GESTION DE PATRIMOINE. Comment répondre aux attentes élevées des différents investisseurs après une année faste en Bourse, tant sur les marchés américains que canadiens ?
«On observe un plus fort intérêt des gens pour l’investissement quand les marchés boursiers sont en hausse que lorsqu’ils chutent. Il y a évidemment une explication psychologique à cela», dit Simon Houle, gestionnaire de portefeuille au groupe Onyx, IA Gestion privée de patrimoine.
Selon lui, les investisseurs ont toutefois raison d’anticiper une bonne année, alors que les banques centrales sont en voie de réussir un atterrissage économique en douceur. «L’inflation est en baisse et on peut s’attendre à des réductions de taux successives, ce qui devrait dynamiser le marché.» Mais que les attentes soient élevées ou basses, l’idée maîtresse est selon lui de gérer son portefeuille en fonction de ses objectifs financiers. «C’est de la gestion du risque dont il s’agit», dit-il.
«Quand on investit avec un objectif à long terme, il faut être conscient qu’il y aura de bonnes et de moins bonnes années», souligne le vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard Allard et Associés, Alexandre Legault. L’an dernier en fut une très bonne avec des rendements dans les deux chiffres — en partie à cause des sept magnifiques. Mais le passé n’est pas garant de l’avenir. «Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas nécessairement. C’est une année électorale aux États-Unis et il y a des inquiétudes géopolitiques à l’échelle mondiale. Il y aura donc encore de la volatilité entre l’offre et la demande sur le marché des valeurs mobilières.»
«Les gens veulent des certitudes pour savoir sur quel pied danser, c’est propre à l’être humain», explique Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret. Il rappelle que cette variabilité des marchés boursiers, ce risque inhérent ou cette incertitude, est la raison pour laquelle le marché des actions surpasse le rendement des autres catégories d’actifs.
Il constate que les investisseurs sont heureux d’avoir dépassé les sommets boursiers de la fin de 2021, mais que, bombardés d’information, ils sont plus que jamais à l’affût de ce qui pourrait dérailler. «Nul ne peut prédire dans quelle direction la Bourse va s’orienter à court terme. Moi, mon rôle, c’est de les préparer à faire face à toutes les éventualités.»
La recette reste la même, selon Vincent Fournier, mais tout le monde n’est pas prêt à la suivre. «Chaque investisseur traîne son lot de biais d’investissement. Notre rôle est de les recentrer sur leur plan de match.» Ce plan se résume à détenir un portefeuille équilibré, à ne pas essayer de synchroniser le marché, à rester investi en tout temps et à savoir saisir les occasions quand elles se présentent. «C’est simple jusqu’à que ce les émotions se mettent de la partie», dit-il.
Alexandre Legault recommande d’éviter les visions à courte vue et rappelle que la Bourse opère comme un encan. «Selon le moment où tu prends la photo, tu peux avoir un portrait totalement différent.» C’est ce qui s’est passé en 2023, notamment. «Il y a eu des périodes où ce n’était pas rose, et lorsque la Réserve fédérale américaine a laissé entendre que les hausses de taux étaient terminées, ç’a été le point d’inflexion et le vent a tourné.» Il rappelle que la valeur d’une entreprise aujourd’hui équivaut à la valeur actuelle de ses profits futurs.
Pour le gestionnaire, ce qui devrait réconforter un client ou des gestionnaires, c’est de pouvoir compter sur un portefeuille constitué d’entreprises de qualité qui répondent à un besoin de façon profitable qui va continuer d’exister. «Si tu es actionnaire après avoir acquis tes participations à un prix raisonnable, tu vas avoir un bon rendement sur ton capital investi et cela va contribuer à t’enrichir à long terme.»