Encore des risques sur le marché hypothécaire canadien, selon la SCHL
La Presse Canadienne|Mis à jour le 04 novembre 2024Un nombre croissant de nouveaux prêts hypothécaires sont accordés par des prêteurs alternatifs. (Photo: La Presse Canadienne/Darryl Dyck)
Ottawa — Les risques demeurent sur le marché hypothécaire au pays, car de nombreux emprunteurs doivent encore renouveler l’année prochaine à des taux plus élevés. De plus, les prêteurs non traditionnels prennent une part croissante des nouveaux prêts hypothécaires et les taux de défaut de paiement continuent d’augmenter, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Son dernier rapport sur le secteur des prêts hypothécaires résidentiels, publié lundi, fait preuve de prudence alors que, dans l’ensemble, le marché de l’habitation a bien résisté malgré les taux d’intérêt plus élevés et la faiblesse de l’économie.
Les prêts hypothécaires en souffrance depuis plus de 90 jours représentaient 0,19% du marché global au deuxième trimestre de 2024, en hausse par rapport au niveau record de 0,14% en 2022, mais toujours bien en dessous des 0,28% observés avant la pandémie, indique l’agence fédérale.
La pression est plus forte dans le secteur des prêts alternatifs, qui s’adresse en partie aux emprunteurs qui pourraient avoir du mal à se qualifier auprès des grandes banques en raison de leur cote de crédit ou de revenus moins stables, et qui paient généralement des taux d’intérêt plus élevés pour compenser le risque.
Les taux de souffrance de 90 jours des entités de placement hypothécaire ont dépassé les niveaux d’avant la pandémie pour atteindre 1,15% au premier trimestre, contre 0,88% un an plus tôt.
Pour les emprunteurs possédant des maisons unifamiliales dans ce segment, le taux de ceux des 25 premières sociétés de placement hypothécaire ayant plus de 60 jours de retard de paiement a atteint 5% au deuxième trimestre, contre 1,7% au quatrième trimestre de 2022.
«Au deuxième trimestre de 2024, le profil de risque des prêteurs non traditionnels s’est accru. L’augmentation des cas de défaut et des saisies d’une année à l’autre dans le segment des maisons individuelles en témoigne», évoque la SCHL.
Elle a également averti que les prêteurs alternatifs ont moins de prêts hypothécaires où ils sont les premiers à être remboursés et ont des ratios prêt/valeur plus élevés qu’il y a un an.
L’avertissement survient alors que les 25 plus grandes sociétés de placement hypothécaire ont vu leurs actifs sous gestion augmenter de 4,9% au deuxième trimestre par rapport à l’année dernière, tandis que le marché global des prêts hypothécaires résidentiels a progressé de 3,5%.
La SCHL indique que 1,2 million de prêts hypothécaires doivent être renouvelés en 2025 et que 85% d’entre eux ont été signés lorsque le taux de la Banque du Canada était à 1% ou moins.
Les emprunteurs qui doivent renouveler leur prêt l’année prochaine seront toutefois confrontés à des taux d’intérêt plus bas que ceux que beaucoup ont vus cette année, car la Banque du Canada a déjà abaissé son taux directeur à quatre reprises pour le porter à 3,75% actuellement. D’autres baisses sont attendues au cours des prochains mois.
Mais il s’agit toujours d’un bond important par rapport aux taux d’intérêt d’il y a quelques années, et cela survient alors que les défauts de paiement sur les prêts automobiles et les cartes de crédit augmentent également, car de nombreux Canadiens éprouvent des difficultés financières.
«Le taux de prêts hypothécaires en souffrance continue d’augmenter, et on prévoit des hausses supplémentaires en 2025 par rapport aux niveaux historiquement bas enregistrés pendant la pandémie. De plus, l’endettement élevé des ménages et les renouvellements à un taux d’intérêt plus élevé demeurent préoccupants pour l’économie canadienne», écrit l’agence.
Par Ian Bickis