«Ce sont les artères commerciales qui offrent à la fois une expérience visuelle, de bien-être et de consommation locale qui vont être les premières à bénéficier du retour de leur clientèle», maintient Jean-Pierre Bédar, président RSDCQ. (Photo: 123RF)
IMMOBILIER COMMERCIAL. Avant que ne survienne la crise de la COVID-19, plusieurs villes du Québec avaient entamé des réflexions et des mesures afin de revitaliser leur centre-ville. Voici ce qu’elles avaient imaginé pour refaire battre le coeur des villes, en partant des artères.
« Il ne suffit pas d’injecter de l’argent et de créer des programmes pour dynamiser les artères d’un quartier. Ça prend d’abord un milieu de vie avec sa propre personnalité », avertit Jean-Pierre Bédard, président du tout nouveau Regroupement des sociétés de développement commercial du Québec (RSDCQ) qui réunit, depuis octobre dernier, une cinquantaine de SDC de la province. Jean-Pierre Bédard est aussi directeur général de la SDC Montcalm, rebaptisée Quartier des Arts.
« Peu importe la ville où l’on se trouve sur la planète, ses artères commerciales permettent de prendre le pouls de la société. Ces artères ne doivent pas être des cœurs artificiels. Elles doivent refléter l’âme de la ville. Il est donc essentiel que le quartier qui englobe ces artères se donne une identité, une signature, une image de marque. Chez nous, au cœur du Quartier des arts, à Québec, le développement commercial s’inspire de son voisin, le Musée national des beaux-arts du Québec. Ce développement s’effectue donc autour de la vie culturelle et artistique présente dans la communauté », explique-t-il. Jean-Pierre Bédard est d’ailleurs très fier de la présence de la trentaine d’abat-jour géants et lumineux qui embellissent l’avenue Cartier depuis 2015.
Les habitudes de consommation ont changé pendant la pandémie, poursuit-il. « Les gens ont été confinés. Ils vont souhaiter prendre de l’air, aller se promener dans un environnement inspirant. Et ce sont les artères commerciales qui offrent à la fois une expérience visuelle, de bien-être et de consommation locale qui vont être les premières à bénéficier du retour de leur clientèle », maintient Jean-Pierre Bédard.
Un sentier et des murales géantes
À Gatineau, l’équipe de Vision Centre-ville croit aussi à l’importance de bénéficier d’une forte signature pour stimuler la dynamique de ses cinq principaux pôles commerciaux du centre-ville du secteur hullois. Depuis cinq ans, l’organisme travaille de concert avec la ville de Gatineau et Tourisme Outaouais pour développer des concepts qui vont attirer la population locale à redécouvrir leur centre-ville. « Il faut mettre en place des concepts qui vont créer un lien de destination », souligne Stefan Psenak, directeur général de Vision Centre-ville.
Actuellement, dit-il, le centre-ville hullois souffre d’un déséquilibre entre le nombre de travailleurs et le nombre de résidents. Soirs et week-end le centre-ville devient désert une fois que les 32 000 fonctionnaires fédéraux et provinciaux quittent leur lieu de travail.
« Au lendemain du succès des MosaïCanada 150 présentés au parc Jacques-Cartier à l’été 2017, un événement qui a généré près de 1,4 million de visiteurs, nous avons réalisé qu’il était possible d’attirer des gens autrement qu’avec le Musée canadien de l’histoire. Le centre-ville hullois s’est donc doté d’un sentier culturel de 3 km. Nous travaillons également sur un vaste chantier de murales. Nous souhaitons en présenter 15 d’ici les dix prochaines années », indique Stefan Psenak. En attendant la conception d’une 2e murale cet été, la première murale présentée l’an dernier a déjà remporté un prix du patrimoine.
Miser sur les belles façades d’antan
À Saint-Hyacinthe, où le taux d’inoccupation se situe à 13,5 % avant la COVID-19, la vitalité commerciale de son centre-ville passe notamment par le patrimoine. Depuis 2012, la Ville de Saint-Hyacinthe a investi près d’un million de dollars pour encourager l’investissement du secteur privé dans la revitalisation des façades et enseignes de ses bâtiments au centre-ville, signale Sylvain Gervais, directeur du développement commercial de Saint-Hyacinthe Technopole. Un investissement qui a permis de revitaliser une cinquantaine de façades et d’enseignes. Un ingrédient qui a permis de créer une vitrine architecturale qui contribue aujourd’hui à l’attraction de boutiques et restaurants. Le secteur en compte désormais plus de 130.
Faire de la place à l’innovation
Au centre-ville de Trois-Rivières, où plus de 250 M$ ont été investis au cours des 5 dernières années par la ville et le secteur privé, ici on mise sur le patrimoine du Vieux Trois-Rivières, sur la proximité du fleuve ainsi que la présence d’entreprises liées à l’innovation.
« La vitalité de notre centre-ville a été grandement affectée par le déménagement du Centre Services Canada en mai 2012. Ce déménagement s’est traduit par près d’un million de pieds carrés laissés vacants sur la rue des Forges. Mais avant la crise de la COVID-19, près de la moitié de ces espaces avaient trouvé preneur », signale Mario de Tilly, directeur général d’IDE Trois-Rivières. Et parmi ces nouveaux locataires figurent plusieurs entreprises en innovation, ajoute-t-il. Des travailleurs qui contribuent à la vitalité du secteur.
L’innovation pourrait aussi être la porte de salut du centre-ville de Sherbrooke avec l’arrivée de l’Espace Centro sur la rue Wellington Sud. Ce nouveau bâtiment, dont l’actuelle construction est estimée à 80 M$, doit abriter le futur Quartier général de l’entrepreneuriat et de l’innovation. « Ce projet de deux tours totalisera plus de 200 000 pieds carrés de nouveaux espaces commerciaux, de bureaux et résidentiels. Il comptera également une vaste place publique ainsi que 720 nouvelles places de stationnement étagé. Ce qui aidera la vie commerciale du secteur », indique Charles-Oliver Mercier, directeur général de Commerce Sherbrooke.
Ce projet de revitalisation devrait également se traduire par plus de 350 emplois. Du moins, c’était la prévision avant la COVID-19.