Le projet Plateau urbain Papineau, entre autres développements, prend forme à l’entrée nord de Papineauville. (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL: OUTAOUAIS. Depuis 2012, la construction des derniers tronçons de l’autoroute 50 a favorisé la naissance de nouveaux quartiers résidentiels dans la région de la Petite-Nation. La pandémie est venue accélérer cette tendance.
On compte au moins trois projets qui prévoient la construction de plus de 200 logements au cœur de ce secteur de l’Outaouais qui s’étend de Fassett à Thurso, en passant par Duhamel et Lac-des-Plages.
La municipalité de Papineauville assiste par exemple à l’apparition d’un tout nouveau quartier qui devrait, à terme, compter 270 nouvelles portes. Baptisé Plateau urbain Papineau, ce lotissement résidentiel prend forme à l’entrée nord du village, sur le vaste terrain de 75 acres qu’a occupé l’entreprise Feux d’artifice Hands jusqu’à sa fermeture en 2004.
«Au rythme où va la construction des logements, ce développement pourrait être terminé d’ici 2025 plutôt que 2029», soutient Pier-Olivier Lavergne, président fondateur de LTL Construction, une entreprise de Chénéville, à une trentaine de kilomètres au nord.
«Juste depuis la pandémie, nous avons construit 44 logements. C’est quatre fois plus de portes que nous faisions au cours d’une seule année depuis le lancement du projet en 2016», signale le promoteur qui a acquis le terrain pour 360 000$ il y a cinq ans.
Actuellement, précise-t-il, seulement 35 acres disposent d’un zonage blanc permettant la construction d’habitation. Les 40 autres acres sont situées en zone agricole. «Cet espace pourrait éventuellement être vendu à un acheteur qui souhaite y aménager un ranch», soulève Pier-Oliver Lavergne. Il pourrait aussi devenir un vaste parc, si des habitants s’inspirent des actions d’un groupe de résident d’une autre municipalité outaouaise, Chelsea. Ceux-ci ont investi cet été 850 000$ pour acquérir 57 acres qui étaient voués à un projet résidentiel afin d’en faire un espace vert.
Des maisons en montagne
À Saint-André-Avellin, c’est le projet du Domaine Valdie qui attire l’attention depuis 2018. Aménagé sur les flancs d’une colline, ce développement de 300 acres à caractère champêtre prévoit l’ajout de plus de 200 habitations au cours des 10 prochaines années. Ici, comme le souligne un des deux promoteurs, Daniel Côté, les espaces verts font déjà partie intégrante de l’offre. En plus d’un accès au lac Charlebois voisin et à la rivière Petite-Nation, les nouveaux résidents vont bénéficier d’un sentier pédestre accessible pour la raquette et le ski de fond en hiver.
La vingtaine de terrains prévus dans la première phase ont déjà trouvé preneur pour des sommes qui varient entre 65 000 $ et 155 000 $, indique le promoteur originaire de la région. Et la vente de la vingtaine de terrains de la deuxième phase va bon train. « En fait, depuis le début de la pandémie, on vend une quinzaine de terrains par année, soit plus du double de ce que l’on vendait en 2019 », mentionne Daniel Côté. Contrairement à la première phase, dans laquelle la valeur des maisons construites par le promoteur variait entre 300 000 $ et 450 000 $, les acheteurs peuvent désormais s’autoconstruire. « Pour autant que leurs plans respectent la personnalité du projet », spécifie Daniel Côté.
Hors de portée ?
Qui sont les principaux intéressés par ces projets immobiliers ? «Ce ne sont pas des gens du coin», observe Martine Joanisse, directrice générale de la municipalité de Papineauville. Selon les derniers indicateurs de l’Observatoire du développement de l’Outaouais, à un peu plus de 40 000$, le salaire moyen annuel de la population de la MRC de Papineau — dont fait partie la Petite-Nation — se trouve sous la moyenne québécoise. Le coût des logements et des habitations récemment construits dans la région apparaît donc élevé aux yeux de la gestionnaire municipale.
Les premiers logements du nouveau quartier de Papineauville, loués à partir de 1050$ par mois, attirent actuellement à plus de 60% de jeunes professionnels qui travaillent à Gatineau. Le reste de la clientèle est composée de retraités de la région qui vendent leur maison pour adopter le mode locatif, tout en demeurant près de multiples services, avise Pier-Olivier Lavergne.
Le Domaine Valdie compte quant à lui plus de 80% de semi-retraités et de retraités de la fonction publique qui proviennent effectivement de l’extérieur de la région, notamment de la région d’Ottawa et du Grand Montréal, avance Daniel Côté.
Bien que la clientèle de ces nouveaux développements provienne essentiellement de l’extérieur de la région, il en est tout autrement pour la main-d’œuvre et les matériaux, qui sont issus à plus de 90% d’entreprise du territoire, insistent fièrement les promoteurs des deux projets. Plusieurs pièces de charpente, dont les panneaux muraux utilisés au Plateau Urbain Papineau, sont même fabriquées au siège social de LTL Construction, qui emploie plus de 25 personnes et une vingtaine de sous-traitants.
Bonne nouvelle pour l’industrie locale de la construction : un autre mégaprojet immobilier plane dans l’air sur le territoire de la Petite-Nation. Au printemps dernier, le conseil municipal de Montebello a en effet donné son accord au projet Artboria. Ce nouvel «écoquartier» — le premier du genre dans la région — prévoit la construction de 200 résidences sur pilotis au nord du village. L’objectif des promoteurs est d’attirer de nouvelles familles qui contribueront à la vie économique de la municipalité au-delà de la saison touristique.