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Mode d’emploi pour bien choisir son MBA

Anne-Marie Tremblay|Édition de janvier 2022

Mode d’emploi pour bien choisir son MBA

our sélectionner le meilleur MBA, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, estime Jonathan Khayat, directeur pour l’Amérique du Nord d’Advent Group Higher Education Services (Photo: 123RF

FORMATION MBA. Plusieurs options s’offrent aux professionnels qui décident de compléter leur parcours avec une maîtrise en administration des affaires (MBA). Voici quelques points à considérer au moment d’évaluer celles qui sont les plus intéressantes, selon sa situation. 

Pour sélectionner le meilleur MBA, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, estime Jonathan Khayat, directeur pour l’Amérique du Nord d’Advent Group Higher Education Services, qui propose différents événements en lien avec l’éducation. « Avant la COVID-19, nous organisions une centaine des salons MBA à travers le monde, puisque nous travaillons avec 250 écoles de commerces et universités à travers le monde, détaille-t-il. Au Canada, nous avions huit événements par année dans plusieurs villes, dont Montréal. » Une programmation est offerte en ligne pendant la pandémie.

Selon celui qui a aussi été directeur du recrutement et des admissions pour le programme de MBA de l’Université McGill, afin effectuer un choix judicieux, il faut d’abord se questionner sur les raisons qui motivent son inscription. « Environ la moitié des étudiants passent par le MBA pour changer de carrière, estime-t-il, alors que les autres ont plutôt en tête de lancer leur entreprise ou d’évoluer dans leur propre organisation. »

Une fois cet objectif identifié, il sera plus facile de déterminer le meilleur cheminement, et la concentration la plus intéressante, pour soi. Ainsi, un scientifique préférera peut-être un MBA plus traditionnel axé sur la gestion d’entreprise, alors qu’un cadre du domaine de la santé pourrait opter pour une concentration en administration publique.

 

Les particularités du parcours

Au-delà du contenu enseigné, plusieurs programmes ont développé des offres particulières, comme des séjours à l’étranger, des stages ou des mandats de consultation en entreprise. D’autres offrent aux gestionnaires la possibilité de s’inscrire à des cours à la pièce, dont certains peuvent ensuite être crédités dans le cadre d’un MBA. Ces particularités peuvent influer sur le choix final.

Jonathan Khayat suggère aussi de vérifier si l’université convoitée a des liens avec certaines entreprises actives dans son domaine d’intérêt. 

Les futurs étudiants devraient également vérifier le mode proposé par l’institution (en dehors des périodes confinement), ajoute Kevin J. Johnson, directeur du programme de MBA à HEC Montréal. « On mise beaucoup sur l’apprentissage par les pairs, c’est central dans notre programme et dans l’expérience HEC », illustre-t-il. Les étudiants à temps partiel peuvent ainsi choisir entre un enseignement en classe ou hybride, qui combine cours en ligne et rencontres.  

 

La distance 

La distance à parcourir pour se rendre en classe pèse aussi dans la balance. Surtout si, comme Karine Gauthier, vous avez de jeunes enfants. « Je me suis inscrite au MBA de l’Université de Sherbrooke parce qu’il était offert au campus de Longueuil, à 10 minutes de chez moi, raconte-t-elle. Cela m’a permis de passer moins de temps en déplacements. » Une option disponible dans plusieurs universités ayant des antennes régionales, comme l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui propose aussi son programme pour cadres dans son campus de Laval et l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) qui offre aussi son MBA à Drummondville et à Vaudreuil-Dorion. 

 

Le coût

Au Québec, le coût des études supérieures demeure relativement abordable par rapport aux États-Unis et même au reste du Canada, souligne Jonathan Khayat. Toutefois, les variations peuvent être importantes d’une institution à l’autre, allant de 5 000 $ à près de 85 000 $. 

Dans le cas des MBA destinés aux cadres en exercice, les coûts d’inscription sont plus élevés, pouvant même frôler les 100 000 $. 

Il est utile d’informer son employeur de son projet, car certains sont prêts à rembourser une partie des frais de scolarité de leurs employés.

 

Prendre le temps de comparer

Avant de jeter son dévolu sur un établissement et un programme, Jonathan Khayat suggère de visiter les sites internet des universités ou même de contacter des diplômés par LinkedIn pour leur demander leur appréciation de leur parcours. « En général, ils sont heureux de partager leur expérience », fait-il remarquer.  

À son avis, les salons MBA d’Advent Group constituent également un bon point de départ pour comparer l’offre, puisqu’elle réunit plusieurs établissements à travers le monde. « On peut aussi regarder les différents classements mondiaux, comme celui de Bloomberg Businessweek », ajoute-t-il. 

Bref, pour Jonathan Khayat, le choix de son MBA n’est pas une décision à prendre à la légère. « C’est plus cruel que le mariage, car vous n’aurez pas de seconde chance si vous vous êtes trompé », lance-t-il avec humour.  

