Quel effet aura la hausse du chômage sur la décision de la Banque du Canada?
Morningstar|Publié le 09 Décembre 2024(Photo: Getty Images)
Le rapport canadien sur l’emploi de novembre a fait état d’une forte augmentation du nombre de chômeurs, suscitant des inquiétudes quant à la santé du marché du travail national et renouvelant les appels à une baisse plus importante des taux de la Banque du Canada.
Le Canada a créé 51 000 emplois en novembre, soit le rythme le plus rapide depuis sept mois si l’on exclut la pandémie, dépassant largement les prévisions de FactSet qui tablaient sur 22 500 emplois.
Cependant, le rapport de Statistique Canada — considéré comme un élément décisif dans le débat sur la question de savoir si la Banque procédera à une réduction d’un demi-point ou d’un quart de point — a également montré une tendance inquiétante sur le marché du travail.
Le taux de chômage s’est élevé de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 6,8%, en hausse par rapport au taux de 6,5% enregistré en octobre et en septembre. Cette hausse brouille les cartes du marché de l’emploi canadien dans un contexte de ralentissement économique plus large. Il s’agit du taux de chômage le plus élevé depuis près de huit ans, ce qui pourrait être une source d’inquiétude pour la Banque du Canada.
La Banque du Canada va-t-elle réduire son taux d’intérêt d’un demi-point?
«Nous pensons que la Banque [du Canada] réduira probablement de 50 points de base, [puisque] la politique monétaire restrictive n’est plus nécessaire», déclare Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. Selon lui, le taux de chômage a été maintenu artificiellement bas par la baisse de la participation au cours des mois précédents, ce qui a permis de masquer le fait que le marché de l’emploi reste très mou. «Il y a encore des lacunes et nous craignons de nouvelles hausses du taux de chômage dans les mois à venir», prévient-il.
Réagissant à la forte hausse du taux de chômage, l’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, a changé d’avis sur la prochaine décision de la banque centrale en matière de taux: il prévoit désormais une baisse de 50 points de base. «Lorsque les faits changent, nous changeons, et la forte hausse du taux de chômage est un changement important, surtout après deux mois de calme», a-t-il expliqué dans une note aux investisseurs.
Bien que certains indicateurs soutiennent le contre-argument d’une réduction d’un quart de point, tel que l’augmentation de la demande intérieure, une hausse de l’inflation de base et la chute du dollar canadien, «la banque [centrale] semble avoir tendance à assouplir rapidement, et le taux de chômage élevé lui fournit une invitation toute prête», a écrit M. Porter.
Andrew Grantham, économiste principal à la Banque CIBC, a réitéré son appel à une réduction de 50 points après la publication du rapport sur l’emploi de novembre, affirmant qu’il reflétait une économie en difficulté : “Malgré l’augmentation du nombre d’emplois en tête d’affiche, les données d’aujourd’hui étaient dans l’ensemble plus faibles que prévu, et le taux de chômage de 6,8 % suggère que des marges de manœuvre continuent de s’ouvrir au sein de l’économie canadienne.”
Il s’attend à ce que la situation se stabilise au cours du premier semestre 2025 et s’améliore au cours du second semestre, «une fois que les taux d’intérêt auront atteint un niveau suffisamment bas pour accélérer la croissance économique.»
Tiago Figueiredo, stratège macroéconomique chez Desjardins, déclare : “Compte tenu de tous ces éléments, je continue de penser que la Banque du Canada réduira ses taux de 25 points de base en décembre.” Néanmoins, il concède que “les risques sont évidemment orientés vers une baisse de 50 points de base”.
Philip Petursson, stratégiste d’investissement en chef chez IG Wealth Management, considère les chiffres d’aujourd’hui comme une nouvelle preuve que l’économie canadienne trébuche sur de multiples fronts, notamment dans des domaines clés tels que la croissance du PIB et le taux de chômage. “Nous réitérons notre conviction que la Banque du Canada devrait réduire ses taux d’intérêt de 50 points de base lors de sa prochaine annonce, et qu’elle le fera très probablement”, déclare-t-il. M. Petursson préfère qualifier la réduction potentielle d’un demi-point de “nécessaire” plutôt que d’“agressive”, et il affirme qu’“une autre [réduction] de 50 points de base est une réponse mesurée aux défis économiques actuels ».
Figueiredo adopte un point de vue divergent pour réitérer son argument en faveur d’une réduction moins importante. Il souligne que l’augmentation du taux de chômage est presque entièrement due à une augmentation de la participation au marché du travail. Par conséquent, le ralentissement attendu de la croissance démographique pourrait maintenir le taux de chômage sous contrôle et contribuer à rééquilibrer le marché du travail canadien.
Le rapport sur l’emploi de novembre montre une tendance à l’affaiblissement
Le rapport sur l’emploi publié aujourd’hui met en évidence une tendance inquiétante sur le marché du travail canadien, avec un taux de chômage qui évolue dans la mauvaise direction. “La plus grande surprise de ce rapport est le déséquilibre massif entre les embauches dans les secteurs public et privé”, déclare M. Petursson. 90 % des emplois ont été créés dans le secteur public, une tendance inquiétante qui “souligne une fois de plus la faiblesse générale de l’économie canadienne”.
En outre, la faiblesse de l’économie, tel qu’en témoigne le récent rapport sur le PIB, n’incite pas les analystes à croire que le marché de l’emploi va bientôt se redresser. M. Arseneau reste préoccupé par la faiblesse persistante du marché du travail, qui pourrait s’aggraver. “Les embauches continuent d’être dominées par le secteur public, alors que le secteur privé canadien est clairement en difficulté”, déclare-t-il, soulignant qu’il s’agit d’une raison supplémentaire pour que la Banque du Canada “revienne rapidement à une [politique monétaire] neutre.”
En revanche, M. Figueiredo a une vision plus optimiste du marché de l’emploi — à condition que les politiques commerciales américaines proposées par le président américain élu Donald Trump ne jettent pas un pavé dans la mare. «Dans la conjoncture actuelle, je continue de penser que le taux de chômage est proche de son pic et que nous devrions commencer à le voir se normaliser dans les mois à venir», déclare-t-il.
Cet article a été généré à l’aide de l’intelligence artificielle et revu par les rédacteurs de Morningstar. L’auteur ou les auteurs ne possèdent pas de parts dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.