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Intérêts composés: un levier pour vos actifs et vos passifs 

Institut de planification financière|Publié à 16h46

Intérêts composés: un levier pour vos actifs et vos passifs 

Après 5 ans, combien pensez-vous que vous auriez dans un compte si vous laissiez 100$ y fructifier? (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Dans le texte Les trois incontournables de la littératie financière, j’ai traité des trois questions incontournables de la littératie financière (les BIG  3). Il existe aussi un BIG 5, avec deux questions supplémentaires. Cet article traite de la question 4, dont voici ma traduction libre:

Un prêt hypothécaire sur 15 ans nécessite généralement des versements mensuels plus élevés qu’un prêt hypothécaire sur 30 ans, mais le total des intérêts payés sur la durée du prêt sera inférieur.

  1. Vrai
  2. Faux
  3.  Je ne sais pas
  4. Je préfère ne pas répondre

Cette question mesure la capacité de comprendre l’effet des intérêts composés sur les dettes. Elle est en quelque sorte la face opposée de la première question du BIG 3, qui traite des rendements composés sur les placements (la question 1 est «Supposons que vous disposiez de 100$ dans un compte d’épargne et que le taux d’intérêt est de 2% par an. Après 5 ans, combien pensez-vous que vous auriez dans ce compte, si vous laissiez l’argent y fructifier?»).

En effet, la magie des intérêts composés s’applique autant sur un actif qu’un passif, comme le démontre le tableau suivant. On y compare la croissance d’une épargne de 10 000$ à un remboursement accéléré du même montant sur une dette.

  Épargne Remboursement accéléré d’une dette
Année5,0%Intérêt annuel5,0%Intérêt annuel économisé
0 10 000$                   – $ 10 000$                     – $
1 10 500$                500$ 10 500$                  500$
2 11 025$                525$ 11 025$                  525$
3 11 576$                551$ 11 576$                  551$
4 12 155$                579$ 12 155$                  579$
5 12 763$                608$ 12 763$                  608$

Avec un taux d’intérêt de 5%:

  • Une épargne de 10 000$ produira 500$ d’intérêts en un an, pour une valeur totale de 10 500$. Après deux ans, elle atteindra 11 025$, car les intérêts de la deuxième année (525$) sont calculés sur la valeur augmentée de la première année (10 500$). Ainsi, avec le temps, les intérêts croissent de façon exponentielle ;
  • Un remboursement accéléré de 10 000$ sur une dette permet d’économiser 500$ d’intérêts la première année et 525$ la deuxième année, puisque le montant de la dette a diminué de 10 500$ après un an.

En pratique, si le taux de rendement d’un placement est le même que le taux d’emprunt, les résultats sur votre valeur nette au bout de quelques années sont les mêmes. Dans notre exemple, avec le placement, l’actif a augmenté de 12 763$ après 5 ans. Avec le remboursement de la dette, le passif a diminué de 12 673$ après 5 ans.

Le calculateur Rembourser l’hypothèque ou épargner? de l’Institut de planification financière vous permet de comparer le remboursement d’une dette à divers placements enregistrés: REER, CELI et REEE. Vous pouvez explorer de multiples scénarios en choisissant des taux différents pour les placements et pour le remboursement d’une dette.

N’oubliez pas que pour les placements non enregistrés, les rendements sont imposables, ce qui diminue le rendement net et l’effet de composition (rendement sur le rendement). En revanche, le rendement du remboursement d’une dette n’est pas affecté par l’impôt (sauf si les intérêts sont déductibles de vos revenus, ce qui est le cas pour certains emprunts qui ont été faits dans le but d’investir). Autrement dit, vous conservez l’effet total de la composition (économie d’intérêts sur les intérêts).

À taux égaux (rendement et emprunt), vous devriez privilégier le remboursement de la dette. En effet, c’est l’approche la moins risquée et elle renforce votre résilience financière. Les gens qui ont remboursé plus rapidement leurs dettes, particulièrement leurs cartes de crédit, ont été moins affectés par les hausses de taux des dernières années. Leurs paiements sur leurs emprunts sont demeurés plus stables, leur permettant de mieux dormir que ceux et celles qui avaient misé uniquement sur l’épargne.

Denis Preston, CPA (retraité), GPC, Fellow de l’Institut de planification financière