Légende: (Photo: courtoisie)
GRANDS PRIX DU GÉNIE-CONSEIL. CATÉGORIE : BÂTIMENT MÉCANIQUE/ÉLECTRIQUE – Laissé pour compte depuis plusieurs années, l’édifice Wilder, situé en plein coeur du quartier des spectacles, brille maintenant de mille feux. Sous un écrin de verre, il sert de lieu de projection, en plus d’abriter plusieurs organismes phares liés à la danse. Mais redonner vie à ce bâtiment présent dans le paysage montréalais depuis 1918 n’a pas été une mince affaire.
Simplement pour le chauffage, la climatisation et l’électricité, il a fallu déployer des trésors d’ingéniosité pour offrir aux utilisateurs tout le confort moderne, en conservant les vestiges de cet ancien atelier, témoin du passé industriel de Montréal. Un travail qui a permis au consortium composé de SNC-Lavalin et de Bouthillette Parizeau de remporter le Grand Prix du génie-conseil québécois 2019 dans la catégorie Bâtiment mécanique et électrique.
«Si on conçoit habituellement des systèmes qui permettent d’alimenter l’ensemble, cette fois, c’était impossible. Ce qui a constitué tout un défi», explique Dominic Latour, ingénieur, chargé de projet et vice-président, Mécanique chez Bouthillette Parizeau. En effet, les 10 étages de l’ancien bâtiment ont non seulement été protégés d’un mur rideau, mais ils sont maintenant ceinturés de deux agrandissements qui permettent de répondre aux besoins multiples des nouveaux résidents, soit les Grands Ballets canadiens, l’École de danse contemporaine de Montréal, Tangente, l’Agora de la danse, le ministère de la Culture et des Communications et le Conseil des arts et des lettres.
Faire passer le courant
Le hic, c’est que la hauteur des trois ailes – et même celles des étages intérieurs – n’est pas égale. «Les agrandissements nord et sud n’ont pas la même hauteur alors qu’il y a des studios de 14 pieds de haut, ce qui fait en sorte que les bâtiments ne sont pas alignés à tous les planchers», décrit M. Latour. Ainsi, difficile de faire circuler les systèmes du bâtiment d’un secteur à l’autre. «Il a fallu créer une maquette pour coordonner le passage des conduits, trouver des chemins au travers des différents étages pour s’assurer que tout allait passer», explique quant à lui Marc Lajeunesse, ingénieur et concepteur en électricité chez SNC-Lavalin. Tout un casse-tête !
Autre contrainte : pour moderniser le système de chauffage, de ventilation et d’électricité de l’ancien bâtiment, tous les conduits sont intégrés à l’intérieur du plancher, explique M. Latour. «C’est très rare de fonctionner comme cela, mais cela nous permettait de conserver une certaine hauteur, alors que les pièces mesurent 10 pieds, de dalles à dalles. Ce n’était pas évident pour les ouvriers de contourner tous ces conduits, car on ne pouvait pas fermer le plancher avant que tout soit terminé.»
Du point de vue électrique, en plus de travailler différents éclairages, il fallait s’assurer que chacun des occupants avait un système électrique indépendant, avec un compteur bien à lui. De plus, comme l’immeuble se situe en plein coeur du quartier des spectacles, différents dispositifs ont été intégrés pour que les murs extérieurs puissent servir de support à des projections, explique M. Lajeunesse. «Nous avons mis en place un système automatisé de fermeture des toiles motorisées et de l’éclairage. Tout peut se faire directement à partir d’un téléphone cellulaire.»
Pour couronner le tout, le bâtiment est certifié LEED argent et sa conception permet d’économiser près du tiers de la facture en énergie. «C’était vraiment un projet complexe, mais nous avons réussi à transformer les contraintes en atout. Par exemple, dans les studios, nous voulions maintenir le niveau sonore au minimum. Nous avons donc augmenté le diamètre des conduits, ce qui est moins énergivore», affirme M. Latour. Mission accomplie puisque aujourd’hui, cet édifice centenaire fait danser patrimoine et modernité en plein centre-ville !