(Photo: 123RF)
Endettée jusqu’au cou et privée de représentations depuis des mois par la pandémie de coronavirus, la troupe canadienne du Cirque du Soleil a annoncé lundi un accord pour son acquisition par ses actionnaires actuels, dans le cadre d’une restructuration sous supervision des tribunaux prévoyant sa mise en vente aux enchères.
Traînant une dette de plus de 1 milliard de dollars américains, le groupe a demandé la protection des tribunaux contre ses créanciers pour se restructurer en même temps qu’il faisait part d’un accord pour son acquisition par ses actionnaires actuels, aidés par le gouvernement du Québec, en vue de sa vente aux enchères dans 45 jours.
La demande de protection contre les créanciers doit être entendue mardi par la Cour supérieure du Québec. Si elle est acceptée, l’entreprise demandera sa reconnaissance provisoire immédiate aux États-Unis en vertu du chapitre 15 de la loi américaine sur les faillites.
« Cela permet aux gens qui veulent reprendre l’entreprise de se manifester », a dit à l’AFP Daniel Lamarre, PDG du Groupe Cirque du Soleil, ajoutant que cinq à six groupes, canadiens comme étrangers, s’étaient montrés intéressés.
Fin mai, le fondateur et ancien patron du Cirque du Soleil Guy Laliberté a annoncé son intention de racheter l’entreprise, ajoutant vouloir garder le siège social à Montréal et conserver une équipe de direction québécoise.
« En même temps, nos actionnaires actuels, avec l’aide d’Investissement Québec », bras du gouvernement québécois, ont déposé « une proposition » d’achat, a indiqué M. Lamarre. Et ces derniers disposeront d’un droit de préemption, a-t-il précisé.
Avenir assuré
« C’est pour ça que je peux garantir aujourd’hui l’avenir du Cirque, parce que eux (les actionnaires) se sont engagés à réinvestir 300 millions de dollars américains pour assurer la survie de l’entreprise », a expliqué M. Lamarre.
Cette « convention d’achat » conclue avec les fonds américain TPG et chinois Fosun, ainsi que la Caisse de dépôt et placement du Québec prévoit l’acquisition de la quasi-totalité des actifs du Groupe Cirque du Soleil au comptant et par endettement.
De la somme totale, Investissement Québec fournira un financement par emprunt de 200 millions de dollars américains pour appuyer l’acquisition proposée. La convention prévoit notamment que les créanciers garantis du Cirque du Soleil recevront une participation en actions de 45 % dans l’entreprise restructurée, contre 55 % pour les actionnaires actuels.
Le fonds privé américain TPG détient actuellement 55 % du capital, contre 25 % pour le fonds chinois Fosun — propriétaire du Club Med et de Thomas Cook — et 20 % pour la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Près de 3 500 licenciements
L’accord prévoit également la création de deux fonds totalisant 20 millions de dollars américains pour offrir une aide supplémentaire aux employés touchés et aux entrepreneurs indépendants du cirque.
Le Cirque a annoncé le licenciement de près de 3 500 des quelque 4 600 acrobates et techniciens qu’il avait mis au chômage technique en mars avec l’annulation d’une quarantaine de productions dans le monde, de Las Vegas à Tel Aviv en passant par Lyon, Moscou ou Melbourne.
Le Cirque du Soleil a l’intention de réembaucher la majeure partie des employés licenciés dès que les conditions le permettront, a-t-il assuré.
« La convention d’achat établit le prix plancher, ou l’offre minimale acceptable, pour une vente aux enchères de la société sous la supervision de la Cour en vertu du processus de vente et de sollicitation d’investissement, conçu pour obtenir la valeur la plus élevée possible ou la meilleure offre pour le Cirque et ses parties prenantes », a précisé l’entreprise.
« Tous les engagements » pris par les actionnaires actuels « sont fermes, le financement requis a été obtenu et la soumission n’est assujettie à aucune condition de vérification diligente additionnelle », ont-ils indiqué dans un communiqué séparé.
L’offre « fournira au Cirque du Soleil les capitaux et les ressources nécessaires pour stabiliser et relancer l’entreprise », tout en préservant « le caractère québécois de la marque » fondée dans la province francophone en 1984.