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Rachel Julien: du changement pour ses 30 ans

Charles Poulin|Publié hier à 13h02

Rachel Julien: du changement pour ses 30 ans

Mélanie Robitaille prendra progressivement le relais de son oncle Denis à la tête de Rachel Julien. (Photo: courtoisie Rachel Julien)

Le promoteur immobilier Rachel Julien fête ses 30 ans. Un vent de changement souffle sur l’entreprise, qui poursuit le virage amorcé il y a six ans vers les immeubles locatifs.

Le fondateur et président de l’entreprise familiale, Denis Robitaille, a récemment annoncé qu’il allait se retirer progressivement pour laisser sa place à la direction de l’entreprise, qui sera assurée par la vice-présidente, sa nièce Mélanie Robitaille.

Denis Robitaille a signifié, lors d’une réception organisée pour souligner les 30 ans de l’entreprise au début d’octobre, qu’il allait tranquillement se retirer pour conserver un rôle de conseiller auprès de Mélanie Robitaille.

«Je dirais que c’est un work in progress, explique Mélanie Robitaille. Denis n’est pas parti le lendemain matin. La relève est bien assurée. J’ai eu une excellente formation de sa part, et je vais continuer à avoir un accompagnement pendant plusieurs années.»

Le fondateur va demeurer bailleur de fonds pour l’exploitation de l’entreprise, ajoute-t-elle. La transition était d’ailleurs en partie amorcée.

«La présence de Denis n’est pas régulière au bureau, avance-t-elle. Parfois, je suis prise dans des dossiers, prise dans des dossiers, prise dans des dossiers, puis je finis par me dire que c’est insoluble, puis je l’appelle. Il a toujours une idée parce qu’il est à l’externe, parce qu’il a 50 ans de métier derrière la cravate. Pour moi, c’est vraiment une chance extraordinaire d’avoir sa confiance et de savoir qu’il va continuer à être là pour me conseiller pour les prochaines années.»

Immeubles locatifs

La nouvelle présidente indique que Rachel Julien continuera son virage vers la construction et la gestion d’immeubles locatifs à l’intérieur du portefeuille de l’entreprise.

« Rachel Julien, c’est une entreprise qui a été fondée par mon oncle il y a 30 ans, rappelle Mélanie Robitaille. À la base, dans notre ADN, nous sommes promoteurs immobiliers, des idéateurs de projets. Nous achetons des terrains pour imaginer des projets structurants pour revaloriser les quartiers montréalais. »

L’entreprise s’est concentrée, au départ, dans la conversion d’immeubles (églises, écoles, sites industriels, etc.) puis dans les constructions en bois-brique, toujours à Montréal. Depuis une vingtaine d’années, elle s’est spécialisée dans les constructions en hauteur de béton.

Si elle ne faisait qu’exclusivement des appartements en copropriétés, elle s’est virée, il y a six ans, vers les immeubles locatifs. Rachel Julien construit ses propres projets, possède ses propres équipes de location et de vente à l’interne et conserve la détention des immeubles multirésidentiels locatifs et des immeubles commerciaux au sein de l’entreprise.

Il s’agit là d’une vocation qu’elle entend poursuivre.

« Je me suis jointe à Denis il y a 15 ans, souligne Mélanie Robitaille. Je suis actuaire de formation. J’ai travaillé longtemps en gestion des risques et, pour moi, avoir une entreprise qui ne fait que construire et vendre des condos, ce n’est pas un bon choix de saine diversification. Donc, je pense que c’est impératif pour une entreprise comme la nôtre de se diversifier. »

Longue capitalisation

Ce virage vers les projets multirésidentiels locatifs a pris beaucoup de temps, admet la nouvelle présidente de la compagnie, mais c’est en raison de son mode de financement.

« Nous ne travaillons qu’avec des institutions financières traditionnelles, ce qui fait en sorte qu’on a eu besoin pendant près de 30 ans de se capitaliser adéquatement pour être en mesure de réussir ça, soutient-elle. Dans un projet de condominiums, je récupère ma mise de fonds une fois mes unités livrées, alors que dans un projet locatif, notre mise de fonds est récupérée dans 30 à 50 ans. Il faut avoir les reins solides. »

Rachel Julien possède actuellement environ 150 unités. L’entreprise vient de lancer les deux premières phases de son projet Canoë, un projet mixte qui comptera à terme 5000 unités d’habitation et qui sera érigé dans Hochelaga-Maisonneuve. Les 210 premiers logements, qui sont déjà disponibles en prélocation et en prévente, seront livrés le 1er juillet 2025, et les 289 autres de la deuxième phase le seront le 1er juillet 2027.

Le projet comprend des condominiums commerciaux, des locaux commerciaux à louer, des condominiums résidentiels à vendre ainsi que des appartements à louer. Mélanie Robitaille souligne que la phase 1 locative est financée en vertu de la Stratégie nationale du logement du gouvernement fédéral, ce qui permettra d’avoir plusieurs unités abordables pour les ménages du quartier.

« Notre parc locatif était inexistant il y a six ans et dans trois ans, nous aurons 700 unités sous gestion, observe Mélanie Robitaille. Ça nous a poussés à faire certaines embauches, à réorganiser des départements. C’est vraiment ce qui nous occupe actuellement, améliorer la productivité de notre jeune équipe de gestion immobilière qu’on a à l’interne. »

L’entreprise compte autour de 40 employés actuellement, mais avec les deux chantiers prévus, elle va probablement gonfler entre 55 et 60 employés pour supporter les opérations de chantier.

Relève

Le fait de se diriger vers des constructions qui restent au sein de l’entreprise n’est pas étranger non plus au désir de léguer l’entreprise, éventuellement, à une troisième génération. « Denis a deux enfants et moi aussi, indique Mélanie Robitaille. C’est plaisant de léguer de l’argent, mais c’est encore plus plaisant de léguer un actif immobilier. Je pense que ça a été un des facteurs qui ont fait en sorte qu’on se retrouve avec la dynamique qu’on a aujourd’hui. On se trouve très chanceux d’avoir sur la planche à dessin 700 unités neuves, une épicerie, un CPE, une pharmacie. »