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Pas de hausse du nombre de faillites anticipée par les syndics

La Presse Canadienne|Publié le 19 juillet 2021

Pas de hausse du nombre de faillites anticipée par les syndics

(Photo: Getty Images)

FORMATION. Alors qu’Ottawa a réduit les subventions octroyées aux entreprises, laissant présager une fin prochaine, les secteurs du tourisme, de la restauration et de l’événementiel, qui ne se sont pas tout à fait remis sur pied, craignent le pire.

Mais pour ce qui est de la majorité des secteurs, la relance est bel et bien entamée, estiment des syndics en insolvabilité qui ne projettent pas une hausse de faillites galopante.

« Les plus petites entreprises risquent d’être plus touchées », prédit Michel Thibault, syndic autorisé en insolvabilité chez Raymond Chabot Grant Thornton.

« Il risque d’y avoir un léger soubresaut » également pour les secteurs de la restauration, du tourisme et de l’événementiel, pour qui les activités ne sont pas revenues à leur niveau d’avant la pandémie.

Mais la majorité des entreprises n’ont plus besoin d’aide, assure-t-il, en ajoutant que certaines auraient même des surplus de liquidités.

Il songe au secteur manufacturier ou à celui de la construction. « Quand on parle aux banques, leurs clients vont bien. Les marges de crédit sont quasiment remboursées. »

Les syndics attendent, au cours des prochains mois, une reprise économique robuste en se fiant au marché américain qui déjà reprend de la vigueur.

Vincent Sabourin, professeur titulaire de stratégie des affaires et de gestion de l’innovation à l’ESG UQAM, abonde dans le même sens, arguant « qu’en général l’économie canadienne est bien arrimée avec l’économie américaine ».

Par ailleurs, « prolonger la subvention (fédérale) pourrait avoir des effets pervers puisqu’il y aurait moins d’incitatifs à faire les ajustements nécessaires » pour adapter son commerce aux réalités du marché, comme passer au virage numérique, selon le professeur.

 

Des mesures d’aides ciblées

Les syndics interrogés s’accordent pour dire que les subventions gouvernementales ont permis aux entreprises de faire face à la crise. Or, jugent-ils, l’approche doit maintenant être revue et plus ciblée.

Comme bon nombre de ses collègues, Me Christian Lachance, avocat spécialisé en insolvabilité et restructuration financière chez Davies, suggère « des programmes taillés sur mesure en fonction de besoins plus spécifiques ».

Il comprend que lorsque « la crise est arrivée il fallait trouver rapidement une solution », mais il faut maintenant poser des conditions aux programmes d’aide, appuyer les « provinces et les secteurs qui en ont le plus besoin ».

En l’occurrence le tourisme, affligé par un deuxième été sans touristes internationaux en raison de la fermeture des frontières.

Jeudi soir, le premier ministre Justin Trudeau a laissé entendre que les frontières pourraient rouvrir en août pour les citoyens américains et en septembre pour les citoyens étrangers. Or, plusieurs acteurs de l’industrie sonnent l’alarme depuis quelques mois déjà, se désolant de voir une deuxième saison touristique sacrifiée.

Ce ne serait donc pas une bonne idée de mettre fin aux subventions d’un seul coup. « Les programmes gouvernementaux ont été extraordinaires pour éviter le pire pour une grande partie des entreprises, admet Pierre Fortin, président de Jean-Fortin et associé syndic. Mais il ne faudrait pas que vers la fin on décide de dire: on coupe. »

« Si l’aide s’arrête à l’automne avant la pleine reprise économique et la reprise des voyages, il y en a peut-être qui n’arriveront pas à passer au travers, donc le gouvernement aurait donné tout cet argent-là pour rien », ajoute M. Thibault.

« De septembre à novembre, comment ils vont faire le pont? », s’interroge-t-il.

« Si la subvention pouvait rester en vigueur pour certaines entreprises, c’est sûr que ça pourrait les sauver », ajoute le syndic en soulignant que les instances gouvernementales « ne semblent pas avoir prévu d’atterrissage en douceur ».

« Parce que parfois deux mois dans la vie d’une entreprise c’est assez pour être obligé de mettre des gens à pied, renchérit M. Fortin. C’est une question de flux de trésoreries. C’est une question de “cash flow” en bon français. Donc c’est sûr que si on coupe des rentrées de fonds rapidement? Des fois c’est une question des deux dernières semaines qui ne peuvent être payées. Si je ne peux pas payer mes employés, je n’ai plus d’employés le lendemain de la paye. Ça peut être très, très rapide. Les conséquences peuvent venir rapidement. »

Surtout dans un marché marqué par la pénurie de main-d’oeuvre, insiste M. Fortin.

À (re)lire: La formation, un remède qui soulage la pénurie de main-d’oeuvre

Pour éviter d’être pris de cours par l’arrêt des aides gouvernementales, Me Lachance suggère aux entrepreneurs « d’être proactif et ne pas attendre la fin des programmes ».

Il faut, selon lui, profiter de cette période où les créanciers sont plus cléments pour consulter des professionnels afin de restructurer son entreprise ou simplement analyser sa situation pour prendre les meilleures décisions.

Si on prend une boutique qui a connu « de bonnes ventes en ligne », on peut se demander si elle a toujours « besoin d’autant de pieds carrés pour son local », donne-t-il en exemple.

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Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.