Grâce à Passerelle, la venue de travailleurs se traduira à terme par l’arrivée de 1643 nouveaux résidents dans la région de Chaudière- Appalaches. Sur la photo, le Parc régional du Massif du Sud. (Photo: Stéphanie Allard)
FOCUS RÉGIONAL: CHAUDIÈRE-APPALACHES. Aux grands maux, les grands remèdes. Affichant un taux de chômage parmi les plus bas du pays — moins de 4 % — et une criante pénurie de main-d’oeuvre, la région de Chaudière-Appalaches recrute activement des travailleurs qualifiés à plus de 6 000 km de son territoire.
«Grâce au programme Passerelle de recrutement international, lancé en avril 2018 par Chaudière-Appalaches Économique (CAE), 156 entreprises de la région ont pu embaucher 658 travailleurs originaires de la France», indique fièrement Philippe Mailloux, directeur général de CAE. L’organisme souhaite atteindre l’embauche de 700 travailleurs d’ici le mois de septembre, alors que prendra fin le programme. «À moins qu’il ne soit reconduit pour quelques années additionnelles», espère-t-il.
Au départ, cette initiative, qui vise à recruter une main-d’oeuvre spécialisée tels des soudeurs, électromécaniciens, conducteurs de camions lourds et ingénieurs, s’adressait principalement aux entreprises manufacturières. «Au fil des mois se sont ajoutés les commerces de service, y compris le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches pour le recrutement de préposés aux bénéficiaires», raconte Philippe Mailloux.
Unique au Québec, ce programme de recrutement international est le fruit d’une collaboration entre CAE, la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches et Québec International. «Au cours des trois dernières années, ce programme a bénéficié d’un budget de 600 000 $, ce qui nous a permis de développer un partenariat avec l’agence française Temporis», explique le directeur général. Né à Brive-la-Gaillarde (Sud-Ouest) en 2000, ce réseau d’agences d’emplois compte plus d’une centaine de succursales réparties sur le territoire de l’Hexagone.
«Bien que la France soit le principal lieu ciblé par ce programme à l’heure actuelle, l’objectif à moyen terme est de créer des passerelles auprès d’autres bassins potentiels de travailleurs», mentionne Philippe Mailloux.
Veni, vidi, vici
Patrick Fontaney, ex-mécanicien automobile diesel, originaire de Saint-Étienne, dans le département français de la Loire, est l’un de ces travailleurs qui ont été recrutés outre-mer. Depuis septembre 2019, il occupe un poste de superviseur au sein du Groupe CFR, une entreprise de Sainte-Claire spécialisée en solutions d’optimisation de la productivité industrielle, manufacturière et agroalimentaire. Toutefois, ses fonctions ne s’arrêtent pas là.
L’entreprise, qui compte une trentaine d’employés, dont la moitié est justement issue de l’immigration, lui a confié la responsabilité d’accueillir les travailleurs étrangers.
Depuis l’arrivée de Patrick Fontaney, trois autres travailleurs arrivant de France ont été embauchés, et trois autres doivent l’être d’ici la fin du mois de juin. «Je connais bien la galère, dit-il. J’ai vécu le voyagement en avion jusqu’à Montréal, le parcours en autocar jusqu’à Québec avant de prendre une navette jusqu’ici, à Sainte-Claire. J’ai vécu le stress d’avoir à m’installer dans un nouveau chez-soi. Je sais ce qu’il faut, dans les moindres détails, pour faciliter l’arrivée de ces travailleurs.»Il peut d’ailleurs compter sur l’aide d’une entreprise de la région, MV Propriétés, qui loue des appartements, meublés ou non.
Des employés qui font du bien
Le fabricant de planchers en bois franc Boa-Franc, qui détient deux usines à Saint-Georges, figure également parmi ceux qui ont bénéficié du programme de recrutement international. Grâce à Passerelle, deux électromécaniciens ont pu être embauchés au cours de la dernière année. Et deux autres pourraient se joindre cet été aux 450 employés de l’entreprise beauceronne. «Quatre employés sur 450, c’est une goutte d’eau dans la mer, me direz-vous sans doute. Mais cette goutte d’eau nous fait beaucoup de bien», soutient Nicolas Jean, directeur des ressources humaines à Boa-Franc. Jusqu’à présent, les entreprises de la MRC de Lévis sont celles qui ont accueilli le plus grand nombre de travailleurs issus de ce programme, soit 208. Suivent celles de Bellechasse, avec 137, celles de la MRC des Appalaches avec 71 et celles de la MRC de Beauce-Sartigan, avec 64 employés.
«Au total, la venue de ces travailleurs spécialisés s’est traduite par l’arrivée — ou l’arrivée prochaine compte tenu de la COVID-19 — de 1643 nouveaux résidents, incluant conjoint, conjointe et enfants dans la région de Chaudière-Appalaches», calcule le directeur général de CAE.