Montréal reçoit du gouvernement provincial les budgets relatifs au développement de l’habitation sur son territoire.
IMMOBILIER COMMERCIAL. La Ville de Montréal semble bien décidée à aller de l’avant avec son nouveau règlement 20/20/20, lequel prévoit imposer la construction de 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux dans les nouveaux projets immobiliers.
«Le règlement sera adopté dans deux mois et entrera en vigueur en janvier 2021», confirme Robert Beaudry, responsable du développement économique et commercial, de l’habitation et du design à la Ville de Montréal.
Depuis l’adoption de la Stratégie d’inclusion de logements abordables dans les nouveaux projets résidentiels, en 2005, la Ville imposait aux projets d’au moins 100 appartements qui dérogeaient au règlement d’urbanisme d’inclure 15 % de logements sociaux et 15 % de logements abordables. Les logements familiaux n’étaient pas mentionnés par ce règlement. Ils le seront désormais, mais pourront être inclus dans la partie des logements sociaux ou abordables.
«Nous voulons que Montréal reste abordable et accessible et que même ceux qui peinent à se payer un logement puissent y rester, explique M. Beaudry. Nous tenons aussi à aider les familles à demeurer en ville. C’est important pour conserver la mixité sociale de Montréal.»
Le Groupe Altus a publié une étude soutenant que le règlement augmenterait de 16 % le prix des logements neufs et favoriserait l’étalement urbain. M. Beaudry rappelle que cette étude ne repose pas sur les données réelles du règlement, qui n’a pas encore été dévoilé. Or, celui-ci comprendrait des éléments favorables aux promoteurs dans le cas des projets dérogatoires, notamment l’augmentation des contributions de la Ville offertes aux propriétaires en fonction du nombre de logements sociaux.
Un outil nécessaire
Xavier Leloup, professeur et chercheur adjoint à l’INRS-Centre Urbanisation Culture Société, voit le futur règlement comme un outil nécessaire et important pour la Ville de Montréal. «Il y a une forte pression immobilière à Montréal, surtout sur les quartiers centraux, donc y maintenir du logement social et abordable exige de se doter de nouveaux moyens d’intervention» croit-il.
En septembre 2017, Montréal a obtenu son statut de métropole. Dans la foulée, elle a signé une entente de cinq ans avec le gouvernement provincial, lui octroyant les budgets relatifs au développement de l’habitation sur son territoire. La mairesse Plante avait déjà souligné à ce moment que l’entente favoriserait la réalisation d’une de ses promesses électorales phares : la création de 12 000 logements sociaux, abordables et familiaux.
Le règlement 20/20/20 s’inscrit dans cette volonté. D’autant que le contexte politique plus large n’est pas très favorable. «Le dernier budget provincial ne prévoit aucun financement supplémentaire de logements sociaux et Québec n’a pas encore trouvé d’entente avec le gouvernement fédéral dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement» rappelle M. Leloup.
Avant même l’adoption du nouveau règlement, l’administration a déjà approuvé un projet qui en respecte le cadre. Situé au métro Frontenac, le projet de 298 appartements, dont 109 logements abordables et 57 appartements de trois chambres et plus, est mené conjointement par la Société de transport de Montréal et la Société d’habitation et de développement de Montréal. Il doit être livré en 2021.