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Ménages fortunés: faut-il considérer les obligations à haut rendement?

Jean Décary|Publié il y a 21 minutes

Ménages fortunés: faut-il considérer les obligations à haut rendement?

« Oui, les obligations à haut rendement ont leur place dans le portefeuille d’une personne fortunée pour dynamiser le rendement et accroître la diversification », réagit Sylvain De Champlain président chez De Champlain groupe financier.

GESTION DE PATRIMOINE. Les investisseurs fortunés devraient-ils songer à intégrer dans leur portefeuille d’investissement des obligations à haut rendement? Quels sont les avantages et les inconvénients de tels placements?

« Oui, les obligations à haut rendement ont leur place dans le portefeuille d’une personne fortunée pour dynamiser le rendement et accroître la diversification », réagit Sylvain De Champlain président chez De Champlain groupe financier. Le gestionnaire fait le parallèle avec le hockey, soulignant que la portion obligataire du portefeuille est un peu comme un défenseur défensif dans une formation.

« Les obligations gouvernementales, avec une cote de crédit plus élevée, mais un rendement inférieur, sont ton défenseur défensif, alors que tes obligations de sociétés, plus risquées en raison d’une cote de crédit moins bonne, sont en quelque sorte ton défenseur offensif. Ce sont elles qui vont marquer des buts, elles vont te donner un meilleur rendement. »

Sylvain De Champlain souligne que le rendement est lié au risque encouru par l’investisseur. « Une entreprise en croissance avec un niveau de risque plus élevé va devoir offrir un taux plus élevé pour émettre des obligations et attirer des acheteurs. »

Il observe que le contexte récent a été difficile pour les entreprises avec de la dette qui devaient emprunter à des taux d’intérêt élevés. Il met aussi les investisseurs en garde contre ce qu’il appelle des obligations de pacotille (junk bonds). « Si on offre des rendements mirobolants, il faut se poser des questions sur la nature de ces obligations à haut rendement, s’agit-il de junk bonds ? »

Sylvain B. Tremblay, vice-président, Gestion Privée, chez Optimum Gestion de Placements, souligne qu’actuellement aux États-Unis, le rendement moyen actuel de ce type de produit gravite autour de 3,25%. « Cela veut dire que tu es peu payé pour le risque encouru, soit un possible défaut de paiement. »

Le gestionnaire croit que l’investisseur pourrait plutôt, à l’heure actuelle, opter pour des obligations municipales. « Ça peut être une solution pour surfer sur la baisse des taux d’intérêt, en prenant peu de risque, car ces obligations sont garanties par le pouvoir de taxation des municipalités. »

« Lorsque bien diversifié et géré avec des critères décisionnels efficaces, le portefeuille obligataire à haut rendement peut offrir une dynamique risque-rendement très intéressante », mentionne Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret.

Il rappelle qu’au sud de la frontière, le système bancaire américain a beaucoup délaissé le financement d’entreprises en raison de règles de déploiement de capital qui leur sont non favorables. « Les autorités réglementaires ont en quelque sorte poussé les banques à déployer leur capital ailleurs que dans les prêts commerciaux. Il y a donc un tout nouveau marché fort lucratif qui a été créé pour les prêteurs non bancaires. »

Selon lui, les caractéristiques risque-rendement des obligations à haut risque sont différentes des autres caégories d’actifs et peuvent se frayer une place dans un portefeuille aux côtés des actions et des titres à revenu fixe. « Le défi c’est de savoir bien choisir le moment pour investir… Tu veux être compensé pour le risque que tu vas encourir. »

Il prend comme exemple des obligations municipales qui offrent actuellement du 3,8% contre des obligations de sociétés (telles que Rogers) qui offrent du 4,8% à 5,2%. «Vas-tu prendre ce risque pour 1,4% ou 1,8% de plus?»

Il rappelle qu’une bonne diversification est capitale quand tu te lances dans ce type de produits. «Au Canada le nombre d’émetteurs est limité. Il n’est pas rare que dans un cycle boursier il y ait des émetteurs qui fassent faillite.» Vincent Fournier est d’avis que cela prend une certaine expertise pour s’y retrouver.

Simon Houle gestionnaire de portefeuille au groupe Onyx, IA Gestion privée de patrimoine, croit que l’ajout d’obligations à haut rendement permet de dynamiser la portion à revenu fixe d’un portefeuille de placements et de procurer un revenu supplémentaire.

Pour les clients fortunés, il est d’avis que cette catégorie d’actifs peut varier entre 10% et 30% de la portion de titres à revenu fixe du portefeuille, selon le contexte économique. « Ce sont des produits intéressants, mais c’est difficile pour un investisseur de gérer cela soi-même. Il faut bien faire ses devoirs » Il admet que même eux font affaire avec une firme pour ce type de produits. « Ils sont mieux outillés pour embaucher des avocats qui passeront au peigne fin les contrats obligataires. »