes de coq que produit Macaroni et cie. « Pas question d’employer des colorants artificiels ou des agents de conservation », avertit Sandra Mercier. Des jus composés de betteraves, épinards, poivrons rouges, bleuets et autres fruits et légumes servent à la coloration du produit. Et la productrice, qui utilise des farines canadiennes, aimerait bien éventuellement fabriquer ses pâtes à l’aide de farines produites au Québec.
En attendant, au Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), on salue déjà l’audace de Sandra Mercier. « Elle ose s’introduire dans un créneau déjà fort exploité. En plus, elle a trouvé les moyens de se distinguer rapidement de la compétition avec un produit à valeur ajoutée en proposant des pâtes santé et sans colorant artificiel. C’est remarquable », souligne Sylvie Cloutier, PDG du CTAQ.
Même discours à l’incubateur alimentaire Mycélium, à Québec, où Sandra Mercier a effectué un court passage de janvier à juillet dernier. La cuisine familiale n’était plus assez grande pour sa production. « Elle écoute, elle applique nos conseils et encore aujourd’hui, alors qu’elle vole de ses propres ailes, elle nous contacte régulièrement afin de valider ses décisions d’affaires, soutient Soulaf Slaoui, directrice générale de l’incubateur. Elle fait indéniablement partie de nos championnes. »
Prochaines étapes
Les affaires vont tellement bien que moins d’un an depuis le retour de la production de Macaroni et cie dans un petit local de 600 pieds carrés au centre-ville de Saint-Anselme, l’espace ne suffit déjà plus. En compagnie de ses deux employés à temps partiel, Sandra Mercier s’apprête à déménager d’ici la fin du printemps dans un local de 1400 pieds carrés situé dans le parc industriel de la municipalité. « Non seulement ce nouvel espace va me permettre de doubler ma production actuelle de 75 kg par jour, je vais avoir la possibilité d’agrandir la superficie de l’usine dès que les besoins se présenteront », indique-t-elle. Ce déménagement devrait également se traduire par l’embauche de deux nouveaux employés.
Toutefois, pour accroître sa production, il faudra aussi améliorer le réseau de distribution. L’entrepreneure, qui aimerait bien franchir le cap des 100 000 $ de ventes en 2021, est consciente qu’elle aura avantage à bonifier sa boutique en ligne. Les ventes sur le Web représentent à ce jour à peine 5 % de ses revenus d’affaires.
Il lui faudra aussi conquérir d’autres marchés d’alimentation. Actuellement, les produits de Macaroni et cie se retrouvent dans une trentaine de points de vente. Ce sont principalement des marchands situés dans Chaudière-Appalaches et dans les environs de Québec. Des commerçants que Sandra Mercier a tous conquis, un par un, bébé sous un bras — sa petite dernière est née en août 2020 — et emballages de pâtes sous l’autre.
D’ailleurs, parmi ces commerces, certains n’hésitent pas à accorder une belle visibilité aux pâtes multicolores de Macaroni et cie. C’est notamment le cas du marché IGA, à Saint-Anselme, tout premier commerçant à les mettre sur ses étagères à l’automne 2019. « Nous avons toujours été très fiers de privilégier les produits locaux, soutient Lyne Lafleur, gérante de l’épicerie. Et nous le sommes encore plus lorsque les consommateurs y goûtent… et en rachètent. »