L’année 2023 a été une belle année pour presque tous les grands bureaux d’avocats. (Photo: 123RF)
GRANDS DU DROIT. Après une année de ralentissement économique, force est de constater que les résultats du classement Les grands du droit 2024 du journal Les Affaires — sans être exceptionnels — n’ont surtout rien de catastrophique. La majorité des grands cabinets affichent une progression modérée de leurs effectifs.
Si plus de la moitié des cabinets (15 sur 25) affichent un gain d’effectifs, seulement cinq d’entre eux dépassent la barre des 5% de progression du nombre d’employés au Québec pour l’année 2023: De Grandpré Chait (15%), LJT Avocats (12%), Stein Monast (11%) et Stikeman Elliott (9%) et Osler, Hoskin & Harcourt (8%).
Warren M. Katz, associé directeur du bureau de Montréal de Stikeman Elliott, explique la performance de son cabinet par «l’attention que nous portons à notre pratique transfrontalière de premier plan sur le marché, associée à notre engagement à recruter et à développer un groupe d’avocats incroyablement talentueux».
«L’année 2023 a été une belle année pour presque tous les grands bureaux», note quant à elle Sandra Abitan, associée directrice du bureau montréalais d’Osler, Hoskin & Harcourt, avant de se réjouir de la progression de ses propres troupes. «Prendre une plus grande part du marché québécois, ça fait partie de notre stratégie.» Pour y parvenir, l’associée directrice mise sur le recrutement «latéral», comme en témoigne l’arrivée récente de deux anciens de Fasken, Christian Jacques et Jean-Nicolas Delage, spécialisés dans les entreprises émergentes.
Fasken ne cède pas sa place pour autant. Avec ses 782 employés québécois (une progression de 3,44% pour 2023 et de 6,33% sur deux ans), le bureau demeure confortablement en tête du classement pour une quatrième année consécutive, devant Norton Rose Fulbright, qui a 584 employés. «Notre croissance est beaucoup liée au développement de secteurs de niche, explique François Brais, associé directeur de Fasken pour le Québec. Je pense notamment à notre groupe sur la protection de la vie privée et à celui sur les technologies émergentes. Nous sommes très impliqués dans l’écosystème des entreprises technologiques en démarrage. Nous voyons beaucoup de potentiel de spécialisation et de consolidation du marché.»
Travailler sur la marque employeur
À l’autre bout du spectre, quelques firmes ont connu plus de difficulté à maintenir leurs effectifs: Robinson Sheppard Shapiro (-19%), Dentons Canada (-13,5%) et Miller Thomson (-2%). Si le premier cabinet n’a pas voulu commenter son positionnement, les deux seconds ont accepté de nous communiquer leur perspective.
«Depuis la pandémie, plusieurs personnes sont à la recherche de plus de flexibilité, nous a expliqué Magatte Diop, responsable des communications de Dentons Canada. En réponse, nous avons commencé à offrir des arrangements et des horaires de travail plus adaptables pour soutenir nos membres dans la conciliation entre vie professionnelle et obligations personnelles.» Cette pratique aurait «naturellement» réduit le nombre d’employés à temps plein, ajoute-t-elle.
L’année dernière, la firme Miller Thomson a quant à elle décidé de travailler sur l’attraction et la rétention des talents en lançant, en septembre 2023, une campagne sur la marque employeur. Des vidéos visant à rappeler les valeurs d’«esprit entrepreneurial», d’«influence» et d’«inclusion» de Miller Thomson ont alors entre autres circulé sur LinkedIn. L’effet ne s’est pas fait attendre: trois mois plus tard, la firme a vu bondir le nombre de candidatures de 68% et le taux de consultation des affichages, de 73%, nous apprend Jessica Watkins, cheffe en capital humain de Miller Thomson.
«Nous sommes présentement à la recherche d’employés ambassadeurs pour mener la deuxième phase de notre campagne», poursuit-elle. L’objectif sera de produire des témoignages pour «humaniser» la marque. La firme a déjà refait son logo en août passé et elle compte lancer un nouveau site web — avec une section “Vous joindre à notre équipe” — d’ici la fin de l’année. «Tout cela va participer au rafraîchissement de notre image», estime Jessica Watkins.
Parallèlement à cette campagne, Miller Thomson a déployé des efforts en interne pour obtenir la certification Meilleurs lieux de travail («Great places to work») à l’automne 2023.
«Nous allons voir les retombées sur une trajectoire un peu plus longue», précise la cheffe en capital humain. Voyons dans quelle mesure ces initiatives se feront sentir sur le classement de l’an prochain.