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Le groupe américain Uber, qui cherche à compenser l’effondrement de son activité de transport de voyageurs depuis le début de la pandémie, mise sur les livraisons de repas à domicile en rachetant l’application Postmates pour 2,65 milliards de dollars (2,34 milliards d’euros).
Pour compléter les services de sa propre filiale Uber Eats, il avait déjà essayé au printemps de prendre le contrôle d’une autre plateforme américaine plus importante, Grubhub. Mais les discussions avaient achoppé sur le prix.
Le géant des voitures de tourisme (VTC) essaie ainsi de parvenir plus rapidement à la rentabilité : au premier trimestre, il a encore accusé une perte de 2,9 milliards de dollars (2,6 M EUR au cours actuel), et a licencié environ un quart de ses salariés en mai.
Mais Uber Eats a profité des mesures de distanciation sociale et de confinement, avec un chiffre d’affaires en hausse de 53 % à 819 millions de dollars de janvier à mars.
Même si ce dernier ne représentait alors qu’une portion encore maigre des 3,5 milliards de recettes accumulées en tout, Uber fait le pari de son développement.
« Dans le monde, l’écosystème des livraisons de repas est important, dynamique, très concurrentiel et en pleine croissance », a souligné lundi lors d’une conférence téléphonique le patron d’Uber, Dara Khosrowshahi.
« Les consommateurs et les restaurants avaient déjà commencé à se tourner vers les livraisons avant le Covid-19, mais la pandémie a accéléré cette tendance et a attiré de nouveaux consommateurs et restaurants, dont beaucoup n’avaient jamais envisagé la possibilité de se faire livrer à manger », a-t-il ajouté.
Pour les y inciter, les applications ont offert des promotions importantes.
Selon des résultats préliminaires, les commandes d’Uber Eats ont plus que doublé au deuxième trimestre par rapport à l’année précédente.
DoorDash, Grubhub, EatStreet
Les applications de livraison de repas et de courses, qui permettent aux clients de se faire livrer à domicile de l’alimentation rapidement et pour un coût modéré, ont rapidement grandi ces dernières années.
Elles ont profité des larges financements de sociétés d’investissement ainsi que de la présence de nombreux livreurs, à vélo, en scooter ou en voiture.
Créé il y a neuf ans, Postmates peinait toutefois à résister aux États-Unis face à ses multiples rivaux comme DoorDash, GrubHub, Uber Eats, EatStreet ou Delivery.com.
Uber avait approché en mai la plateforme américaine de livraison de repas Grubhub.
Mais c’est le groupe anglo-néerlandais Just Eat Takeaway qui l’avait finalement avalée, dans une transaction par actions évaluée à 7,3 milliards de dollars.
Just Eat Takeaway, fruit d’une récente fusion entre le britannique Just Eat et le néerlandais Takeaway, entend s’imposer face au Britannique Deliveroo et à Uber Eats dans ce paysage en pleine consolidation.
Uber prévoit pour sa part de continuer à faire fonctionner séparément l’application Postmates.
Mais avec la combinaison des deux plateformes, les consommateurs bénéficieront d’un plus grand choix de restaurants et de marchands tandis que les livreurs se verront proposer plus de courses à effectuer, assure le groupe.
Les activités des deux entreprises sont complémentaires avec des zones géographiques et des clientèles différentes, affirme Uber qui met aussi en avant les liens solides noués par Postmates avec les restaurants de petite et moyenne taille.
Uber espère par ailleurs pouvoir faire l’équivalent de 200 millions de dollars d’économies en rapprochant les deux plateformes.
Son action bondissait d’environ 5 % dans les premiers échanges à la Bourse de New York.
La transaction doit encore recevoir le feu vert des autorités, notamment celles de la concurrence, mais Uber espère la finaliser au premier trimestre 2021