Le territoire de la Rive-Nord de Montréal a su se montrer inventif au fil des ans. (Photo: 123RF)
FOCUS RÉGIONAL: LAURENTIDES. On y fabrique des avions, des hélicoptères, des autobus électriques, des parkas au capuchon bordé de fourrure, des minicroissants et une foule d’autres aliments ou de mets préparés qui sont vendus partout au Québec et ailleurs dans le monde. Ses immenses forêts favorisent la construction de canots en cèdre et de nombreux autres produits du bois. On y trouve même un fabricant de feuilles de palmier synthétiques. Sans compter que la région est depuis toujours une destination touristique de villégiature très prisée.
La bonne santé économique des Laurentides repose en effet sur sa grande diversification. Particulièrement dans les Basses-Laurentides – porte d’entrée de cette vaste région -, dont le développement industriel et commercial est en grande partie alimenté par sa proximité avec Montréal, ainsi que par un accroissement démographique parmi les plus forts de la province.
«On a des entreprises actives dans plusieurs domaines d’activité», souligne Cynthia Kabis, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Thérèse-De Blainville. D’ailleurs, la division aéronautique du constructeur japonais Mitsubishi vient d’annoncer des investissements de 135 millions de dollars à Boisbriand, pour y implanter un centre de recherche et de développement qui créera jusqu’à 250 emplois.
Manque d’espace
Ce territoire de la Rive-Nord de Montréal n’a ainsi pas trop souffert de la fermeture de l’usine du géant General Motors, à Boisbriand, il y a déjà plus de 15 ans, et ce, grâce à l’implantation de dizaines de PME dans des secteurs d’activités très variés. La MRC de Thérèse-De Blainville a même développé, au fil des ans, une grappe importante en agroalimentaire, grâce à la présence d’entreprises comme Plaisirs Gastronomiques, Aliments O’Sole Mio, La Petite Bretonne, Charcuterie La Tour Eiffel, Les Brasseurs du Nord ou encore Conagra Brands et ses marques Duncan Hines, Aylmer, Chef Boyardee ou encore Pogo.
La démolition de l’usine GM a par ailleurs libéré une superficie d’environ 10 millions de pieds carrés, occupée aujourd’hui par le Faubourg Boisbriand et ses dizaines de commerces, autour duquel s’est aussi construit un secteur résidentiel. La Ville de Boisbriand mise aussi sur la construction d’un nouveau «quartier nature» comprenant 5 000 logements. Dévoilé cet été, Le Quartier – Forestia est un projet immobilier de 1,2 milliard de dollars situé à l’intersection des autoroutes 13 et 640.
Résultat : la MRC de Thérèse-De Blainville manque d’espace. «Deux ou trois entreprises qui voulaient agrandir ont dû quitter le territoire», déplore Mme Kabis, en précisant qu’elles sont toutefois demeurées dans les Laurentides.
Même son de cloche dans la ville voisine de Mirabel, qui souhaite notamment que le gouvernement fédéral lui cède les terrains proches des pistes de l’aéroport pour y poursuivre le développement de son pôle en aéronautique.
«Mirabel s’étend sur une superficie de 485 km2, mais près de 90 % du territoire est zoné agricole, indique Gilbert Leblanc, directeur de Mirabel économique. Sauf qu’il y a des terres – enclavées entre l’autoroute et des secteurs résidentiels – où on ne peut rien cultiver et qui pourraient servir au développement industriel.»
Autre enjeu : la mobilité des travailleurs. Alors que la pénurie de main-d’oeuvre frappe aussi les Laurentides, les entreprises qui souhaiteraient recruter des travailleurs ou des immigrants de Montréal se butent au problème de transport collectif intermunicipal. Même si des travailleurs peuvent facilement aller à Sainte-Thérèse par train ou par autobus, ils peinent ensuite à se rendre dans les divers parcs industriels de la région.
«Nous travaillons en collaboration avec les entreprises pour mettre sur pied des services de navettes», souligne Mme Kabis. À Mirabel, la fluidité du transport passe notamment par le parachèvement de l’autoroute 13. La Ville souhaite même le prolongement du Réseau express métropolitain (REM) de Deux-Montagnes vers le site aéroportuaire. Entretemps, la Ville mise sur l’implantation, à Mirabel, d’une gare sur le trajet du train de banlieue qui relie actuellement Saint-Jérôme à Montréal.
Pôle touristique et forestier
La partie plus au nord des Laurentides, avec ses montagnes pour le ski et ses lacs, est aussi le terrain de jeu de milliers de Montréalais qui s’y rendent pour une excursion d’un jour ou pour y passer la fin de semaine dans leur résidence secondaire. «On profite grandement du tourisme», note Frédéric Houle, directeur général du Centre local de développement d’Antoine-Labelle, dont le territoire comprend notamment les villes de Nominingue et de Mont-Laurier.
Sans compter que la fibre optique arrivera finalement sur le territoire de la MRC d’Antoine-Labelle. «À l’ère de l’économie numérique, c’est essentiel pour les citoyens et les entreprises d’avoir accès à un réseau Internet haute vitesse», se réjouit M. Houle. Le réseau de fibre optique se déploiera sur 1 900 kilomètres, afin de desservir plus de 16 000 foyers et commerces répartis dans les 17 municipalités de la MRC.
L’industrie forestière y est aussi omniprésente. Si la crise du bois d’oeuvre a grandement frappé la région ces dernières années, l’industrie reprend des forces à la faveur du développement de nouveaux produits. Trois entreprises de Ferme-Neuve et de Mont-Laurier – les Exploitations J.Y.B. Papineau, la Coopérative forestière des Hautes-Laurentides et les Créations Madéro – ont récemment formé un consortium pour mettre sur pied une usine de bioproduits.
Le groupe souhaite produire de l’acide levullinique, une molécule faite à partir de bois qui se retrouve dans des produits cosmétiques, alimentaires, et dans des polymères, et qu’on utilise aussi comme additif dans le carburant diesel, en remplacement des molécules faites à partir de pétrole.
Par ailleurs, la société junior d’exploration minière Kintavar a un projet de mine de cuivre sur la propriété Mitchi, à une centaine de kilomètres au nord de Mont-Laurier.
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Population des principales villes des Laurentides en 2018
- Saint-Jérôme 77 476
- Blainville 59 756
- Mirabel 55 189
- Saint-Eustache 44 719
- Boisbriand 26 479
Source : Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec