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Dominic Gagnon

Innovation entrepreneuriale

Dominic Gagnon

Expert(e) invité(e)

Le coût élevé d’avoir de bas standards

Dominic Gagnon|Mis à jour le 03 octobre 2024

Le coût élevé d’avoir de bas standards

«Vous ne pouvez plus accepter de garder ce vendeur qui n’atteint pas ses objectifs depuis deux trimestres, mais qui a toujours une excellente excuse de ne pas livrer la marchandise.» (Photo: Zinkevych pour 123RF)

EXPERT INVITÉ. Ayant accompagné plusieurs dizaines d’entrepreneurs au cours des dernières années, je suis toujours surpris par la capacité des gens à accepter la médiocrité.

Ce qui me frappe le plus, c’est cette incapacité pour plusieurs à fixer des standards élevés et à constamment repousser les limites. Évidemment, il est plus confortable d’avoir de bas standards: cela évite le conflit et la prise de décisions difficiles tel que renvoyer quelqu’un. Toutefois, au final, s’il y a une chose que j’ai comprise, c’est que si vous acceptez d’avoir de bas standards, très rapidement, tous les bons éléments de votre équipe vous quitteront et vous laisseront avec les pommes pourries! C’est simple: les gens excellents souhaitent travailler avec des gens excellents et détestent le manque d’imputabilité.  

Ainsi, vous ne pouvez plus accepter de garder ce vendeur qui n’atteint pas ses objectifs depuis deux trimestres, mais qui a toujours une excellente excuse de ne pas livrer la marchandise: «Dominic, tu sais, la situation économique est difficile» ou pire encore «avec la potentielle élection de Trump, les gens ne prennent pas de décisions». Même chose pour le développeur logiciel qui ne livre que du code de mauvaise qualité et qui fait que votre équipe d’ingénierie s’arrache les cheveux à refaire son travail.

Je suis convaincu que vous savez de quoi je parle. C’est ce moment où, en entrant dans une réunion, vous sentez tout de suite que quelque chose ne va pas. Les délais sont dépassés sans répercussions, et vous ressentez que vous avez atteint un stade où plus personne n’a envie de se dépasser et où la zone de confort est la réalité. Eh bien, si c’est le cas, c’est le temps de vous demander si, sans vous en rendre compte, vous placez la barre trop bas.

Malheureusement, c’est quelque chose qui arrive dans une grande majorité d’entreprises et dont personne n’est conscient avant qu’il ne soit presque trop tard. En effet, il n’y a pas de signaux d’alarme ni de sirènes pour vous avertir. Les bas standards s’infiltrent subtilement à travers des détails négligés, des excuses acceptées, et avant même que vous vous en aperceviez, ils tuent silencieusement le potentiel, le moral et la productivité de votre équipe.

Voici donc six signes qui vous permettront peut-être de réaliser le tout avant qu’il ne soit trop tard et d’apporter des changements:

Signe n°1: vous tolérez les délais non respectés

«Une fois, c’est une erreur. Deux fois, c’est une habitude. Trois fois, c’est la norme.»

Vous pourriez penser qu’un délai manqué ici ou là n’est pas la fin du monde — après tout, la vie est pleine d’imprévus, non?

Mais quand les délais manqués deviennent une habitude que vous laissez passer ou que vous choisissez d’ignorer, vous envoyez un message clair à votre équipe: les engagements ne sont plus obligatoires, et l’urgence devient optionnelle. Ça crée un précédent dangereux.

Quand les délais ne sont pas respectés, ça ne freine pas seulement le projet en cours, ça affecte aussi souvent le travail de toute votre équipe. Très vite, les performances chutent et les délais seront de plus en plus souvent manqués. Ce sentiment d’urgence, qui motivait tout le monde, commence à disparaître. La barre se baisse, et personne ne s’en rend compte jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Dans une équipe vraiment performante, les délais ne sont tout simplement pas négociables et vous devez rapidement corriger le tir.

Signe n°2: vous acceptez un travail médiocre

Lorsqu’on est débordé, nous avons malheureusement plus tendance à accepter de recevoir un travail de faible qualité. Après tout, le corriger peut sembler trop compliqué. Vous vous dites peut-être: «c’est suffisant pour le moment» ou «on y reviendra plus tard». Cependant, accepter une fois la médiocrité déclenche un effet domino.

Laisser passer un travail en dessous des attentes envoie un message clair à l’équipe: la qualité n’est plus une priorité. Très vite, les standards baissent, l’innovation ralentit et la réputation de l’équipe en pâtit. Ce qui semble être une exception devient vite la nouvelle norme.

Pour les gens performants, rien de pire que de voir les leaders accepter du travail de mauvaise qualité. Encore pire, promouvoir des gens qui ne livrent pas un travail de grande qualité. L’implantation chez Connect&GO de la semaine de quatre jours va dans ce sens: si une personne livre un mauvais travail et ralentit son équipe, et par conséquent peut remettre en cause la semaine de quatre jours, soyez certain que nos équipes nous le feront savoir!

