«Cette diversification stabilise nos revenus, explique en entrevue Anne-Virginie Schmidt (à gauche sur la photo), qui est copropriétaire avec Anicet Desrochers (à droite de la photo). On a un atelier de savonnerie et de cosmétique, une cuisine, une ferme agrotouristique et un restaurant. C’est vraiment l’ultime valorisation des produits de la ruche.» (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAUX EN BALADO. En se diversifiant, Miels d’Anicet a non seulement réussi à assurer sa croissance, mais a aussi multiplié les collaborations avec d’autres PME de sa région, les Laurentides, au grand bénéfice de tous.
À l’origine spécialisée dans la production de miel, l’entreprise de Ferme-Neuve, au nord de Mont-Laurier, fait maintenant l’élevage de reines d’abeilles, en plus d’élaborer d’autres types d’aliments ainsi qu’une gamme de produits corporels, tout en ayant une épicerie et une table champêtre en été.
« Cette diversification stabilise nos revenus, explique en entrevue Anne-Virginie Schmidt, qui est copropriétaire avec Anicet Desrochers. On a un atelier de savonnerie et de cosmétique, une cuisine, une ferme agrotouristique et un restaurant. C’est vraiment l’ultime valorisation des produits de la ruche dans un esprit d’économie circulaire, ainsi qu’une intégration horizontale et verticale, car on fait tout nous-mêmes. »
Aider les agriculteurs
La PME compte sur une vingtaine d’employés, dont le nombre double durant la saison estivale. Son chiffre d’affaires annuel avoisine les 3 millions de dollars. Ayant commencé avec une centaine de ruches il y a une vingtaine d’années, elle en possède maintenant 1200 dispersées dans une trentaine d’endroits dans les Laurentides. On en retrouve à la ferme maraîchère Les Jardins bio du solstice, située à Mont-Laurier.
« Les abeilles vont venir polliniser nos courges, nos melons et les autres plantes, précise la propriétaire de cette ferme, Valérie Campeau. Elles font un excellent travail. C’est une belle collaboration. En plus, elles nous fournissent du bon miel, c’est très apprécié ! »
Ce partenariat s’étend aussi à la cuisine. Cette ferme biologique livre des fruits et des légumes qui seront servis au restaurant ou transformés pour faire par exemple un ketchup maison ou une sauce piquante avec des piments habanero.
« Quand vient le temps de commander les semences, on s’assoit ensemble pour planifier, ajoute l’agricultrice. Ils me disent les quantités qu’ils veulent. Durant la saison, ils prennent des surplus de nos paniers bio pour les intégrer à leur menu. »
Du pain et de l’alcool
Le sucre doré de Miels d’Anicet est aussi utilisé par des artisans de la région, comme à la boulangerie Merci la vie, de Prévost, ou dans des alcools de la cidrerie Au pied de cochon, à Mirabel.
« On dose notre cidre Manger les pissenlits par la racine avec leur miel de pissenlit, qui a des goûts rustiques et bruts tout en étant raffiné », explique le copropriétaire de la cidrerie Vincent Dion Lavallée. On aime mettre en valeur les produits québécois. C’est une question de saveur. »
« Des entreprises qui sont fortes quand on les met ensemble sur une étiquette, cela ajoute de la notoriété et du prestige, poursuit-il. Je crois que c’est important, pas seulement pour les ventes, mais aussi pour la reconnaissance. »
Partage de connaissance
À première vue, Miels d’Anicet pourrait voir Gourmet sauvage, de Mont-Blanc, comme un concurrent dans le domaine des achats cadeaux, mais les propriétaires de ces deux PME des Laurentides se sont connues hors du travail et leur amitié leur a permis de considérer les choses différemment. Dans chacune de leur boutique, elles vendent les produits de l’autre afin de compléter leur offre, car Gourmet sauvage se spécialise surtout dans la cueillette et la transformation de produits forestiers. Cette collaboration a été poussée un peu plus loin lorsque Miels d’Anicet a décidé de faire affaire avec la même agence de marketing web que son alter ego.
« Ils nous ont demandé la permission avant de choisir Asteur et j’ai dit oui, précise Ariane Paré-Le Gal, copropriétaire de Gourmet sauvage. On n’a pas tellement la même clientèle, donc il n’y a pas de risque. L’avantage, c’est qu’on peut partager nos connaissances. En marketing numérique, on est toujours en apprentissage. Il faut constamment rester aux aguets. Ce qui fonctionne pour eux peut marcher pour nous et vice-versa. »
Elle précise que les deux entreprises vont donc commander conjointement une étude sur la compétition en ligne, ce qui les fera économiser. À partir des résultats, elles pourront chacun de leur côté adapter leur stratégie web.
Favoriser le transport
Miels d’Anicet travaille aussi sur un projet qui consiste à mutualiser le transport de marchandises avec d’autres PME laurentiennes vers la région montréalaise.
« Le problème principal, c’est la livraison, car on est à 275 km de Montréal, mentionne Anne-Virginie Schmidt. C’est 6 h aller-retour. La distribution, c’est un coût important. Tous les artisans de ma région souffrent de la distance. »
Une rencontre rassemblant des PME et le Centre local de développement de la MRC d’Antoine-Labelle a récemment eu lieu afin de trouver des solutions communes pour amoindrir le problème. Dotée d’un camion, Miels d’Anicet aimerait pouvoir transporter les biens d’autres PME qui offrent des produits dans le même domaine. Ces synergies permettraient de faire baisser les coûts pour tous. Les camions seraient donc pleins en allant, mais aussi en revenant de la métropole.
En attendant, Miels d’Anicet ne comptera pas les kilomètres puisqu’elle s’attaque au marché torontois avec sa gamme de produits cosmétiques.