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La moitié des PME agissent contre les changements climatiques

Dominique Talbot|Publié le 06 Décembre 2023

32% des entreprises sondées «n’ont rien fait et n’ont pas l’intention d’agir».

Même si elles représentent plus de 95% des entreprises au Canada, seulement la moitié des PME du pays disent avoir déjà pris des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, démontre une étude de la Banque de développement du Canada (BDC) publiée mercredi.

Parmi les 1784 propriétaires d’entreprises et de responsables des décisions sondées le printemps dernier au sujet de leurs actions climatiques, 50% des entreprises affirment agir concrètement, révèle la BDC.

Cela représente le verre à moitié plein. Mais dans une perspective de verre à moitié vide, 18% des répondants «n’ont encore rien fait, mais ont l’intention d’agir dans les cinq prochaines années», et 32% «n’ont rien fait et n’ont pas l’intention d’agir».

Toujours selon la BDC, les PME sont responsables de 52% des émissions totales des entreprises et de 41% des émissions totales au Canada.

«La carboneutralité n’est tout simplement pas possible sans les propriétaires d’entreprises du Canada, et la bonne nouvelle est que la plupart de ces personnes ont déjà commencé à prendre des mesures en faveur d’une économie plus verte», dit Sandra Odendahl, première vice-présidente et lead, Développement durable, diversité et partenariats de BDC.

En entrevue avec Les Affaires, le vice-président, Recherche et économiste en chef à la BDC, Pierre Cléroux, affirme que pour «les entreprises qui ont posé des gestes, un des avantages, c’est la réduction des coûts. En posant des gestes d’efficacité énergétique, par exemple, on réduit nos coûts d’énergie. On réduit les pertes.»

 

Contexte économique difficile

À propos des résultats de l’étude, Pierre Cléroux explique que 26% des entreprises les plus proactives pour réduire leur empreinte carbone «ont connu une croissance annuelle moyenne de 10% ou plus lors de l’année écoulée». Et d’ajouter que la période moyenne pour récupérer les investissements est de 16 mois.

Évidemment, le contexte économique actuel n’aide pas les entreprises qui voient leurs finances être sous tension. La BDC l’a bien constaté auprès des personnes ayant participé à son étude.

«C’est un défi supplémentaire. On sent bien le ralentissement économique au Québec et au Canada. Dans le sondage, quand on demande aux gens ce qui les empêche [de prendre des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre], la situation économique ressort comme argument numéro un. Donc c’est certain que cela représente un défi supplémentaire», affirme Pierre Cléroux.

«Il y a des façons de démarrer qui demandent moins d’investissements. Et je ne crois pas que le ralentissement économique va durer très longtemps. À partir du milieu 2024, les taux vont commencer à baisser et cela permettra plus de dynamisme dans l’économie», ajoute-t-il.

Selon l’économiste en chef, qu’importe le contexte, les PME n’auront d’autres choix que poser des actions concrètes en lien avec leurs émissions de gaz à effet de serre, ne serait-ce que pour garder leur place dans les chaînes d’approvisionnement. Car les grands donneurs d’ouvrage, souligne-t-il, «ont beaucoup de pression pour réduire leurs émissions de carbone. Et une façon de faire, c’est par rapport à leur chaîne d’approvisionnement».

«Ces 32% d’entreprises [qui ne comptent rien faire] doivent réaliser que si elles veulent faire partie des chaînes d’approvisionnement, elles doivent prendre des actions pour réduire leur empreinte carbone, parce que les grandes entreprises ont des exigences sociales et de gouvernance. […] On ne pourra pas ignorer cet enjeu dans le futur, que l’on soit une petite ou une grande entreprise. C’est clair que le virage est pris et que tout le monde devra le prendre. Si vous voulez continuer d’avoir du succès, il faudra prendre ce virage.»