Vous devez donc vous assurer de donner des retours précis et constructifs pour améliorer le travail ainsi que d’établir des attentes claires sur la qualité et expliquez pourquoi maintenir des standards élevés est non négociable.

Signe n°3: vous évitez les conversations difficiles

Personne n’aime les conversations difficiles. C’est humain. Mais c’est une grande erreur! Comme je l’ai mentionné dans plusieurs de mes blogues, il est impossible de prétendre à une culture de performance si vous n’êtes pas en mesure de donner de la rétroaction. Qu’il s’agisse de confronter un employé qui ne performe pas, de gérer un comportement qui affecte le moral de l’équipe ou de donner un retour négatif sur un projet clé, ces échanges sont toujours inconfortables. Mais les éviter fait bien plus de mal.

Votre équipe prend exemple sur vos actions — ou votre inaction. Si elle constate que vous n’êtes pas prêt à affronter les problèmes de face, elle en viendra à penser qu’il est acceptable de les ignorer ou de tolérer un travail en dessous des standards. Avec le temps, cela mine la confiance et le respect. L’équipe se demande si vous avez le courage de diriger efficacement.

Éviter ces discussions peut sembler plus simple sur le moment, mais cela conduit tout droit à une culture de complaisance et de médiocrité.

Signe n°4: vous ne définissez pas clairement vos attentes

Des attentes floues, c’est comme essayer de naviguer sur un bateau sans boussole: vous pouvez rester à flot pendant un certain temps, mais vous finirez par dévier de votre route.

Si vous ne définissez pas d’objectifs et d’attentes clairs et précis, votre équipe devra elle-même deviner ce à quoi ressemble le succès. Cela va créer de la confusion, de la frustration et des efforts mal alignés. Le résultat: sans attentes claires, certains membres de votre équipe risquent de se surpasser, tandis que d’autres vont se contenter du strict minimum, croyant qu’ils atteignent les objectifs. Avec le temps, ce manque de direction crée des performances incohérentes et tire progressivement les standards vers le bas.

Lorsque personne ne sait vraiment ce qui est attendu, la médiocrité devient souvent la norme. Vous devez donc vous assurer de communiquer clairement votre vision, vos objectifs et les résultats attendus de chaque membre de l’équipe.

Signe n°5: vous ne célébrez pas les réussites

Si vous ne prenez pas le temps de célébrer les succès de votre équipe, qu’ils soient grands ou petits, vous ratez une opportunité essentielle de fixer des standards élevés.

La reconnaissance renforce les comportements que vous voulez encourager et motive l’équipe à continuer de viser l’excellence. Quand les réussites passent inaperçues, les membres de l’équipe peuvent se sentir sous-estimés, ce qui peut les pousser à réduire leurs efforts en pensant que leur travail n’a pas de réelle importance.

Faites attention: célébrer les succès ne veut pas dire organiser une fête à chaque petite victoire. Cela signifie simplement reconnaître de manière authentique les efforts, les progrès et les réussites. Un «merci» sincère ou une reconnaissance publique peuvent avoir un effet énorme sur le moral et la motivation de l’équipe.

Signe n° 6: vous ne montrez pas l’exemple

Selon moi, l’un des signes les plus flagrants que vous n’imposez pas des standards élevés est si vous ne vous appliquez pas à vous-même les mêmes exigences que celles que vous imposez à votre équipe.

Si vous demandez de la ponctualité, mais arrivez régulièrement en retard, ou si vous prônez l’excellence, mais coupez souvent les coins ronds, vous envoyez le message qu’il est acceptable de se contenter du minimum.

Montrer l’exemple est l’un des outils les plus puissants à votre disposition en tant que leader. Quand vous incarnez les standards que vous attendez de votre équipe, vous imposez ces attentes sans avoir besoin de prononcer un seul mot.

En revanche, quand vos actions ne correspondent pas à vos paroles, vous perdez en crédibilité et en autorité, rendant difficile pour votre équipe de vous prendre au sérieux.

N’acceptez pas la médiocrité

Vous devez rester à l’affut de signes montrant que vous êtes en train d’instaurer une culture de complaisance dans votre organisation. Quand vous baissez la barre des standards, vous ne faites pas que nuire aux performances de votre équipe, vous freinez aussi son potentiel et minez votre leadership.

En acceptant la médiocrité, vous dites indirectement à votre équipe qu’il est acceptable de se laisser aller, de faire le strict minimum ou d’éviter la croissance personnelle. Au fil du temps, cet état d’esprit s’infiltre dans la culture de votre équipe, ce qui rend de plus en plus difficile la conduite du changement, de l’innovation ou de l’excellence.

Engagez-vous à relever la barre chaque jour. Votre équipe le mérite, et vous aussi!