Des innovations qui favorisent des emballages écoresponsables
Claudine Hébert|Édition de la mi‑juin 2019(Photo: 123RF)
INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. Devant la pression sociale et celle des fournisseurs, les entreprises de l’industrie de l’emballage doivent développer des solutions durables. Des innovations qui aident déjà, ou qui aideront à faire une différence.
Emballage Cartier n’en démord pas. La meilleure façon pour une entreprise d’être plus écoresponsable est de présenter, dès le départ, le meilleur emballage qui soit pour chacun de ses produits. «Malheureusement, on assiste encore à trop d’essais et erreurs. On estime que plus de 80 % des entreprises n’ont pas encore optimisé leur emballage pour réduire le suremballage ou les risques de dommages à leur produit», soutient Jocelyn Legault, directeur des services techniques chez Emballage Cartier.
Pour corriger ces problèmes, l’entreprise de Saint-Césaire, qui se spécialise dans l’emballage industriel, multiplie les solutions afin d’optimiser la protection des produits. Après avoir mis sur pied un laboratoire, en 2011, qui permet de tester la qualité et la durabilité des emballages, l’entreprise s’invite en plus chez ses clients. «Nous avons créé un nouveau système qui permet de suivre à distance la performance des équipements d’emballage de nos clients qui utilisent de la pellicule étirable. Baptisée Jules, cette technologie agit comme si vous aviez sur place un technicien virtuel qui suit le fonctionnement de l’appareil d’emballage 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ce dernier réagit instantanément à la moindre anomalie», explique Jocelyn Legault. Jusqu’à présent, souligne-t-il, une dizaine de clients ont choisi d’utiliser ce système.
M. Legault tient à souligner qu’un emballage endommagé nuit à la réputation des entreprises. «Selon des données provenant de la firme Smithers Pira, un client qui reçoit un emballage endommagé ne fera plus affaire avec cette entreprise dans 39 % des cas. Si, en plus, le produit est endommagé, il y a plus de 50 % de risque que ce client ne rachète plus chez vous.»
L’emballage souple… recyclable
Reconnu pour réduire considérablement les coûts de transport, l’emballage souple, ou multicouche, n’a pas nécessairement bonne presse auprès des environnementalistes. Une fois le produit consommé, ce type d’emballage qui utilise plusieurs couches de plastique n’a pas de débouchés. C’était le cas jusqu’à tout récemment. Depuis l’automne dernier, TC Emballages Transcontinental figure parmi les premières entreprises nord-américaines à avoir lancé un emballage souple 100 % recyclable. Il s’agit d’un sachet à maintien vertical à parois multiples avec barrière, créé en collaboration avec Harney & Sons, un fabricant de thé américain. Ce sachet est destiné à l’emballage de thé en vrac.
«Ce nouvel emballage nous a déjà valu trois prix dans le cadre du concours Flexible Packaging Achievement Awards 2019, présenté en mars derniers. En plus du prix Or pour la catégorie Développement durable, cet emballage nous a permis de décrocher le prix Or dans la catégorie Excellence en matière d’emballage ainsi que le prix Argent dans la catégorie Innovations technologiques», signale Magali Depras, chef de la stratégie chez TC Transcontinental.
L’emballage réutilisable selon Carrousel
Une des «plaies» qui affectent la réputation du marché de l’emballage, ce sont les ustensiles, les gobelets et les contenants utilisés pour les services de restauration rapide. Depuis un an, Emballages Carrousel veut renverser la vapeur. L’entreprise de Boucherville travaille à créer plusieurs contenants avec couvercle à charnières, de type «clam shell», réutilisables, que pourraient utiliser la plupart des comptoirs alimentaires qui occupent les grandes tours de bureaux. «On souhaite commercialiser ce produit, fabriqué de polypropylène, dès cet automne», indique Martin Boily, vice-président des ventes et marketing. Emballages Carrousel, dont 60 % des revenus relèvent de l’alimentation, commence à distribuer de la vaisselle réutilisable pour les aires de restauration rapide d’une centaine d’immeubles commerciaux.
L’entreprise s’est également associée au projet La Tasse. Lancé l’été dernier dans une dizaine de cafés du quartier Villeray, ce tout premier système québécois de dépôt remboursable de gobelets de café sera présent dans plus de 200 points de vente au Québec dès ce mois-ci. Selon différentes sources, au Canada seulement, près de deux milliards de gobelets prennent le chemin des sites d’enfouissement chaque année.
La solution d’un… apiculteur
Le petit rucher du nord, à Brébeuf, est avant tout un producteur agricole qui produit du miel à l’aide de ses 280 colonies d’abeilles. Depuis 2015, l’entreprise s’invite toutefois dans l’univers de l’emballage. Afin de remplacer les pellicules de plastique, elle propose une toile de coton biologique et de chanvre enduite de cire d’abeille qui peut être réutilisée pour emballer notamment sandwichs, crudités, biscuits et fromages. D’ailleurs, plusieurs fromageries, qui figurent parmi les 175 points de vente, raffolent du produit. «La popularité de notre pellicule est si grande que ses ventes représentent maintenant 50 % des revenus de l’entreprise», signale le producteur Félix Lapierre. D’ailleurs, souligne-t-il, les quelque 200 livres de cire de l’entreprise ne suffisent plus. L’apiculteur doit désormais s’approvisionner auprès d’autres fermes apicoles de la région.