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Cessions de modèles de trains et d’installations de production, dont une usine en France : Alstom s’est dit prêt jeudi à faire des concessions pour convaincre la Commission européenne de le laisser mettre la main sur son concurrent canadien Bombardier Transport.
Le constructeur ferroviaire français souhaite créer un ensemble capable d’affronter le chinois CRRC, numéro un mondial, et le nouvel ensemble emploierait environ 76 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 15,5 milliards d’euros.
Afin de laisser de la place à ses rivaux, Alstom compte proposer plusieurs mesures à la Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe : « Pour répondre aux préoccupations initiales de la Commission européenne, Alstom (…) annonce aujourd’hui son intention de soumettre un certain nombre d’engagements », indique le groupe dans un communiqué.
Il propose notamment de céder les trains Coradia Polyvalent produits par Alstom pour le marché français — appelés Regiolis par la SNCF — ainsi que son site de production de Reichshoffen, situé en Alsace.
Ces trains seraient concrètement fournis par un nouvel acteur, si la Commission est d’accord et si le groupe trouve un acheteur. Alstom a déjà livré plus de 300 de ces trains, essentiellement des TER, l’usine de Reichshoffen ayant un plan de charge assuré jusqu’en 2024.
Alstom se dit également prêt à vendre la plateforme Bombardier Talent 3 — des automoteurs vendus en Allemagne et en Autriche — ainsi que « des installations de production correspondantes situées sur le site de Hennigsdorf », une vénérable usine à la périphérie de Berlin.
La société fournira également « un accès à des tiers à certaines interfaces et produits des différentes unités de signalisation embarquée de Bombardier Transport et de systèmes de gestion du contrôle des trains ».
Enfin, le nouvel ensemble mettrait l’accent sur les trains à grande vitesse d’Alstom (les TGV), après avoir transféré la contribution de Bombardier Transport, les trains à grande vitesse V300 Zefiro (les Frecciarossa 1000 qui circulent en Italie).
Cette série d’engagements est soumise à l’approbation de la Commission européenne, précise Alstom, pour qui l’acquisition de Bombardier Transport « reste en bonne voie » pour une finalisation au premier semestre 2021.
Quasi-monopole en France
« Les discussions avec l’Europe se passent bien et nous avons d’ores et déjà sécurisé le financement », avait commenté le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, lors de la présentation des résultats du groupe français le 12 mai.
Alstom avait notifié le mois dernier son projet de rachat de son concurrent Bombardier Transport pour 6 milliards d’euros à la Commission européenne, qui a jusqu’au 16 juillet pour un premier examen de l’affaire.
Les deux groupes disposent d’un quasi-monopole sur le matériel roulant en France, où ils collaborent régulièrement comme sur le métro et le RER de Paris.
La menace de la concurrence chinoise avait déjà été évoquée pour justifier la reprise d’Alstom par Siemens, une opération qui avait été bloquée en février 2019 par la Commission européenne, qui craignait une position trop dominante en Europe dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.
Basé à Berlin, Bombardier Transport, a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 8,3 milliards de dollars américains, terminant l’année avec un carnet de commandes de 35,8 milliards de dollars (33 milliards d’euros).
Cette branche de Bombardier, détenue à 32,5 % par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), dispose notamment à Crespin (Nord) de la plus grosse usine ferroviaire de France, avec 2 000 employés.
De son côté, Alstom exploite de nombreux sites plus petits. Le constructeur a bouclé son exercice 2019-20 (clos fin mars) avec un chiffre d’affaires de 8,2 milliards d’euros, son carnet de commandes culminant à 40,9 milliards d’euros.
La crise du coronavirus devrait avoir un impact sur l’exercice en cours, mais le groupe estime disposer d’une trésorerie suffisante pour y faire face. Surtout, cette crise n’a pas entamé sa motivation à reprendre son concurrent.
Les syndicats d’Alstom s’étaient donné, quant eux, jusqu’au 30 juin ou « début juillet » pour rendre leur avis sur le projet de rachat.