Fédérer les forces vives de l’industrie 4.0, voilà l’objectif du futur Carrefour d’innovation et d’entrepreneuriat de Lévis. (Photo: Louis Reed pour Unsplash)
FOCUS RÉGIONAL: CHAUDIÈRE-APPALACHES. Un laboratoire destiné à soutenir l’industrie 4.0, la numérisation et la robotisation dans les entreprises de la région de Chaudière- Appalaches verra le jour dans les prochaines années à Lévis.
Le Carrefour d’innovation et d’entrepreneuriat de Lévis (CIEL) sera un centre voué au perfectionnement des compétences entrepreneuriales ainsi qu’à l’incubation et à l’accélération de jeunes entreprises innovantes du territoire. Le but : favoriser l’innovation dans le créneau des technologies industrielles connectées, mais aussi des biotechnologies alimentaires, des technologies navales et des matériaux avancés.
Ce chantier cadre avec la volonté du gouvernement de la CAQ de développer des zones d’innovation pour stimuler l’économie du Québec – le premier ministre François Legault échafaudait déjà cette vision dans son livre Cap sur un Québec gagnant : le Projet Saint-Laurent, paru en 2013. La Ville de Lévis, qui porte le projet, attend actuellement le feu vert de la part des autorités gouvernementales. En avril 2019, elle a reçu 10 millions de dollars de Québec afin de réaliser les étapes d’acquisition, de valorisation et de décontamination de terrains de 30 000 pieds carrés dans l’Innoparc Lévis, où le CIEL doit être implanté.
Ce parc à vocation technologique et scientifique est situé en bordure de l’autoroute Jean-Lesage, dans l’arrondissement de Desjardins, dans l’est de la septième ville la plus populeuse du Québec. Une poignée d’entreprises ont actuellement pignon sur rue dans l’Innoparc, dont Creaform, spécialisée en numérisation 3D, qui a inauguré un nouvel immeuble en 2017 pour y accueillir ses 350 employés. Deux autres entreprises à vocation innovante, Précinov et Aventus Innovations, se sont aussi installées dans l’Innoparc Lévis en 2018.
Fédérer les forces vives
Le CIEL sera un outil de développement économique unique en son genre, soutient Philippe Meurant, directeur du développement économique et de la promotion à la Ville de Lévis. «On trouvera, sous un même toit, des espaces de travail partagé, des services d’incubation, des laboratoires d’expérimentation ainsi que des services de validation technologique et d’accélération d’affaires. Une soixantaine de jeunes pousses pourront y loger à peu de frais grâce à l’octroi de bons d’incubation», explique-t-il.
Plusieurs organismes de soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation, comme l’École des entrepreneurs du Québec, s’installeront au CIEL dès sa mise en activité. L’objectif est de créer une synergie entre les divers joueurs qui graviteront autour du carrefour. «Nous avons fédéré les forces vives régionales des secteurs technologiques et entrepreneuriaux, de même que les institutions du territoire autour de ce projet. AG-Bio Centre, TransBIOTech et le campus de Lévis de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) en sont quelques-uns», énumère Philippe Meurant.
Marie-Josée Morency, vice-présidente exécutive et directrice générale de la Chambre de commerce de Lévis, se réjouit de la mise sur pied du CIEL. «Lévis est vraiment en effervescence : plus de 4 500 entreprises y sont établies et les indices de vitalité économique sont parmi les meilleurs du Québec. Un tel écosystème technologique consacré à l’innovation manquait cependant dans le paysage ; ça nous était demandé par le milieu des affaires», affirme-t-elle. Selon elle, le CIEL aura pour effet de retenir des cerveaux à Lévis et dans la région de Chaudière-Appalaches.
Le CIEL contribuera à la diversification de l’économie locale, pense quant à lui Yves Dessureault, directeur général du Centre de robotique et de vision industrielles, un centre de transfert technologique dans le domaine de l’industrie 4.0. «Les commerces et services représentent à eux seuls la vaste majorité des emplois sur le territoire de Lévis, notamment grâce à la présence du siège social du Mouvement Desjardins. L’arrivée du CIEL aura pour effet d’y renforcer le secteur industriel, qui est plus développé ailleurs dans la région de Chaudière-Appalaches, notamment en Beauce», analyse-t-il.
Un second pôle technologique
Pendant ce temps, à l’autre extrémité de Lévis, dans l’arrondissement des Chutes-de-la-Chaudière-Ouest, un autre projet de zone d’innovation est sur les rails. Le Dataparc Lévis sera destiné au domaine de l’intelligence artificielle appliquée. Sa pièce maîtresse : le projet Bases.ai, un centre de collaboration entre les entreprises souhaitant développer des modèles et des algorithmes qui font appel à l’intelligence artificielle, aux mégadonnées, à l’apprentissage machine et à l’Internet des objets, lit-on dans une lettre adressée au ministère des Finances du Québec dans le cadre des consultations prébudgétaires de 2020. La missive signée par le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, évoque des investissements de 2,2 milliards de dollars dans cette zone au cours des dix prochaines années.