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L’IA, à la rescousse de la biodiversité

Hugues Foltz|Publié le 09 janvier 2023

L’IA, à la rescousse de la biodiversité

Après une bonne dose de débats et de prises de bec, les délégués présents à la COP15, le mois dernier, en sont finalement venus à un consensus ambitieux. (Photo: Getty Images)

BLOGUE INVITÉ. Après une bonne dose de débats et de prises de bec, les délégués présents à la COP15, le mois dernier, en sont finalement venus à un consensus ambitieux, que plusieurs qualifient «d’historique». En tout et pour tout, ce sont 23 cibles d’action qui ont été désignées pour préserver la biodiversité, dont notamment la protection de 30% des terres et des océans d’ici 2030.

Ce n’était pas trop tôt. Surtout quand on sait que la sonnette d’alarme retentit depuis déjà bien des années quant au déclin rapide de la biodiversité à l’échelle mondiale.

Souvenons-nous que la biodiversité est la variété de toutes les formes de vie sur terre et de leurs interactions entre elles. Elle est la pierre angulaire de notre survie, la source de la nourriture, de l’eau et de l’énergie que nous consommons au quotidien.

Malheureusement, la situation écologique actuelle laisse grandement à désirer. Pour vous donner une idée, nous avons perdu environ 60% de nos mammifères, oiseaux, poissons et reptiles, et ce, depuis 1970 seulement.

Au moment d’écrire ces lignes, on estime que près d’un million d’espèces sont menacées d’extinction, et certaines d’entre elles disparaissent de 1 000 à 10 000 fois plus rapidement qu’elles ne le devraient.

Les changements climatiques, la destruction des habitats, la surutilisation des ressources et la pollution, tous des produits de l’activité humaine, sont les principaux fautifs derrière cette «sixième extinction de masse».

L’urgence d’agir est cruciale, mais il ne faut pas désespérer. Si les efforts à mettre dans les années à venir sont importants, il existe tout de même de nombreuses solutions pour protéger la diversité biologique. Dans cette course contre la montre, l’intelligence artificielle est devenue notre incontournable alliée.

Un exemple notable nous vient d’un groupe de chercheurs de l’Université de Fribourg et de l’Institut Suisse de Bioinformatique, qui a récemment développé un progiciel nommé CAPTAIN (Conservation Area Prioritization Through Artificial Intelligence). À partir de données sur différents écosystèmes, les changements climatiques et l’activité humaine, CAPTAIN simule des environnements et crée des scénarios afin de trouver les meilleures pistes d’optimisation possible et les applique ensuite dans des situations réelles.

Ainsi, les zones les plus vulnérables peuvent être classées par ordre de priorité, ce qui permet de maximiser la protection de la diversité tout en minimisant les coûts. Une technologie de la sorte est d’autant plus pertinente quand on sait que les mesures de protection de l’environnement sont souvent entravées par les conditions économiques.

Le manque criant de financement, source inépuisable de querelles, vient gangréner les efforts mis dans la conservation de la biodiversité, d’où l’intérêt d’utiliser correctement les ressources là où elles sont le plus nécessaires.

Ce n’est bien sûr qu’un aperçu de l’immense potentiel de l’intelligence artificielle dans ce domaine. Par exemple, on l’utilise pour identifier des tendances dans les données qui peuvent ne pas être immédiatement apparentes pour les humains, aidant les scientifiques à mieux comprendre les facteurs qui affectent la santé et la survie de différentes espèces et écosystèmes, et à développer des stratégies pour les protéger.

La robotique et l’automatisation sont également de puissants outils. Drones et autres véhicules autonomes peuvent être utilisés pour étudier de vastes zones terrestres ou marines difficiles d’accès, pour suivre les mouvements de différentes espèces et pour surveiller l’activité humaine.

Qui plus est, tous ces robots viennent assurer une récolte de données constante, une étape critique dans le développement de l’intelligence artificielle et dans la protection et la gestion de la biodiversité.

De nombreuses organisations tirent profit des vastes bibliothèques d’images et de vidéos open source (en source libre) pour former des applications qui permettent de classifier et de répertorier rapidement les différentes espèces de plantes et d’animaux.

Ces mêmes images peuvent s’avérer utiles pour entraîner des modèles d’apprentissage profond servant à détecter et à identifier, avec une précision élevée, des maladies, des anomalies ou des changements dans un écosystème donné et ainsi prendre des décisions plus réfléchies quant à la protection des espèces menacées.

En marge de cette situation, tous les regards sont désormais tournés vers les Nations Unies et les efforts internationaux qui seront investis dans la protection de nos ressources au cours des prochaines années.

Sachant que chaque minute compte et qu’aucun des 20 objectifs internationaux pour la biodiversité fixés pour la période 2010-2020 n’a été atteint, reste à savoir si les promesses de la COP15 seront tenues.

Malgré tout, il nous est permis de cultiver une lueur d’espoir envers le futur et de mettre nos efforts dans des solutions technologiques concrètes avec des impacts réels sur l’environnement.