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Renforcer ses partenariats dans l’adversité

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑juin 2022

Renforcer ses partenariats dans l’adversité

Eric et Dany Bonneville, coprésidents des Industries Bonneville (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAUX EN BALADO. C’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses vrais amis. Durant la pandémie, le fabricant de maisons Industries Bonneville a ainsi réalisé sur quels fournisseurs il pouvait compter.

« On a vu que malgré les relations à long terme qu’on avait avec certains, on n’était pas privilégiés. On était rationné, et les prix, c’était n’importe quoi chaque semaine, raconte Dany Bonneville, coprésident du constructeur de Beloeil, en Montérégie. On a compris qu’ils n’étaient pas de vrais partenaires, qu’ils étaient seulement là pour faire la piasse vite. C’est certain qu’on s’est tourné de bord et qu’on a pris des actions pour les tasser.»

En effet, le modèle d’affaires de l’entreprise s’appuie sur une vision ancrée dans la durée, explique celui qui dirige la PME de 400 employés fondée par son grand-père Paul-Émile en 1961.

«Notre philosophie, c’est de développer des relations à long terme, dit-il. C’est comme cela qu’on a eu du succès. La pandémie nous a permis de voir l’ADN de nos collaborateurs.»

Un qui a pu le constater, c’est le Groupe Stelpro, qui fabrique des appareils de chauffage électrique. «Commencer à travailler avec les Industries Bonneville, ce n’est pas simple, parce qu’ils ont un grand respect pour leur fournisseur en place, donc ils ne changent pas facilement», souligne Yves Chabot, président de cette entreprise ayant son siège social à Saint-Bruno-de-Montarville.

Néanmoins, il y a environ cinq ans, il a réussi à convaincre Dany Bonneville de faire affaire avec Stelpro. «Bonneville aime travailler avec des entreprises québécoises, note-t-il. S’il y a un problème, Dany peut me contacter aisément. Il est proche de ses fournisseurs et c’est quelque chose qui est important pour lui. Les types de produits qu’on offrait, qui se différenciaient, l’intéressaient aussi.»

 

Mission caritative commune

Il en fallait tout de même plus pour que Stelpro gagne la confiance d’Industries Bonneville.

«Une des raisons pour lesquelles cela a cliqué avec Dany, c’est notre vision entrepreneuriale, poursuit Yves Chabot. Nous dirigeons les deux une entreprise familiale et on a à cœur la communauté.» D’ailleurs, il mentionne que «la première fois que tu rencontres Dany, tu ne le convaincs pas d’acheter ton produit, c’est lui qui te persuade de participer à une de ses fondations !»

Industries Bonneville est effectivement très engagée dans des œuvres philanthropiques, notamment avec Opération Enfant Soleil et la Société Alzheimer. La PME a également mis sur pied le Défi 808 Bonneville afin de promouvoir les saines habitudes de vie.

«Pour ma mission philanthropique, je demande l’aide de mes collaborateurs, mentionne Dany Bonneville. S’ils n’ont pas cette vision, ils ne pourront pas rester mes partenaires bien longtemps ; c’est notre devoir de redonner à la société.»

Ce discours résonne chez ses fournisseurs. «Dany m’a amené à autre niveau dans ma réflexion et mon engagement», confie Yves Chabot.

«Cela nous tient aussi à cœur, renchérit le président d’Armoires Cuisine Action, Guy Grégoire, qui livre des modules de rangement au constructeur. On contribue aux activités caritatives de Bonneville. On essaie d’évoluer avec les mêmes valeurs.» L’entreprise de Sainte-Sabine souhaite également être écoresponsable. «Si on avait des visions opposées, c’est sûr qu’on ne serait pas partenaires », constate Guy Grégoire.

 

Faire face à la pandémie

Cette collaboration caritative a ainsi préparé le terrain à des relations plus étroites durant la pandémie. «Cela solidifie les liens ; plus les gens se ressemblent et ont les mêmes façons de penser, plus cela fait de bons partenariats», déclare Annie Brault, directrice principale des ventes de Fenplast, un fabricant de portes et fenêtres de Candiac.

Les liens avec Industries Bonneville, qui remontent à plus de 20 ans, ont été mis à rude épreuve durant la crise sanitaire. L’industrie de la construction a été aux prises avec des pénuries de matériaux, des hausses rapides des prix et une rareté de main-d’œuvre, tout en ayant à répondre à une forte demande.

«L’approvisionnement a été un gros défi, observe Annie Brault. On a connu certaines difficultés, mais de part et d’autre, il y a eu une belle complicité. Comme on est un gros joueur, on a cependant pu le sécuriser.»

Les délais ont toutefois été allongés. Puisque Industries Bonneville travaille avec une chaîne de montage qui nécessite des livraisons en mode juste-à-temps, il était essentiel pour ces deux entreprises de s’harmoniser.

«On s’assurait de bien les informer, rapporte Annie Brault. On regardait si on pouvait devancer certaines commandes pour lesquelles on avait les matériaux et en repousser d’autres pour lesquelles c’était plus difficile. Globalement, on a su coordonner nos lignes de production.»

Somme toute, la COVID-19 a servi de leçons aux Industries Bonneville et à ses fournisseurs.

«La pandémie nous a fait comprendre que tu ne peux pas réussir tout seul, conclut Dany Bonneville. Même avec un grand pouvoir d’achat. Développer des relations à long terme allant bien au-delà de la vente de matériaux nous a permis de ne manquer de rien, car on est aussi fort que le maillon le plus faible de la chaîne.»