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MBA et PME, des lettres qui vont de mieux en mieux ensemble

Anne-Marie Tremblay|Édition de janvier 2020

MBA et PME, des lettres qui vont de mieux en mieux ensemble

(Photo: 123RF)

FORMATION MBA POUR CADRES ET DIRIGEANTS. Créés au tournant du 20e siècle pour aider les scientifiques, notamment les ingénieurs, à acquérir des compétences en gestion, les programmes de maîtrise en administration des affaires – le célèbre MBA – s’ajustent depuis à la demande estudiantine. Et celle-ci penche de plus en plus vers les PME.

«Il y a vingt ans, quand quelqu’un avait des velléités entrepreneuriales, on lui disait : « Va faire un MBA, ça va te passer. » Aujourd’hui, c’est tout le contraire !», constate avec humour Louis Hébert, directeur du programme de MBA de HEC Montréal et codirecteur pédagogique de l’EMBA McGill-HEC Montréal. Il évalue qu’«entre 20 % et 30 % des étudiants au MBA ont des projets entrepreneuriaux à court ou à long terme».

Ce programme constitue d’ailleurs un lieu parfait pour dénicher un partenaire d’affaires, fait valoir le directeur qui a récemment rencontré des diplômés ayant acquis une entreprise en duo. «On voit de plus en plus ce genre de projets, qui permettent de miser sur les forces de chacun.»

Même si HEC Montréal n’a pas développé une concentration consacrée spécialement à l’entrepreneuriat, M. Hébert estime que ses diplômés ont tout en main pour réaliser leur projet de PME. «Quoi de mieux pour devenir entrepreneur que d’avoir des cours en finance, en marketing, en innovation ? C’est ce que propose notre programme, en plus d’offrir des cours à option sur le sujet.»

D’autres institutions offrent également des formations pratiques pour aider les futurs entrepreneurs à concrétiser leur idée. C’est le cas de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM, qui propose depuis 2017 aux étudiants au MBA pour cadres deux cours optionnels en collaboration avec l’École de technologie supérieure (ÉTS). Cette option, intitulée «Innovation et entrepreneuriat», se déroule en mode incubateur, ce qui permet aux étudiants de simuler la création d’une entreprise.

De son côté, l’Université Laval vient tout juste d’ajouter une concentration en entrepreneuriat et gestion de PME à son programme. «Il y avait une demande des étudiants, et nous trouvions important d’offrir un programme avec, comme trame de fond, le fonctionnement de la PME, sa création, ses spécificités», indique Maripier Tremblay, professeure agrégée en entrepreneuriat et responsable académique de la maîtrise.

L’université a donc réuni tous les cours offerts en option sur le sujet dans un seul parcours, en plus d’adapter son contenu aux différentes réalités entrepreneuriales. Car si les fonctions d’une entreprise restent les mêmes peu importe sa taille, la façon de la gérer sera influencée par son envergure. «Les grandes entreprises disposent de beaucoup de ressources pour organiser leurs campagnes de marketing, ce qui n’est pas le cas pour les PME, illustre-t-elle. Leurs gestionnaires doivent donc innover pour trouver les stratégies les moins coûteuses pour se faire connaître et pour faire connaître leurs produits.»

Même son de cloche du côté de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), qui propose plusieurs cheminements au MBA, dont un en gestion des PME et un autre en gestion de l’innovation dans les PME. Des programmes qui permettent de comprendre les rouages de l’entrepreneuriat, estime le directeur du MBA à l’école de gestion, Frédéric Laurin. «Près de 70 % des processus dans les PME comptant moins de 50 employés sont influencés par l’entrepreneur, estime-t-il. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons développé des cours portant sur la psychosociologie des PME et de l’entrepreneuriat.»

Répondre à la demande en entrepreneuriat

Offerts dans les campus de Trois-Rivières, de Vaudreuil-Dorion et de Drummondville, ces cheminements tirent leur originalité du fait qu’ils ont été créés pour répondre à la demande du milieu. Ils sont de plus bonifiés grâce aux travaux menés au sein de l’Institut de recherche sur les PME, affilié à l’UQTR. «Cela nous permet d’avoir accès à des études de cas menées avec les entreprises du milieu ainsi qu’à des banques de données exclusives», précise M. Laurin.

De son côté, l’Université du Québec en Outaouais (UQO) a intégré une concentration portant sur l’entrepreneuriat dès la création de son MBA, en 2016. C’est aujourd’hui le plus populaire de ses quatre parcours, selon la responsable du programme, Julie Bérubé. Inspiré d’une pratique de l’Université Harvard, ce cheminement réunit des personnes de différents profils sous une double base d’admission. «Nous tentons de favoriser les échanges entre les étudiants qui arrivent du baccalauréat, donc qui ont de bonnes connaissances théoriques, et les candidats d’expérience», explique la professeure en management et en entrepreneuriat en soulignant qu’il s’agit d’une façon d’enrichir le cheminement de chacun.

Au final, ces différents programmes et cours optionnels permettent aux étudiants de mieux comprendre l’écosystème des PME tout en leur fournissant un maximum d’outils qui leur permettront d’en gérer une, qu’ils en soient ou non les dirigeants. «La grande majorité des entreprises, au Québec, sont des PME, conclut Mme Tremblay. Ce qui veut dire que la majorité de nos diplômés vont y travailler.»

 

96 444 $

Les étudiants ayant obtenu un MBA à HEC Montréal gagnent en moyenne 96 444 $, selon les données de l’Université de Montréal.