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Gatineau a la cybersécurité dans sa mire

Pierre Théroux|Édition de février 2020

Gatineau a la cybersécurité dans sa mire

La grappe pancanadienne de l'industrie de la cybersécurité IN-SEC-M s'est entre autres implanté à Gatineau pour profiter de l'écosystème de la région de la capitale fédérale. (Photo: 123rf)

FOCUS RÉGIONAL OUTAOUAIS. Alors que les menaces informatiques qui pèsent sur les entreprises sont de plus en plus nombreuses et lourdes de conséquences, Gatineau souhaite devenir une plaque tournante dans le secteur de la cybersécurité. « Il y a des occasions à saisir et la région est déjà très bien positionnée pour jouer un rôle accru en la matière », affirme Jean Lepage, directeur général d’ID Gatineau, l’organisme de développement économique de la Ville.

Les initiatives en ce sens se sont multipliées depuis deux ans. La création, en mai 2018, du Centre d’excellence en cybersécurité, qui vise à stimuler le démarrage d’entreprises spécialisées dans ce domaine et à les accompagner, en est un exemple. Ce Centre, qui profite d’un financement de 1,5 million de dollars sur trois ans, dont quelque 750 000 $ vient du gouvernement du Québec, va aussi « soutenir davantage les activités en R-D pour faciliter l’émergence de technologies innovantes », précise Antoine Normand, président d’IN-SEC-M, qui a piloté ce projet.

Créée en 2017, IN-SEC-M est une grappe pancanadienne de l’industrie de la cybersécurité qui regroupe notamment des entreprises, des centres de recherche et des institutions d’enseignement établis aux quatre coins du pays. Elle mène des actions concertées qui visent le développement de ce secteur. « Nous devons mieux collaborer pour aller chercher notre part de ce marché en forte croissance », souligne son président, en précisant que l’organisme s’est implanté à Gatineau pour profiter de l’écosystème de la région de la capitale.

D’autant que le gouvernement fédéral est le plus important client du pays quant à l’achat de produits et de solutions en cybersécurité, et « s’apprête à investir des centaines de millions de dollars dans ce domaine au cours des prochaines années », fait valoir M. Normand. Ottawa a en effet annoncé dans son budget de 2018 qu’il dépensera plus de 500 M$ sur cinq ans dans le cadre de sa nouvelle Stratégie nationale sur la cybersécurité.

ID Gatineau et IN-SEC-M se sont par ailleurs joints à Investir Ottawa, l’organisme de développement économique de la capitale, pour lancer, en novembre 2018, une stratégie commune de marketing visant à attirer dans la région de nouveaux investissements, talents, entreprises ainsi que de nouvelles occasions d’affaires en cybersécurité.

Cette industrie regroupe plus de 90 entreprises dans la région d’Ottawa-Gatineau, parmi lesquelles BlueBear. Celle-ci conçoit et développe des logiciels criminalistiques à l’intention des services policiers. Son produit vedette, LACE, aide les enquêteurs dans la catégorisation automatisée des fichiers de preuve multimédias (images et vidéos) saisis ou confisqués. « Un enquêteur doit examiner et catégoriser des millions de fichiers. Notre logiciel lui permet de le faire en quelques heures seulement, au lieu de plusieurs mois », explique M. Normand, qui est aussi PDG de l’entreprise qui compte Interpol parmi ses client, notamment.


Un nouveau CCTT

CyberQuébec est un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié au Cégep de l’Outaouais depuis l’été 2018. Il arrive à point nommé, comme le montre la crise déclenchée par un vol de données chez Desjardins en 2019. « Avec les cyberattaques qui se multiplient, la protection des données devient un enjeu de plus en plus important pour les entreprises », note François Perron, directeur du CCTT et professeur en génie de l’électronique program-mable au Cégep de l’Outaouais. Depuis janvier, l’institution offre d’ailleurs un nouveau programme en prévention et intervention en cybersécurité.

CyberQuébec propose de l’aide technique et des services de recherche appliquée aux entreprises spécialisées dans le domaine. L’identité numérique est l’un de ses champs d’intervention privilégiés. « Le développement d’un système d’identités numériques, au lieu de l’usage de documents tels le numéro d’assurance sociale ou du permis de conduire, permettra de réduire le degré d’exposition au vol d’identité et à la fraude financière », affirme M. Perron.

L’Université du Québec en Outaouais s’affaire elle aussi à bonifier son offre de formation en cybersécurité. En plus des cours présentement offerts, elle souhaite mettre sur pied un programme court de deuxième cycle. «  La confidentialité et la sécurité des données sont aujourd’hui essentielles, indique son recteur, Denis Harrisson. Il faut se donner les outils pour contrer le piratage d’information. »