 

Métro, boulot, enfants, travaux scolaires : quand un cadre ou un dirigeant se lance dans une maîtrise en administration des affaires (MBA), c’est toujours en parallèle de sa vie professionnelle, mais également familiale. Comment jongler avec tous ces aspects et garder l’équilibre ? Témoignages et conseils. 
Maman de trois enfants, Karine Gauthier a obtenu son MBA de l’Université de Sherbrooke en décembre dernier, après quatre ans d’études à temps partiel. « L’une de mes filles m’a dit que ça allait être un cadeau de Noël pour elle ! Mes enfants sont conscients que c’était important pour moi, mais ils avaient très hâte que ça finisse », raconte cette ingénieure, aujourd’hui chef des études d’automatismes et de la protection à Hydro-Québec. 
Une anecdote qui démontre à quel point ce genre décision touche toute la famille. Pour qu’elle soit couronnée de succès, il faut donc s’assurer d’avoir l’appui de son entourage, souligne Karine Gauthier. Surtout que ses enfants avaient 3, 5 et 7 ans lors de son inscription. « Avant de commencer le MBA, mon conjoint et moi avons réfléchi : on savait que c’était un projet qui allait avoir un impact sur toute la famille et qu’il devrait s’occuper davantage de la routine pendant mes cours et durant les travaux. Et ce, pendant une bonne période de l’année, puisqu’il y a trois sessions réparties sur 12 mois. » Et il a répondu présent.
Même son de cloche du côté de Judith Neveu. Un samedi sur deux, la résidante de la Rive-Nord se levait à 4 h 30 du matin afin d’arriver à temps pour ses cours qui commençaient à 8 h dans les locaux de l’Université Laval, à Québec. Durant deux ans. Une aventure impossible sans l’appui de sa famille et de son conjoint, qui prenait le relais pour le ménage, l’épicerie et le lavage. « Quand je revenais, vers 7 h 30 ou 8 h le soir, il ne restait qu’à souper en famille, se souvient-elle. Et mon dimanche était libre. » 
Judith Neveu a toutefois attendu 2018, alors que ses enfants avaient atteint l’âge de 11 et 13 ans et qu’elle occupait le poste de directrice marketing au Groupe Maurice, avant de s’inscrire au programme de MBA pour cadres en exercice, près de 15 ans après son baccalauréat par cumul en marketing et gestion. « Ce parcours m’a toujours intéressée, car j’avais déjà l’ambition de devenir vice-présidente, mais quand j’ai terminé mes études, on m’a plutôt conseillé de prendre de l’expérience avant de poursuivre au MBA. Quand mes enfants étaient au début du secondaire, j’y ai vu une fenêtre d’opportunité. », raconte celle qui est depuis peu vice-présidente marketing à EMD-Batimo.
Une organisation sans faille
Même si ses enfants étaient plus grands, il fallait une discipline de fer pour tout concilier, assure Judith Neveu. « J’ai dû dire au revoir à la lecture de romans ou magazines pendant cette période, illustre-t-elle. Je me vois encore en train de plonger dans mon livre de finances pendant que je prenais un bain chaud ! » Elle arrivait aussi trente minutes plus tôt au bureau le matin pour s’avancer dans ses travaux scolaires. Toutefois, le souper en famille est resté une tradition. « Puis, le soir, tout le monde vaquait à ses occupations. Souvent, on s’installait tous à la table pour faire nos devoirs. »
Karine Gauthier a aussi mis une croix sur le ski alpin, un sport qu’elle adore, pendant son parcours. « J’ai dû réaligner mes priorités, affirme-t-elle. Avant, il m’arrivait d’aller au resto pour rejoindre des amis. Pendant mes études, ma priorité était les enfants, le travail et le MBA. Je gardais donc cette vie sociale pour entre les sessions. Autrement, mes sorties, c’étaient mes cours. Mais c’était très stimulant. » 
Il faut aussi maximiser son horaire, ajoute-t-elle. Ainsi, chaque petit moment est bon pour s’avancer dans ses lectures. Pour gagner en efficacité, l’ingénieure a troqué l’entraînement au YMCA pour de la course à pied et s’est tournée vers le service de traiteur pour les lunchs de ses enfants. « On ne peut pas inventer des heures. Il faut donc optimiser le temps qu’on a et déléguer quand c’est possible. »
Les deux femmes sont fières d’avoir persévéré, malgré la charge importante. « Au moment où je me suis inscrite, ma patronne avait elle-même fait le même cheminement et m’a beaucoup encouragée à me lancer, se rappelle Judith Neveu. Aujourd’hui, c’est une de mes collègues qui a fait de même, inspirée par mon parcours. » La preuve selon la vice-présidente qu’il est possible de tout concilier. « C’est beaucoup d’organisation et de sacrifices, mais la fierté de l’accomplissement en vaut tellement la peine. »