La pandémie a retardé le début des travaux de construction du projet Royalmount, évalué à 5 milliards de dollars. (Photo: courtoisie)
LES GRANDS DE L’IMMOBILIER. Cette année ne passera pas à l’histoire en ce qui concerne le nombre de transactions immobilières commerciales. Ce qui ne veut pas dire que les acteurs liés à cette industrie ont, pour autant, chômé.
Au contraire.
« Je n’ai jamais été aussi occupé en 15 années de carrière dans le développement immobilier qu’au cours des derniers mois », confie Anthony Arquin, associé en immobilier commercial chez Davies. La pandémie, constate-t-il, a incité plusieurs propriétaires d’immeubles commerciaux à revoir la vocation de leurs actifs immobiliers. L’année a donc été très riche en planification.
« Plusieurs équipes immobilières ont profité du ralentissement du marché pour planifier et élaborer des façons de maximiser leurs actifs. Les grands stationnements, les terrains excédentaires… toutes les options de développement ont été analysées afin d’augmenter la valeur des présents actifs », soutient l’avocat.
On peut notamment penser à Cadillac Fairview, la division immobilière du Régime de retraite des enseignantes et enseignants de l’Ontario, qui a annoncé d’importants projets résidentiels pour ses centres commerciaux montréalais Galeries d’Anjou et Fairview Pointe-Claire.
En prévision de l’arrivée de la ligne bleue du métro, Cadillac Fairview souhaite intégrer aux Galeries d’Anjou un centre de transit au sein d’un développement de type TOD (Transit Oriented Development). Avec l’arrivée éventuelle du Réseau express métropolitain (REM), le gestionnaire immobilier souhaite faire de même dans la cour du Fairview Pointe-Claire.
Plusieurs experts surveillent d’ailleurs les intentions de Cadillac Fairview, qui a vendu 50 % de ses parts du Carrefour Laval au gestionnaire de fonds et de placements Greystone TD. Une entente qui s’est d’ailleurs hissée au deuxième rang de notre classement.
L’activité immobilière est également palpable dans les bureaux de location d’espaces. « Plusieurs grands locataires revoient actuellement leurs stratégies d’occupation, observe Jean Laurin, président et chef de direction à Devencore. Plutôt que de signer des baux de 5, 10, voire 15 ans, plusieurs locataires optent actuellement pour des ententes flexibles de plus courte durée. Ce que l’on n’avait pas vu depuis plusieurs années. »
L’expert immobilier souligne que compte tenu du contexte actuel, « plusieurs éprouvent beaucoup de difficulté à définir leurs besoins et leur modèle d’occupation à venir ; un modèle qui devra tenir compte d’une plus grande mobilité des employés ».
Outre la pandémie qui a forcé les entreprises à se tourner vers le télétravail, les grands chantiers du REM, et bientôt celui de la réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, font aussi partie des facteurs qui influencent les décisions des locataires. Selon Jean Laurin, il est fort possible que les entreprises réduisent de 15 % à 50 % leurs actuels espaces au centre-ville de Montréal à court terme. « D’ici 12, voire 18 mois, une fois que les vaccins contre la COVID-19 seront administrés, estime-t-il, ces entreprises voudront sans doute réajuster le tir en augmentant de nouveau leur superficie. »
Royalmount, le retour
La pandémie a retardé le début des travaux de construction du vaste projet Royalmount, évalué à 5 milliards de dollars. L’ouverture des commerces de la phase1, qui était prévue pour l’été 2022, a été reportée d’un an. Ce report ne fait toutefois qu’accorder plus de temps au promoteur Carbonleo. Ce dernier peaufine ces jours-ci le plan de développement du futur quartier qui s’élèvera au carrefour du boulevard Décarie et de l’autoroute Métropolitaine.
« Nous planifions construire un nouveau complexe qui va complètement redéfinir l’expérience résidentielle et commerciale en ville. Nous sommes toujours en négociation pour changer le zonage actuel afin d’accueillir 4500 logements », soulève Nicolas Désourdy, vice-président exécutif et associé chez Carbonleo.
Ce nouveau milieu de vie, dit-il, sera 100 % piéton. Il sera doté d’un parc linéaire surélevé qui s’inspire de la passerelle du High Line à New York. Plus de 80 % des futures aires de restauration seront orientées vers l’ouest pour profiter du soleil le plus longtemps possible. À ce propos, un grand chef montréalais a signé, au cours de l’été, une entente avec Carbonleo pour l’ouverture de deux restaurants sur le site, affirme Nicolas Désourdy.
Il tient à rappeler que Carbonleo compte parmi ses partenaires L. Catterton Real Estate, une firme de reconnue pour ses investissements immobiliers à usage mixte axés sur le commerce de détail et de luxe. Cineplex figure aussi parmi les grands joueurs associés au projet Royalmount. Outre la construction d’un cinéma VIP réservé aux 18 ans et plus, l’entreprise canadienne compte y aménager un centre de divertissement Rec Room, selon le concept que l’on retrouve déjà à Edmonton et à Toronto.