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Moins de transactions ne signifie pas moins d’activités

Claudine Hébert|Édition de Décembre 2020

Moins de transactions ne signifie pas moins d’activités

La pandémie a retardé le début des travaux de construction du projet ­Royalmount, évalué à 5 milliards de dollars. (Photo: courtoisie)

LES GRANDS DE L’IMMOBILIER. Cette année ne passera pas à l’histoire en ce qui concerne le nombre de transactions immobilières commerciales. Ce qui ne veut pas dire que les acteurs liés à cette industrie ont, pour autant, chômé. 

 Au contraire.

« ­Je n’ai jamais été aussi occupé en 15 années de carrière dans le développement immobilier qu’au cours des derniers mois », confie ­Anthony ­Arquin, associé en immobilier commercial chez ­Davies. La pandémie, ­constate-t-il, a incité plusieurs propriétaires d’immeubles commerciaux à revoir la vocation de leurs actifs immobiliers. L’année a donc été très riche en planification.

« ­Plusieurs équipes immobilières ont profité du ralentissement du marché pour planifier et élaborer des façons de maximiser leurs actifs. Les grands stationnements, les terrains excédentaires… toutes les options de développement ont été analysées afin d’augmenter la valeur des présents actifs », soutient l’avocat.

On peut notamment penser à ­Cadillac ­Fairview, la division immobilière du ­Régime de retraite des enseignantes et enseignants de l’Ontario, qui a annoncé d’importants projets résidentiels pour ses centres commerciaux montréalais ­Galeries d’Anjou et ­Fairview ­Pointe-Claire.

En prévision de l’arrivée de la ligne bleue du métro, ­Cadillac ­Fairview souhaite intégrer aux ­Galeries d’Anjou un centre de transit au sein d’un développement de type ­TOD (Transit ­Oriented ­Development). Avec l’arrivée éventuelle du ­Réseau express métropolitain (REM), le gestionnaire immobilier souhaite faire de même dans la cour du ­Fairview ­Pointe-Claire.

Plusieurs experts surveillent d’ailleurs les intentions de ­Cadillac ­Fairview, qui a vendu 50 % de ses parts du ­Carrefour ­Laval au gestionnaire de fonds et de placements ­Greystone ­TD. Une entente qui s’est d’ailleurs hissée au deuxième rang de notre classement.

L’activité immobilière est également palpable dans les bureaux de location d’espaces. « ­Plusieurs grands locataires revoient actuellement leurs stratégies d’occupation, observe ­Jean ­Laurin, président et chef de direction à ­Devencore. Plutôt que de signer des baux de 5, 10, voire 15 ans, plusieurs locataires optent actuellement pour des ententes flexibles de plus courte durée. Ce que l’on n’avait pas vu depuis plusieurs années. »

L’expert immobilier souligne que compte tenu du contexte actuel, « plusieurs éprouvent beaucoup de difficulté à définir leurs besoins et leur modèle d’occupation à venir ; un modèle qui devra tenir compte d’une plus grande mobilité des employés ».

Outre la pandémie qui a forcé les entreprises à se tourner vers le télétravail, les grands chantiers du ­REM, et bientôt celui de la réfection du ­pont-tunnel ­Louis-Hippolyte-La ­Fontaine, font aussi partie des facteurs qui influencent les décisions des locataires. Selon ­Jean ­Laurin, il est fort possible que les entreprises réduisent de 15 % à 50 % leurs actuels espaces au ­centre-ville de ­Montréal à court terme. « D’ici 12, voire 18 mois, une fois que les vaccins contre la ­COVID-19 seront administrés, ­estime-t-il, ces entreprises voudront sans doute réajuster le tir en augmentant de nouveau leur superficie. »

 

Royalmount, le retour

La pandémie a retardé le début des travaux de construction du vaste projet ­Royalmount, évalué à 5 milliards de dollars. L’ouverture des commerces de la phase1, qui était prévue pour l’été 2022, a été reportée d’un an. Ce report ne fait toutefois qu’accorder plus de temps au promoteur ­Carbonleo. Ce dernier peaufine ces ­jours-ci le plan de développement du futur quartier qui s’élèvera au carrefour du boulevard ­Décarie et de l’autoroute ­Métropolitaine.

« ­Nous planifions construire un nouveau complexe qui va complètement redéfinir l’expérience résidentielle et commerciale en ville. Nous sommes toujours en négociation pour changer le zonage actuel afin d’accueillir 4500 logements », soulève ­Nicolas ­Désourdy, ­vice-président exécutif et associé chez ­Carbonleo.

Ce nouveau milieu de vie, ­dit-il, sera 100 % piéton. Il sera doté d’un parc linéaire surélevé qui s’inspire de la passerelle du ­High ­Line à ­New ­York. Plus de 80 % des futures aires de restauration seront orientées vers l’ouest pour profiter du soleil le plus longtemps possible. À ce propos, un grand chef montréalais a signé, au cours de l’été, une entente avec ­Carbonleo pour l’ouverture de deux restaurants sur le site, affirme ­Nicolas ­Désourdy.

Il tient à rappeler que ­Carbonleo compte parmi ses partenaires L. Catterton ­Real ­Estate, une firme de reconnue pour ses investissements immobiliers à usage mixte axés sur le commerce de détail et de luxe. Cineplex figure aussi parmi les grands joueurs associés au projet ­Royalmount. Outre la construction d’un cinéma ­VIP réservé aux 18 ans et plus, l’entreprise canadienne compte y aménager un centre de divertissement ­Rec ­Room, selon le concept que l’on retrouve déjà à ­Edmonton et à ­Toronto.