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GRANDS DU DROIT. Les 25 plus grands cabinets d’avocats actifs au Québec comptaient 7315 professionnels au 31 décembre 2021. Une baisse de 295 employés (-4,2 %) comparativement à la situation prépandémique, surtout liée à la difficulté de trouver des ressources. En effet, le travail ne manque pas!
Certains ont tout de même connu une progression fulgurante en deux ans. C’est le cas de Fasken, dont le nombre de professionnels a bondi de 34,9 %. Clyde & Cie Canada (+25 %), Stein Monast (+20,3 %) et Dentons (+15,7 %) ont aussi grossi de manière significative. La plupart de ces cabinets ont dû depuis deux ans répondre à la très grande demande pour leurs services en embauchant de nouvelles ressources ou parfois en acquérant d’autres firmes.
Therrien Couture Joli-Cœur (TCJ), par exemple, a annoncé le 19 avril dernier l’arrivée dans ses rangs du bureau Benoît & Côté, spécialisé en propriété intellectuelle. Une équipe de 30 personnes vient donc s’ajouter aux forces de TCJ, qui avaient déjà augmenté de 14 % en deux ans.
« Leurs locaux se trouvent sur le boulevard Crémazie Est, tout près de l’autoroute 40, mais ils ont des employés qui habitent la Rive-Nord et la Rive-Sud dans la région de Montréal, explique le chef de la direction de TCJ, Me Normand Therrien. Or, avec la montée du télétravail, beaucoup d’entre eux rechignaient à se déplacer jusque-là. À l’automne 2021, ils nous ont donc demandé si nous accepterions d’héberger certaines de leurs ressources. »
TCJ leur a plutôt proposé d’unir leurs forces. « Notre offre en propriété intellectuelle n’était pas complète, poursuit Me Therrien. L’arrivée des professionnels de Benoît & Côté nous permettra de jouer à armes égales avec nos concurrents. »
Le cabinet a intégré ses nouveaux locaux montréalais sur le boulevard René-Lévesque Ouest, et le bureau de Québec déménagera à la fin de l’année dans l’édifice Mérici, près de Grande Allée. Quant à l’équipe de Brossard, elle se retrouvera bientôt dans le projet Solar Uniquartier. « Nos espaces étaient devenus trop petits pour soutenir notre croissance », explique Me Therrien.
McCarthy Tétrault se rapproche du sommet
Le sommet du classement regroupe les cinq mêmes cabinets qu’en 2021, mais BCF Avocats d’affaires passe du 5e au 3e rang, alors que Cain Lamarre effectue le chemin inverse. Sur deux ans, c’est toutefois Cain Lamarre qui a connu la plus forte progression, à 6,2 % contre 3 % pour BCF.
Avec une augmentation de 7 % depuis la fin de 2019, McCarthy Tétrault leur souffle dans le cou. « L’année 2021 a été exceptionnelle en matière de volume de travail, notamment en droit des affaires et en litige », indique l’associé directeur régional pour le Québec, Me Karl Tabbakh. Il ajoute que les premiers appels publics à l’épargne ont été nombreux pendant la première moitié de l’année. Les mois suivants ont été marqués par les transactions de fonds privés ainsi que par les fusions et acquisitions.
McCarthy Tétrault a notamment conseillé le consortium dirigé par Canderel, qui a mis la main sur Cominar pour 5,7 milliards de dollars. Il était aussi aux côtés du fournisseur québécois de plateformes électroniques MDF Commerce durant son acquisition de la société américaine Periscope, et du Groupe Lou-Tec, racheté par un consortium mené par le fonds privé Sagard.
Côté litige, McCarthy Tétrault a entre autres soutenu le Mouvement Desjardins dans une action collective en lien avec la grande fuite de renseignements personnels de 2019. Dans un règlement hors cour, la coopérative s’est engagée à verser plus de 200 millions de dollars en dédommagement. Pour que cette entente prenne effet, la Cour supérieure du Québec devait d’abord accepter l’action collective, une étape franchie en février dernier.
Une fusion transformationnelle chez Langlois
Langlois Avocats reste quant à lui bien ancré au 10e rang du classement, avec une croissance de 7,2 % de son nombre d’employés depuis deux ans. En août 2021, le cabinet a annoncé une alliance avec Séguin Racine avocats, cabinet spécialisé en droit transactionnel.
« Ils ont une pratique très pointue et mondiale en droit des affaires, ce qui devient un élément de transformation important pour nous », souligne le chef de la direction, Me Jean-François Gagnon. La transaction s’est révélée d’autant plus naturelle que ce cabinet est dirigé par des amis d’université de l’associé de Langlois, Me Yann Bernard, et que les deux entreprises partagent des cibles de croissance ambitieuses.
Me Gagnon se réjouit aussi de constater que son équipe s’est solidifiée depuis le début de la pandémie. « C’est facile de dire que la firme est fondée sur la bienveillance quand tout va bien, mais la crise sanitaire nous a placés devant des choix parfois difficiles, confie-t-il. Or, nous avons toujours fait passer nos gens en premier. Par exemple, nous n’avons fait aucune mise à pied pour maintenir la profitabilité. Je sens que ces épreuves nous ont soudés et que notre équipe est plus mobilisée que jamais. »