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L’incertitude freinera le marché immobilier en 2025

Charles Poulin|Publié le 05 Décembre 2024

L’incertitude freinera le marché immobilier en 2025

Le prix médian des propriétés devrait atteindre 599 307$ au quatrième trimestre de 2025 selon Royal LePage. (Photo: 123RF)

IL ÉTAIT UNE FOIS… VOS FINANCES. Le marché immobilier québécois sera en hausse en 2025, mais les experts estiment que l’incertitude économique va freiner en partie le prix des propriétés au Québec.

On aurait pu s’attendre à ce que les acheteurs se ruent dans les brancards maintenant que le Banque du Canada a dévoilé son intention de poursuivre ses baisses de taux et que l’inflation est en grande partie maîtrisée.

Si l’on se fie aux prévisions de Royal LePage et de Proprio Direct, ce ne sera toutefois pas le cas au cours des 12 prochains mois.

Royal LePage avance que la croissance des prix à travers la province se situera à 7% (8% pour les maisons unifamiliales, 6% pour les copropriétés), tandis que Proprio Direct la chiffre plutôt à 3%. Le nombre de transactions devrait augmenter de 8%, soutient Proprio Direct.

À titre comparatif, les ventes ont augmenté de 47% en novembre par rapport à la même période en 2023 à Montréal (46% à Québec) et les prix des maisons unifamiliales ont grimpé de 11% (12% à Québec), selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

«Il y a une reprise de vigueur, mais qui est quand même un peu modérée par certaines inquiétudes que certaines personnes peuvent avoir au niveau de l’économie, notamment au niveau du marché de l’emploi, explique le président de Proprio Direct, Philippe Lecoq. Le taux de chômage n’est pas alarmant aujourd’hui, mais il est quand même en croissance.»

Prix

Évidemment, ce ne sont pas tous les centres urbains québécois qui seront affectés de la même manière en 2025.

Le marché de Québec sera celui qui subira la plus forte hausse avec 11%, mais il est l’un de ceux les moins chers de la province. Le prix médian des propriétés devrait ainsi passer de 398 300$ à 442 113$.

Le marché de Sherbrooke suivra avec une hausse de 7%, et un prix de propriétés médian qui passera de 383 000$ à 409 810$.

Suivront ensuite la grande région de Montréal à 6,5% (615 100$ à 655 082$), Gatineau à 6% (456 600$ à 482 996$) et finalement Trois-Rivières à 4% (356 200$ à 370 448$).

Et à quoi pourrait ressembler votre paiement hypothécaire si vous achetez une propriété?

RateHub évalue qu’un propriétaire qui verse une mise de fonds de 10% sur une maison de 536 621$ (prix moyen au Québec en octobre selon l’Association canadienne de l’immobilier) avec un taux variable sur 5 ans de 4,85% et amorti sur 25 ans aura un paiement hypothécaire mensuel de 2854$.

Offre encore mince

Une constante qui ne risque pas de disparaître de sitôt: le manque de propriétés sur le marché.

Les mises en chantier ont connu une légère hausse en 2024, remarque Royal LePage, mais les moratoires sur le dézonage qu’imposent des villes comme Sherbrooke, Lévis et bientôt Gatineau limitent la réponse à la demande croissante.

« On voit qu’il y a quand même un élément assez important en termes de nombre d’habitations qui manquent, souligne Philippe Lecoq. On va rester dans un déséquilibre, il manquera toujours d’inventaire un peu. On ne réglera pas la question d’inventaire tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de changement marqué relatif à la construction d’habitations neuves. »

Le grand méchant Trump

Plusieurs s’inquiètent déjà des effets néfastes que pourrait avoir l’entrée en poste, en janvier, du président élu américain Donald Trump. Celui-ci a annoncé vouloir imposer des tarifs douaniers de 25%, ce qui aurait des répercussions sur l’économie canadienne, intimement liée à celle de nos voisins du Sud.

« Les enjeux commerciaux avec les États-Unis pourraient introduire une certaine volatilité, croit le vice-président exécutif au développement des affaires chez Royal LePage, Dominic St-Pierre. Les discussions relatives à une éventuelle augmentation des tarifs douaniers par la nouvelle administration Trump suscitent des questions, mais nous croyons que des mesures précipitées seraient peu probables, compte tenu de l’interdépendance économique entre les deux pays. »

Mais si ces tarifs venaient à passer, il reste à voir quelles en seraient les répercussions sur l’économie et le marché immobilier au pays, mais aussi quelle serait la réponse canadienne, observe Philippe Lecoq.

«La question est de savoir combien de temps faudrait-il pour que les répercussions se fassent sentir ici, remarque-t-il. C’est sûr qu’à long terme, les tarifs, c’est inflationniste. Il faudra surveiller quelles seront les mesures réelles mises en place à partir du 20 janvier par le nouveau président américain et quelles seront les réponses données par le Canada. Est-ce qu’on va réussir à convaincre Donald Trump que le gouvernement fédéral va prendre plus de mesures pour sécuriser les frontières? Et qu’alors, il se désistera de cette promesse-là? Ou est-ce qu’il va vraiment aller de l’avant? C’est le gros point.»