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Le «rain check», un incontournable des terrains de golf

Claudine Hébert|Mis à jour le 13 juin 2024

Le «rain check», un incontournable des terrains de golf

À Golf Matha, la politique de rain check constitue justement l’une des facettes du succès du club, soutient son propriétaire, Jonathan Salvas. (Photo: courtoisie)

INDUSTRIE DU GOLF. En raison des changements climatiques, les clubs de golf du Québec n’ont pas le choix d’ajuster leur mode d’opération. Et leurs stratégies marketing.

À cause d’un hiver exceptionnellement doux, depuis le début du mois de mars, non seulement une bonne dizaine de clubs ont ouvert leurs aires de pratique extérieures, mais au moins deux d’entre eux (Golf Granby Saint-Paul et Golf International 2000) permettent aux adeptes de la petite balle blanche de fouler leurs allées.

Ces ouvertures hâtives représentent aisément des centaines de milliers de dollars additionnels dans les coffres. « Ouvrir un mois avant la date d’ouverture, qui est généralement en avril, représente au moins une trentaine de jours d’opération de plus qui s’ajoutent aux huit mois réguliers de notre calendrier », fait remarquer Stéphane Guay, propriétaire de Golf International 2000, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Ce qui équivaut à des revenus additionnels d’au moins 12 % à 15 %, ajoute le dirigeant du domaine de 27 trous.

Le club de golf Saint-François, qui dispose de deux parcours de 18 trous, surveille également la météo de très près en ce printemps 2024. L’entreprise lavalloise aimerait bien ouvrir dès la mi-avril plutôt que le 1er mai. « Pour nous, deux semaines de plus au calendrier représentent des revenus additionnels de près de 250 000 $. Ce qui est très bénéfique pour démarrer la saison », mentionne le dirigeant de l’endroit, Normand Bleau. Car, tient-il à rappeler, un printemps hâtif ne garantit en rien les conditions estivales.

Rappelons que plusieurs régions de la province, notamment Montréal, la Montérégie, Lanaudière, y compris les Cantons-de-l’Est, ont enregistré des précipitations de pluie record l’été dernier. Juste à Sherbrooke, il est tombé plus de 300 millimètres de pluie… au mois de juillet.

« Si on prend la chose du bon côté, ce surplus de pluie a permis à plusieurs surintendants de terrains de voir par où l’eau passait… et stagnait. Ce qui a d’ailleurs motivé des dizaines de clubs à investir dans leur système de drainage », note au passage, le président de l’Association des clubs de golf du Québec, Martin Ducharme.

C’est le cas notamment du Club de golf Le Portage, à l’Assomption qui, l’automne dernier, a injecté plus de 500 000 $ pour améliorer les conditions de son parcours âgé de 60 ans. « Plus 20 % de ce montant a été investi dans l’amélioration du drainage », tient à préciser le directeur général du parcours, Danny Rousseau. Employé du club depuis 25 ans, l’agronome de formation savait que le parcours avait des déficiences attribuables à son sol argileux. Ces travaux, dit-il, devaient être faits un jour ou l’autre. « Nous n’avons aucun contrôle sur la météo. Mais nous pouvons contrôler le système d’évacuation d’eau », avise le dirigeant.

 

Droits de jeu assuré… en cas de pluie

Selon la présidente du chapitre québécois de l’Association nationale des propriétaires de terrains de golf du Canada (ANPTG), Nadia Di Menna, une des solutions pour composer avec la météo repose sur de bonnes politiques de droits de jeu assurés en cas de pluie, que l’on appelle communément dans le jargon golf un « rain check ».

La plupart des clubs offrent à leur clientèle qui ne peut terminer la partie en raison de la pluie ou d’un orage la possibilité d’obtenir un crédit de jeu valide pour une prochaine visite. Certains offrent un crédit sur les trous qui n’ont pu être joués, d’autres proposent de revenir jouer sans frais une toute nouvelle partie un autre jour. « Ces politiques existent depuis des dizaines d’années, mais, sauf peut-être quelques exceptions, elles n’ont jamais été fortement publicisées par les clubs. Je crois qu’il est temps d’en faire davantage la promotion », soutient Nadia Di Menna, qui est aussi directrice générale du Club de Golf Le Versant.

En attendant, à Golf Matha, cette politique de rain check constitue justement l’une des facettes du succès du club, soutient son propriétaire, Jonathan Salvas. « Conscients que les prévisions météo moindrement pessimistes peuvent en décourager plusieurs, nous avons mis au point une politique de crédit de jeu parmi les plus avantageuses de l’industrie au Québec », soutient-il. Selon le nombre de trous joués, le club remet un crédit de 100 % (0-4 trous), 75 % (5-9 trous), 50 % (10-13 trous) ou 25 % (14-16 trous). « À partir du 17e trou, il n’y a aucun remboursement », explique le dirigeant.

Grâce à cette politique mise en place depuis quatre ans, Jonathan Salvas estime qu’il a pu éviter l’annulation d’au moins 750 parties l’été dernier. « À 80 $ la partie, c’est plus de 60 000 $ que nous avons pu économiser », conclut-il.