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Immobilier commercial: qui prête de l’argent ces temps-ci?

Claudine Hébert|Édition de la mi‑octobre 2024

Immobilier commercial: qui prête de l’argent ces temps-ci?

Éric Pichette, président de Qualinet, a reçu un prêt de plus de 5M$ de la BDC pour la reconstruction de son siège social. (Photo: courtoisie)

IMMOBILIER COMMERCIAL. En plus de devoir verser davantage d’équité pour démarrer leurs projets, les promoteurs immobiliers constatent que les acteurs financiers pouvant leur prêter de l’argent ne se bousculent pas au portillon. Certaines institutions ont tout de même permis de tenir le coup depuis deux ans.

L’un des noms qui circulent allègrement dans l’industrie est celui de la BDC. « Au cours des dix-huit derniers mois, la BDC a été très présente dans les transactions immobilières dans lesquelles notre agence a été impliquée », fait remarquer Mark Sinnett, associé, vice-président exécutif et chef des marchés des capitaux au Québec, à l’agence Avison Young.

Au cours de la dernière année, note-t-il, la BDC a participé activement au financement de près d’une dizaine d’entreprises qui ont décidé d’acheter l’immeuble dans lequel elles étaient locataires depuis des années ; ou d’opter pour un bâtiment avec un taux de vacance élevé. « Un type de transaction que l’on voyait très rarement avant la pandémie », soulève Mark Sinnett. Les bonnes occasions d’affaires, dit-il, se sont présentées.

Les avantages BDC

« Aider les entreprises à investir dans leur immobilier a toujours fait partie de notre ADN », signale Julie Santucci, vice-présidente, Rive-Sud, à la BDC. Depuis sa création en 1944, la BDC a toujours eu la réputation d’offrir des conditions flexibles pour financer le volet immobilier des entreprises. « Ce financement, explique-t-elle, permet aux entreprises de consacrer davantage de liquidités pour favoriser leur croissance et leur productivité. »

Dans les coulisses, certains soutiennent que la BDC propose des taux plus élevés que la plupart des banques à charte. Julie Santucci répond que son institution demeure un prêteur complémentaire. « Nous sommes prêts à prendre davantage de risque, à demander moins de mise de fonds à nos clients. Parfois même aucune mise de fonds. Nous offrons des prêts qui s’étendent jusqu’à 25 ans et même un moratoire de capital qui peut s’étirer jusqu’à 36 mois », résume la gestionnaire. En somme, peut-on lire entre les lignes, c’est de bonne guerre que les avantages de la BDC, qui offrent plus de flexibilité, soient un peu plus coûteux que la
compétition.

La gestionnaire tient aussi à préciser que sa banque propose des services-conseils qui, avant d’effectuer tout financement, aident la clientèle affaires à bien cerner ses réels besoins immobiliers.

Le cas de Qualinet

Éric Pichette, président de Qualinet, est l’un de ces entrepreneurs qui ont récemment signé un pacte majeur avec la BDC. L’homme d’affaires a obtenu un prêt de plus de 5 millions de dollars (M $) pour la reconstruction du siège social de son entreprise, situé à Québec. La nouvelle structure de près de 14 500 pieds carrés permet non seulement de tripler la superficie des anciens locaux, mais aussi de doubler le personnel du siège social qui s’établit actuellement à 70 employés.

Éric Pichette tient à signaler que toutes les banques à charte qu’il avait contactées acceptaient d’embarquer dans son projet. Mais il a préféré opter pour l’offre de BDC avec qui il fait affaire depuis la création de Qualinet en 1994. Sans trop dévoiler de détails de cette entente confidentielle, le dirigeant mentionne que les conditions offertes étaient plus qu’avantageuses pour son entreprise. « La BDC était même prête à nous offrir davantage d’argent si nous en avions eu besoin », confie-t-il. Qualinet doit prendre possession des lieux le 1er décembre prochain.

La créativité de Desjardins

Desjardins figure aussi parmi les acteurs financiers qui ont été actifs au cours des deux dernières années, comme en témoigne le coactionnaire de Groupe HD, Thomas Dufour. L’entreprise immobilière qu’il préside a acheté, en 2024, le terrain et les bâtiments de deux concessions automobiles de la grande région de Montréal. Deux adresses qui seront bientôt converties en projets résidentiels. « Dans les deux cas, Desjardins a accepté de nous prêter 65 % des montants nécessaires pour effectuer les deux transactions impliquant l’ancien Volkswagen LaSalle (dont la concession a été relocalisée dans un nouvel immeuble du Groupe Spinelli) et Fortier Ford, qui est toujours à l’enseigne du boulevard Louis-H.-Lafontaine, à Anjou. L’avenir de cette concession n’a pas encore été statué.

Si le site de LaSalle, acheté au coût de 5 M $, sera exclusivement consacré à la construction de 150 appartements, le site de Fortier Ford (acquis pour la somme de 36 M $) prévoit une zone commerciale sur le tiers du terrain totalisant 300 000 pieds carrés. Au moins 860 appartements sont prévus, dont les deux tiers seront en location.

Le promoteur Dufour, en affaires depuis 15 ans, tient à préciser que Desjardins a été l’un des prêteurs les plus créatifs, compréhensifs, voire agressifs dans la formulation des prêts immobiliers au cours des deux dernières années. « Notre taux variable a même été négocié sous la barre des 8 % », dit-il. Ce coup de main financier a d’ailleurs constitué un important levier pour convaincre des partenaires investisseurs de différents fonds (Société financière Bourgie, Kastello Immobilier et Fondaction, pour ne nommer que ceux-ci) à prendre part à la partie équité des récentes transactions du
Groupe HD.