Palmex, dont les produits ne renferment aucune substance toxique et sont fabriqués en partie de matériaux recyclés tout en étant 100 % recyclables, déclare ainsi offrir des toitures écoresponsables à sa clientèle. (Photo: Palmex)
FOCUS RÉGIONAL: LAURENTIDES. Le Québec n’est évidemment pas reconnu pour ses palmiers. Bien que si Jacques Cartier avait navigué à l’envers de l’hiver, la rue Sherbrooke serait aujourd’hui bordée de cocotiers, comme le chante Robert Charlebois. N’empêche : à Saint-Sauveur, petite municipalité des Pays-d’en-Haut prisée par les skieurs, une PME fabrique depuis plus de 15 ans des feuilles de palmier synthétiques qu’elle vend dans une soixantaine de pays chauds et même… au Canada !
Les Club Med de l’Île Maurice et des Maldives, l’InterContinental Moorea Resort et Spa, en Polynésie française, et autres complexes hôteliers de prestige situés dans des pays tropicaux de partout dans le monde comptent en effet sur Palmex International pour donner une apparence de toitures tropicales à leurs bâtiments, restaurants, cabanons ou parasols.
Selon ses dires, Palmex serait même le leader mondial dans ce marché en croissance que l’entreprise aurait elle-même créé au début des années 2000. «Plusieurs concurrents ont vu le jour depuis – notamment aux États-Unis et en Chine -, mais on garde l’avance grâce à la qualité de nos produits et à notre réseau de distributeurs qui assurent une présence sur le terrain», affirme son président et cofondateur, Richard Maillé.
Le fruit du hasard
L’idée a d’abord germé dans la tête d’un Français, Jean-Louis Steiner, alors qu’il vivait à Tahiti à la fin des années 1990. Ce dernier avait constaté que les feuilles de palme naturelles se détérioraient rapidement, puis il avait fait part de son idée de créer des feuilles de palmier synthétiques à M. Maillé, avec qui il faisait affaire sur d’autres projets.
À l’époque, ce dernier dirigeait Plastival depuis une quinzaine d’années, une entreprise de Laval spécialisée dans la fabrication de produits de matières plastiques tels que des rampes et des clôtures en PVC. «Sur le coup, je n’étais pas intéressé et je lui ai donné le nom de deux autres entreprises», souligne M. Maillé.
Deux ans plus tard, les deux entrepreneurs se croisent par hasard au Salon de l’habitation de Montréal et, constatant que le projet de M. Steiner n’avait pas avancé, M. Maillé décide finalement de vendre Plastival et de se lancer dans l’aventure en 2003 avec 30 % des parts de la nouvelle entreprise.
Nouveaux marchés
Palmex a réalisé ses premières ventes à l’hôtel Radisson de Tahiti et dans d’autres établissements français, situés dans des régions déjà bien connues de M. Steiner. Les ventes ont fait boule de neige, et les feuilles sont aujourd’hui utilisées dans de nombreux parcs thématiques ou aquatiques et dans des campings. Malgré tout, le marché hôtelier représente encore la majorité des revenus de l’entreprise (50 %), qui a aussi développé le marché résidentiel.
La PME a doublé ses ventes au cours des trois dernières années, qui atteignent maintenant 10 millions de dollars, dont plus de 95 % sont réalisées à l’étranger. Cette croissance tient particulièrement à une présence accrue au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.
Pour réaliser cette expansion, l’entreprise a même ouvert, en 2014, une usine en Thaïlande. Celle-ci lui permet d’épargner des frais de douane pouvant aller jusqu’à 40 %. «Sinon, on n’aurait jamais pu faire une percée dans les pays de cette région du monde», explique M. Maillé. Cette usine accapare aujourd’hui 20 % de la production de la PME, qui souhaite accroître ce ratio à 25 %.
Palmex fera prochainement une percée au Qatar. Elle lorgne aussi le Brésil, alors que ses produits se retrouvent dans plusieurs pays d’Amérique latine, de même qu’au Maghreb. La PME s’était d’abord établie sur les marchés subsahariens, tels le Sénégal, le Gabon et la Côte d’Ivoire.
Son développement à l’international passe par un réseau de 65 distributeurs. «On en avait 40 il y a trois ans, et on souhaite en compter 85 d’ici quelques années», indique M. Maillé. Pour ce faire, l’entreprise mise sur quatre représentants qui sillonnent régulièrement le monde à la recherche de nouveaux distributeurs et marchés.
Produit sans entretien
Palmex emploie 15 personnes à Saint-Sauveur et une dizaine d’autres en Thaïlande. La PME fait aussi appel à des sous-traitants pour la fabrication par procédé de moulage de ses feuilles de palmiers synthétiques.
Le polymère utilisé est semblable à celui qui entre dans la fabrication de pédalos ou de kayaks, par exemple.
(Photo: Palmex)
Contrairement aux feuilles de palmier naturelles, qui nécessitent l’épandage d’insecticides, de la fumigation ou encore des traitements contre le feu, leurs équivalents synthétiques ne requièrent pratiquement aucun entretien et ont l’avantage d’être ignifuges, résistants à la moisissure et exempts d’infestations ou de nidification, fait valoir l’entreprise.
Autre atout : une durabilité de 50 ans et une garantie de 20 ans, tandis que les toitures en feuilles naturelles doivent être remplacées tous les deux à cinq ans.
L’entreprise ne craint-elle pas que la levée de boucliers contre l’utilisation du plastique freine sa croissance ? «Pour avoir des toitures naturelles, il faut couper des arbres. Elles nécessitent aussi une immense quantité de feuilles. Nos produits ont donc le mérite de protéger des forêts», répond M. Maillé. Sans oublier, ajoute-t-il, que les feuilles naturelles qui se dégradent se dispersent ensuite sur les plages ou dans l’eau, y transportant insecticides et produits ignifuges.
Palmex, dont les produits ne renferment aucune substance toxique et sont fabriqués en partie de matériaux recyclés tout en étant 100 % recyclables, déclare ainsi offrir des toitures écoresponsables à sa clientèle.