Les deux cofondateurs de l'entreprise, Stéphanie Landry et Kevin Slama, lors de leur passage à l'émission Dragon's Den. (Photo : courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL OUTAOUAIS. Le démarrage de Live Edge Timber a été pour le moins fulgurant. Lancée sans usine ni employé à l’été 2016, l’entreprise de L’Ange-Gardien décrochait à peine quelques semaines plus tard des ententes de distribution avec les géants Lowe’s et Home Depot dans plus de 150 magasins dans tout le pays !
La clé de son succès ? « On avait le bon produit au bon moment », répond simplement Kevin Slama, cofondateur de l’entreprise avec sa conjointe, Stéphanie Landry.
La PME conçoit et fabrique des planches de bois live edge (en référence à leur rebord naturel avec ou sans écorce) qui peuvent être assemblées par les consommateurs pour devenir des tables, des bancs ou encore des comptoirs d’allure rustique.
L’idée leur est venue au moment de la construction de leur maison, alors qu’ils souhaitaient fabriquer leurs meubles. Le couple était « incapable de trouver un fournisseur qui pourrait assécher le faible volume de tranches de bois de pin brut dont on avait besoin », explique M. Slama, qui détient un diplôme d’ingénierie en technologie de fabrication avec spécialisation en soudage et en robotique.
À l’époque, les planches de bois live edge disponibles étaient très chères et importées. Lowe’s, qui exploite les bannières Rona et Réno-Dépôt, a donc vu dans leur jeune entreprise une belle occasion d’ajouter à son offre un nouveau produit local. D’autant que l’intérêt des consommateurs pour ce type de planches était grandissant.
« En 2016, lorsque nous avons pris la décision d’introduire ces produits dans nos magasins Lowe’s au pays et que nous avons analysé les produits des différents fournisseurs, nous avons tout de suite été intéressés par l’offre de produits de Live Edge Timber », commente par courriel un porte-parole de Lowe’s. Alors que la principale essence de bois offerte dans cette catégorie de produit est l’acacia – une essence provenant d’Asie – « Live Edge Timber se démarquait en offrant des produits similaires, mais aussi avec une essence locale, le pin », précise le quincaillier.
Dès la signature des ententes avec Lowe’s et Home Depot, à la mi-septembre 2016, M. Slama et Mme Landry se sont affairés à trouver du financement acheter un bâtiment, équipements et matières premières. L’entreprise a obtenu des prêts totalisant environ 1 M$ provenant notamment d’Investissement Québec, de la Banque de développement du Canada (BDC) et du Centre local de développement (CLD) des Collines-de-l’Outaouais.
La BDC n’a pas hésité à contribuer financièrement au démarrage de Live Edge Timber. « Nous avions confiance en leur capacité de concrétiser leur plan d’affaires et de livrer la marchandise », commente Jérôme Marchand, directeur, Comptes majeurs de la BDC, à Gatineau.
Manque d’espace et de personnel
Live Edge Timber devait aussi relever le défi de livrer rapidement les premières commandes. « On a démarré l’usine à la fin janvier 2017 et un mois plus tard, on expédiait des produits chez Lowe’s. On travaillait 18 heures par jour », se rappelle M. Slama.
Aujourd’hui, leurs produits sont vendus chez quelque 500 détaillants au Canada et aux États-Unis (160), auxquels se sont ajoutées les chaînes Patrick Morin au Québec, Kent au Nouveau-Brunswick et des magasins indépendants. Les revenus sont ainsi rapidement passés de 250 000 $ en 2017 à 3,5 M$ l’an dernier. Le nombre d’employés a aussi grimpé de 5 à 15.
La jeune entreprise a même fait une percée en Allemagne, où elle est distribuée depuis l’été dernier chez Obi, le plus important détaillant de bricolage d’Europe. Live Edge Timber lorgne aussi du côté de la France.
Cette croissance rapide amène son lot de défis. Faute de main-d’oeuvre et d’espace, l’entreprise peine à suffire à la demande. Pour remédier aux difficultés de recrutement, elle a investi ces derniers mois dans l’automatisation de certaines tâches répétitives.
L’entreprise, qui compte maintenant une autre petite usine et un lieu d’entreposage à L’Ange-Gardien, souhaite regrouper ses activités en un seul bâtiment et doubler sa superficie afin d’atteindre 20 000 pieds carrés.