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Garder le nord avec la Zone boréale

Maxime Bilodeau|Édition d'avril 2022

Garder le nord avec la Zone boréale

En plus des aliments incournables de la région, comme la camerise, la gourgane et la morille de feu, la production laitière occupe une grande place de l’économie régionale. (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAUX. Les Québécois ont un grand appétit pour les aliments régionaux, mais sont submergés par une offre de produits immense et de provenance internationale. Résultat: les producteurs et transformateurs de la province, notamment ceux qui sont situés au nord du 48e parallèle, peinent à se tailler une place dans l’assiette des consommateurs d’ici. C’est là que la Zone boréale, une image de marque commune élaborée par la Table agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, entre en scène.

Plus de 450 entreprises se sont jointes à cette initiative depuis son lancement en 2016. Sa stratégie se décline désormais selon les différents marchés desservis, comme la restauration, les institutions, le commerce de détail et la distribution.

Les restaurateurs membres à titre d’Ambassadeurs de saveurs s’engagent par exemple à « offrir, au fil des saisons, les saveurs typiques [du] terroir régional et à mettre en valeur les producteurs et transformateurs qui lui fournissent ces produits d’exception », lit-on sur le site de la Zone boréale.

Myriam Larouche, propriétaire d’À l’orée des champs, à Saint-Nazaire, en fait partie. « Nous avons un cahier de charges à respecter afin de garantir que l’on reflète le garde-manger régional », souligne-t-elle.

Myriam Larouche, copropriétaire, À l’orée des champs (Photo: courtoisie)

Cette contrainte a eu pour effet de créer une synergie locale. « Nous avons découvert des producteurs et des transformateurs dont on ignorait l’existence, et vice-versa », raconte-t-elle avant d’énumérer ses coups de cœur, dont les huiles de la ferme Tournevent, à Hébertville, et l’ail noir d’Ail du moulin, dans l’arrondissement saguenéen de Chicoutimi. 

 

Éléments de différenciation

Un des défis des initiateurs de la Zone boréale aura été de déterminer ce qui fait la particularité du terroir du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Sans ce travail fait en amont, impossible de se différencier vraiment de la concurrence.

« L’idée de terroir est beaucoup plus développée en Europe qu’elle l’est au Québec, explique Bénédicte Armstrong, conseillère en communication à la Table agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Comme nous avons été parmi les premiers à nous doter d’une image de marque propre à une région, il a fallu se creuser les méninges. »

C’est finalement sur la typicité boréale de la région que la stratégie de positionnement a été axée. L’isolement géographique et le climat nordique sont au cœur de cette identité qui se ressent jusque dans les aliments incontournables, voire uniques, de ce terroir, comme les petits fruits nordiques (la camerise, par exemple), les céréales d’hiver (certains types de blé) et protéagineux (la gourgane) et les produits de la forêt boréale (la morille de feu).

« La production laitière occupe une très grande place dans l’économie régionale, note Bénédicte Armstrong. Nos critères sont donc plus exigeants par rapport à cette catégorie d’aliments auprès des Ambassadeurs de saveurs. »

Les attentes envers les Marchands de la Zone boréale sont tout autres. Ces détaillants doivent favoriser la présence de produits typiques du Saguenay–Lac-Saint-Jean sur leurs tablettes (le nombre minimal demandé varie selon la grosseur du commerce).

Pour faciliter le repérage en magasin, ils ont accès à un affichage personnalisé où le logo de l’initiative, une boussole qui pointe vers le nord, est bien en vue. Des campagnes personnalisées à certaines bannières (« Vive les saveurs d’ici » chez IGA, « Boréalisez votre panier » chez Provigo…) ont aussi été déployées au fil des années. 

 

Les enfants aussi

Même des services de garde éducatifs se sont impliqués dans la Zone boréale. Nommés Petits Ambassadeurs de saveurs, ces milieux s’engagent à intégrer des aliments locaux et variés à leurs menus. Surtout, ils misent sur des activités éducatives portant sur le terroir régional afin que leurs bouts de chou rencontrent ses artisans et artisanes.

« Cette année, nous sommes allés faire l’autocueillette de patates et de carottes Aux Jardins d’Alex et Jennie, [dans le secteur] Laterrière. C’est grâce à la Zone boréale que ce genre de projet voit le jour », confirme Élyann Labrecque, directrice adjointe des garderies le Monde des enfants, le Royaume des enfants et l’Univers des poupons, toutes situées dans l’arrondissement de Jonquière, à Saguenay.

« Nous faisons ça pour les enfants, parce qu’ils sont les locavores de demain, poursuit-elle. Savoir d’où viennent les aliments qu’on mange et comment ils ont été cultivés fait partie intégrante d’une alimentation saine et équilibrée. »

D’ailleurs, le concept des Petits Ambassadeurs de saveurs est en cours de déploiement dans 16 régions du Québec. « Nous verrons, dès le printemps 2022, apparaître partout au Québec le logo du projet affiché dans des services de garde accrédités », a affirmé Katell Burot, présidente du Regroupement des tables de concertation bioalimentaire du Québec dans un communiqué.

Une preuve supplémentaire du succès de la Zone boréale.

 

À écouter aussi, notre balado au Lac-St-Jean: