Alice au pays de la copropriété: voyage imaginaire entre droits et devoirs
Gabriel Marcu|Mis à jour le 07 novembre 2024
Vivre en copropriété, ce n’est pas seulement une histoire de mètres carrés, de murs et de règlements. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Imaginez si vous le voulez bien que la légendaire Alice, nouvellement copropriétaire, n’ait pas traversé un miroir, mais bien la porte du hall d’entrée d’une copropriété.
En rentrant, à sa droite, elle aperçoit le duché du calme absolu, gouverné par Monsieur Tan Meltouw, roi des règlements et redouté pour son pouvoir légendaire de rappeler que «les enfants ne jouent pas dans les couloirs». À sa gauche, le royaume du loggia tropical, dirigé par Madame N’Vie Debonfoã, qui rêve d’habiter dans un tout inclus exotique.
Un jardin secret entre des lignes communes
Elle découvre que dans ce monde merveilleux, chaque résident a droit à son petit coin d’intimité, une oasis paisible où le décor est libre et les couleurs éclatantes. Ici, les droits des copropriétaires sont garantis comme des trésors sous scellés par la déclaration de copropriété. Elle-même pourrait transformer son salon en mini-salle de yoga zen… à condition, bien sûr, que les chaussettes de Cendrillon pressées restent silencieuses et que le son du bol tibétain ne résonne pas jusqu’au septième étage.
Et pourtant, malgré toute cette liberté, il existe une barrière invisible, comme un champ de force magnétique, qui maintient l’équilibre sacré entre l’espace privé et ceux communs.
L’union fait le fonds de prévoyance
Parmi ces étranges personnages, Alice rencontre aussi le comité des grandes décisions, soit le conseil d’administration, dont la mission sacrée est d’assurer la préservation du royaume et la prospérité de la communauté.
Ici, on sait que chaque centime dépensé fait de ce petit monde une monarchie plus belle et plus paisible. Ou des gangs en guerre si la facture ne fait pas l’unanimité!
Il suffit que le chapelier fou des frais communs, alias le trésorier, hausse les coûts pour que le royaume bascule dans une tragédie digne de Shakespeare: copropriétaires effrayés criant: «trop cher, trop cher»!
Échauffements de la vie en communauté
Mais ce qui fascine le plus Alice dans cet étrange royaume, ce sont les petits heurts du quotidien, dignes des plus grandes aventures écrites par le mathématicien Lewis Caroll, le fameux créateur d’Alice.
Un mardi, à l’aube, elle entend un chant retentissant: c’est Señora Solle Fasido, qui répète en télétravail ses gammes de soprani accompagnées par son conjoint Señor Tam Burros.
Une autre fois, c’est le coach Ukulélés qui anime un cours de Zumba sur Zoom, dans son salon, sur la trame sonore du carnaval du Rio.
Sur l’heure du souper, quand tout semble enfin paisible, Barkingston Brothers Chihuahuas fait résonner l’immeuble, en accompagnant vocalement le claquement de portes et des clés.
Et n’oublions pas Lord Tan Kaste Sorey, ambassadeur de la confédération des karaokés, qui invite régulièrement les voisins à des soirées où les classiques de Céline Dion et du rock alternatif sont revisités avec ferveur.
La magie du «on règle ça autour d’un thé»
Et puis il y a les fameuses frictions du troisième étage, légendaires dans tout l’immeuble. Celles qui commencent par un toc-toc discret à la porte de monsieur Tan Meltouw, suivi d’un chuchotement nerveux: «Il y a un jacuzzi clandestin sur le balcon du quatrième…».
Dans le monde de la copropriété, ces petits incidents prennent parfois des proportions fabuleuses.
Heureusement, Alice découvre que, dans ce monde fantastique, la prévention, définie par des gestes simples, mais qui apaisent bien des cœurs, est une forme de magie douce qui désamorce bien des conflits.
Effectivement ici, la prévention est reine, et la règle d’or est simple. Avant que le jacuzzi ne déborde de bulles d’indignation, on invite les parties prenantes pour une discussion autour d’un thé à la Mad Hatter où l’on dédramatise, explique, et trouve une solution qui contentera tout le monde.
Et si malgré les bonnes intentions, le différend persiste? C’est alors que l’équipe de médiation fait son entrée en scène, comme une bonne fée armée d’une baguette de douceur et de compromis. L’important après tout est de maintenir un climat où chacun se sent respecté, écouté en toute confidentialité et où l’on peut toujours désamorcer la moindre querelle avec un sourire et une main tendue.
La symphonie préventive de la convivialité
Et voilà qu’Alice obtient enfin la clé honorifique de son condo tant rêvé.
Vivre en copropriété, ce n’est pas seulement une histoire de mètres carrés, de murs et de règlements.
C’est l’art de composer une symphonie ensemble où les droits de chacun résonnent en harmonie avec les besoins collectifs. C’est comprendre que parfois, un simple règlement d’usage est comme une petite dose de potion magique. Il prévient bien des ennuis sans jamais brider les rêves et la liberté de chacun.
En ce monde de règles et de droits, Alice comprend qu’avec une pointe d’humour, une pincée de diplomatie et une bonne carafe de prévention, la copropriété peut devenir un véritable pays des merveilles où les querelles sont des contes pour endormir les enfants.
Car ici, chaque balcon est une bulle de rêve, chaque hall est une agora de rencontres et chaque voisin, même un peu loufoque, est une carte précieuse dans un jeu de société en milieu communautaire.
Et vous, êtes-vous prêts à accueillir Alice dans votre copropriété?
