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La taille des cabinets est restée stable

Jean-François Venne|Édition de la mi‑mai 2021

La taille des cabinets est restée stable

La pandémie a engendré beaucoup d’incertitudes et obligé les firmes à repenser leur organisation du travail et la livraison des services. (Photo: 123RF)

LES GRANDS DU DROIT. Notre classement annuel est l’occasion de se pencher sur la réaction de l’industrie à la volonté d’un nombre croissant de clients de transiger avec des cabinets qui représentent davantage les différents visages de la diversité — ethnoculturelle, de genre et d’orientation, entre autres — et qui respectent des valeurs environnementales, sociales et de gouvernance.

La taille des grands cabinets d’avocats actifs au Québec a peu progressé en un an, contrairement à la tendance des cinq années précédentes. La pandémie a engendré beaucoup d’incertitudes et obligé les firmes à repenser leur organisation du travail et la livraison des services.

Le classement Les Affaires 2021 montre une diminution d’un peu plus de 1 % de l’ensemble du personnel des 25 plus grands cabinets, contrairement à une augmentation de 8 % l’an dernier. Grâce à une progression de 3,1 %, Fasken prend la tête du classement devant Norton Rose Fulbright (-8,8 %). «Les cabinets d’avocats vivent des mouvements dans l’économie et il y a en a eu beaucoup à partir de juin 2020, à tel point que nous avons dû engager de nouvelles ressources», souligne l’associé directeur pour le Québec de Faksen, Me Éric Bédard. Cain Lamarre (-4,6 %), Lavery Avocats (-7,8 %) et BCF Avocats d’affaires (-8,2 %) complètent le quintette de tête.

Au total, le personnel de neuf firmes a augmenté, mais cette croissance n’a été vraiment importante que pour deux cabinets. C’est le cas de Blake, Cassels & Graydon (Blakes), qui comptait 32 professionnels de plus que l’année précédente, une hausse de 16,6 %. Le cabinet s’est aussi classé en tête de l’indice de notoriété de la marque des cabinets d’avocats canadiens de Thomson Reuters en 2020 pour une cinquième année de suite, un honneur qu’il a aussi reçu en mars 2021.

Baptême de feu Stein Monast a pour sa part enregistré une croissance de 13,5% en recrutant 18 personnes supplémentaires. Le cabinet compte maintenant plus de 150 employés et une quarantaine d’associés. Me Sophie Martin est devenue la première femme à y occuper le poste d’associée directrice en avril 2020. Elle a pris la succession de Me Jean Brunet, qui a conservé cette fonction pendant un quart de siècle.

Me Martin a pris les rênes du bureau en pleine pandémie. «Quand je suis arrivée, on ignorait comment les services juridiques se réorganiseraient, raconte-t-elle. Les tribunaux venaient de fermer, nos clients vivaient beaucoup d’insécurité et de pression et tout le monde devait travailler de la maison. J’ai pris ça comme un défi à relever.»Les besoins des clients au début de la crise sanitaire ont rapidement évolué vers des questions de droit du travail et de droit de l’immigration, alors que le litige et le secteur transactionnel ont connu des ralentissements. «Les avocats qui avaient moins de travail dans leur pratique ont prêté main-forte à des collègues plus chargés», explique Me Martin. Le cabinet a notamment travaillé sur la vente des propriétés minières de Corporation aurifère Monarques, à Yamana Gold, qui a nécessité une série de transactions complexes.

 

Réorganiser le travail

D’autres firmes ont connu des réductions de personnel plus marquées, dont Miller Thomson (-22,9 %) et Robinson Sheppard Shapiro (-16,1 %). Un groupe de six cabinets, dont Norton Rose Fulbright, BCF Avocats d’affaires, Lavery Avocats et McCarthy Tétrault (-8,3 %) affichent une diminution de 7% à près de 9 % par rapport à 2019.

«En général, l’année a tout de même été très bonne malgré la pandémie», assure toutefois Me Karl Tabbakh, associé directeur régional de McCarthy Tétrault pour le Québec. Le cabinet a même lancé deux nouvelles divisions en 2020. MT>Version vise à tirer parti de la traduction automatique et de ressources internes expérimentées pour fournir des traductions juridiques. De son côté, MT> Ventures offre un savoir-faire juridique, des conseils stratégiques et un accès à une gamme de services pour soutenir le développement et la croissance des entreprises en démarrage.

Le bureau de Québec de la firme a conseillé Medicago dans la vente de 76 millions de doses de son vaccin expérimental contre la COVID-19. Il l’avait auparavant accompagné dans la conclusion d’une entente de collaboration en matière de recherche avec GlaxoSmithKline. Le bureau de Montréal a pour sa part appuyé Communauto, qui a obtenu un prêt d’un montant non divulgué d’Investissement Québec. Il a aussi travaillé sur un accord par lequel la Caisse de dépôt et placement du Québec est devenue le plus important actionnaire d’Alstom à la suite de son achat de Bombardier Transport.

La direction de McCarthy Tétrault réfléchit maintenant à l’organisation du travail après la pandémie. Elle poursuit d’ailleurs la rénovation de ses locaux de Montréal. «Nous voulons créer l’environnement de travail de demain en tenant compte des changements d’habitude que la crise a provoqués», explique Me Tabbakh. Le défi est de construire des lieux de travail attrayants pour les avocats, qui leur donneront envie d’aller au bureau. Cela passerait, selon lui, notamment par plus d’espaces collaboratifs et multifonctionnels.

«Nous comprenons que la nouvelle flexibilité restera avec nous, mais nous croyons beaucoup au retour au centre-ville et au bureau, affirme l’associé directeur. Le contact personnel demeure important pour le développement de notre culture organisationnelle.»