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Air Saguenay met fin à ses activités et veut vendre ses actifs

La Presse Canadienne|Publié le 27 novembre 2019

Air Saguenay met fin à ses activités et veut vendre ses actifs

Hydravion de la compagnie Air Saguenay au Saguenay (Photo: Jean Gagnon)

Confronté à des ennuis financiers en raison de la fin de la chasse au caribou et des difficultés pour s’assurer, notamment en raison de deux écrasements mortels survenus au cours des quatre dernières années, Air Saguenay cesse ses activités et met ses actifs en vente après 40 saisons.

Le président du transporter régional, Jean Tremblay, a expliqué, mercredi, au cours d’un entretien téléphonique, que les activités de la compagnie allaient cesser cette semaine et qu’il était à la recherche de repreneurs potentiels pour « certaines parties » de l’entreprise.

« J’ai déjà ciblé des acheteurs potentiels, mais au moment où je vous parle, rien n’est vendu », a-t-il dit.

Air Saguenay compte 11 bases d’hydravion et offre un accès au Nord québécois, par exemple à des endroits comme Wabush et Chibougamau grâce entre autres à ses hydravions. Une cinquantaine de personnes, comme des pilotes, des mécaniciens et des répartiteurs, vont perdre leur travail.

La compagnie, qui offre un service saisonnier, aurait normalement repris ses activités à compter de juin 2020.

Parallèlement à une poursuite déposée à la suite d’un écrasement mortel survenu l’été dernier au Labrador, M. Tremblay a expliqué que la décision du gouvernement provincial de mettre fin à la chasse sportive du caribou, en 2018, sans offrir de mesures d’accompagnement, avait en quelque sorte signé l’arrêt de mort pour Air Saguenay.

« Cette annonce, c’était pratiquement la fin d’Air Saguenay », a-t-il déploré.

Des appareils d’Air Saguenay ont été impliqués dans deux écrasements mortels au cours des dernières années. Le premier était survenu en août 2015 aux Bergeronnes, sur la Côte-Nord, et le plus récent s’est produit en juillet dernier.

La compagnie, poursuivie par la famille d’une des victimes de l’accident de juillet dernier au Labrador, est également incapable, à l’heure actuelle, de trouver un assureur.

« À l’heure actuelle, les indications font état d’un minimum de 200 pour cent d’augmentation d’assurance si on trouve un assureur, a dit M. Tremblay. On n’est même pas certain d’être en mesure de pouvoir s’assurer de nouveau l’an prochain. Cela aussi a fait partie de la décision. »

Les corps de trois des sept occupants et le fuselage de l’hydravion de Havilland DHC-2 Beaver n’ont jamais pu être retrouvés dans le lac Mistastin l’été dernier, après une fouille de plusieurs semaines menée par la Gendarmerie royale du Canada.

Sans épave ni témoin, le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a prévenu qu’il ne pourrait pas mener une enquête approfondie pour déterminer les causes de l’accident.

Dans sa requête déposée plus tôt ce mois-ci devant la Cour suprême de Terre-Neuve-et-Labrador, la famille d’une des victimes évoquait la négligence du transporteur et un manquement à ses obligations contractuelles.

La poursuite affirme également que du matériel mal entretenu pourrait avoir contribué à l’accident. On allègue aussi que la compagnie aérienne ne s’était pas adaptée aux nouvelles normes de sécurité, car aucune des victimes retrouvées ne portait de veste de flottaison. La poursuite fait ainsi référence aux modifications apportées au Règlement de l’aviation canadien le printemps dernier, mais qui n’entreront en vigueur qu’en septembre 2020.

Les allégations n’ont pas été étudiées par un tribunal.