La demande en marchandise fait que certaines entreprises n’ont d’autre choix que de faire construire de nouveaux entrepôts ou alors d’agrandir ceux qu’elles exploitent déjà. (Photo: 123RF)
IMMOBILIER COMMERCIAL. Cent mille, cinq cent mille ou même un million de pieds carrés… Qu’est-ce qui motive les entreprises à vouloir construire d’imposants centres de distribution ? Les Affaires a posé la question à cinq d’entre elles.
Transit veut des espaces automatisés
Transit, qui se présente comme «le plus important distributeur de pièces automobiles de l’est du pays», s’apprête à doubler la superficie de son centre de distribution situé à Lévis. Le printemps prochain, le bâtiment actuel, qui occupe déjà 60 000 pi2 dans le parc industriel Lauzon, sera doté d’un ajout de 60 000 pi2. Cette section sera complètement automatisée. Coût de l’agrandissement : 15 millions de dollars.
«Nous souhaitons doubler nos revenus sans avoir à embaucher de nouveaux employés», explique Stéphane Guay, président de Transit. L’entrepreneur lévisien, qui réalise actuellement 30 M$ de recettes annuelles, cible le cap des 100 M$ de revenus d’ici cinq ans.
Cette PME, qui emploie 70 employés, avait déjà prévu le coup pour des agrandissements futurs. «Lorsque nous avons quitté notre petit entrepôt de 20 000 pi2 du centre-ville de Lévis, en 2008, nous savions qu’éventuellement, nous aurions besoin davantage d’espace, raconte M. Guay. Raison pour laquelle nous avions opté pour le dernier terrain de la rue Jean-Marchand du parc industriel Lauzon. Même si le terrain voisin n’était pas encore ouvert au développement industriel, nous savions que ce dernier pourrait l’être lorsque nos besoins d’agrandissement se feraient sentir. Ce qui se produit aujourd’hui».
Transit détient désormais un vaste terrain de plus de 320 000 pi2, qui est suffisamment grand pour ajouter d’ici quelques années une autre section de 80 000 pi2 à son centre de distribution, affirme son président.
Malgré ses prévisions destinées à soutenir sa croissance, l’entrepreneur estime avoir tout de même fait une erreur. «Le plafond de mon premier bâtiment fait 32 pieds de hauteur ; ce n’est pas assez. Comme le prochain bâtiment aura un plafond de 40 pieds, il faut prévoir un ajustement entre les deux toits dans les coûts de construction», note M. Guay.
La conquête de l’ouest de Canac
Il y a trois ans, la chaîne de quincailleries Canac a établi un imposant centre de distribution de 350 000 pi2 aux abords de l’autoroute 55, à Drummondville. Les travaux de la mégastructure de 35 M$ étaient à peine commencés que l’entreprise achetait un terrain voisin afin de procéder à un agrandissement de 212 000 pi2 de son nouveau bâtiment. Cet ajout, qui a nécessité un investissement de 15 M$, sera justement terminé dans les prochains jours. Et ce n’est pas fini. «Nous négocions actuellement avec la municipalité pour acquérir un autre terrain voisin, cette fois de un million de pieds carrés, pour un autre agrandissement», signale le président de Canac, Jean Laberge.
Pourquoi Drummondville ? «Le coût du terrain, que nous avons obtenu pour moins de 2 $ le pied carré, était très avantageux. Toutefois, c’est surtout la localisation qui a influencé notre choix», indique M. Laberge. Canac veut en effet se rapprocher du marché de l’ouest de la province, qui est en plein développement. L’entreprise termine d’ailleurs la construction d’une 30e succursale à Saint-Jérôme, qui doit ouvrir ses portes en mars prochain. Il s’agit d’un investissement de 9 M$. «D’ici trois ans, nous prévoyons aménager cinq succursales dans l’ouest du Québec», conclut son président.
OK Pneus déménage à Valleyfield
Arrivée au Québec en 2000, plus précisément à Baie-D’Urfé, l’entreprise britanno-colombienne OK Pneus (OK Tire ailleurs au Canada) continue de prendre de l’expansion. La chaîne de services d’entretien et de pneus pour automobiles et véhicules agricoles quitte son entrepôt de 65 000 pi2 sur l’île de Montréal pour emménager à Valleyfield, en Montérégie. Le déménagement des 16 employés et du stock dans un nouveau centre de distribution de 200 000 pi2 est prévu à la fin du printemps 2020.
Pourquoi Valleyfield ? «Le prix du terrain (de 500 000 pi2) était très compétitif, en comparaison avec les six autres sites que nous avons analysés dans le corridor Toronto-Montréal, souligne Tony Beck, vice-président, Logistique et distribution chez OK Pneus. Surtout, il s’agit d’une ville portuaire équipée d’un terminal intermodal ferroviaire et d’un accès au corridor autoroutier. Ce qui en fait un pôle logistique clé de transport et de distribution pour notre entreprise, qui détient une cinquantaine de succursales partout au Québec.»
Ce déménagement permettra à l’entreprise, qui compte déjà 52 adresses au Québec, de poursuivre son expansion partout dans la province. «Nous souhaitons ouvrir au moins 15 nouvelles succursales au cours des deux prochaines années», mentionne M. Beck.
Lumen se soucie du transport des employés
En 2015, Lumen (une division de Sonepar) a quitté Pointe-Claire pour emménager son siège social et son centre de distribution dans un immense bâtiment de 385 000 pi2 aux abords de l’autoroute 440, à Laval. Un édifice certifié LEED dont est très fier le président de Lumen, Serge Leblanc. «Le terrain, qui fait un million de pieds carrés, va nous permettre un éventuel agrandissement de 150 000 pi2», ajoute-t-il.
M. Leblanc explique que les nouvelles installations lavalloises ont permis au plus grand distributeur de produits électriques privés du pays d’être encore plus efficace. «Depuis le déménagement, nous avons ouvert dix nouvelles succursales B2B, dont quatre à l’extérieur du Québec : Moncton, au Nouveau-Brunswick, Dartmouth, en Nouvelle-Écosse et deux en Ontario, dans la région d’Ottawa, ce qui porte à 39 le nombre de succursales Lumen que dessert le centre de distribution automatisé lavallois», souligne-t-il.
Malgré tout, quelque chose agace le président de Lumen. «J’aurais dû négocier avec la Ville un meilleur accès au transport en commun dans le secteur de la rue Louis-B.-Mayer avant de procéder à la première pelletée de terre», admet-il. En l’absence de ce service pour ses 250 employés, l’entrepreneur estime avoir perdu la chance d’embaucher au moins 20 % de candidats compétents, qui ont préféré aller travailler dans un endroit plus facile d’accès.
La Vie en Rose achète plus grand
Il y a déjà 20 ans que La Vie en Rose a son centre de distribution dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. «Et ça va demeurer ainsi pour les prochaines années, étant donné notre actuel déménagement dans l’ancienne usine des biscuits Christie, qui dispose de 353 000 pi2», assure François Roberge, président de l’entreprise.
La Vie en Rose, qui possédait jusqu’à maintenant deux bâtiments, un sur l’avenue Pierre-de-Coubertin et l’autre sur la rue Aird, pour loger son centre de distribution et ses bureaux administratifs, rassemble toutes ses activités sous un même toit. Une nouvelle adresse qui lui offre trois fois plus d’espace.
Plus de 70 % des 335 employés du centre de distribution et des bureaux administratifs résident sur l’île de Montréal. «Plus du quart d’entre eux utilisent le transport en commun», précise M. Roberge.
Pourquoi avoir choisi de déménager dans une ancienne usine plutôt que de construire un tout nouveau bâtiment ? «Opter pour la construction d’un bâtiment neuf aurait représenté un investissement majeur de 100 $ à 125 $ le pied carré, calcule M. Roberge. En achetant l’ancienne usine Christie, cet investissement est réduit de moitié au pied carré, incluant les travaux de réaménagement.» Il précise que le projet d’acquisition et de rénovation représente un investissement de 25 M$.
Pour La Vie en Rose, qui manutentionne plus de 20 millions de morceaux de vêtements par année, ce déménagement répondra avant tout à un besoin d’efficacité. «Notre centre de distribution de la rue Aird, qui faisait 105 000 pi2, était devenu trop petit. On devait manipuler notre stock au moins de quatre à cinq fois avant de pouvoir le livrer dans une de nos 240 succursales au pays. C’était un non-sens», explique son président. De plus, précise-t-il, la nouvelle adresse compte 14 quais de chargement au lieu de trois, ce qui va faciliter les livraisons.