Les consommateurs, poursuit Geneviève Dionne, posent toutefois de plus en plus de questions sur ce que véhiculent les entreprises comme messages écoresponsables sur leurs emballages. (Photo: Bas Emmen pour Unsplash)
INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. Avant d’apposer sur tout emballage des allégations, des labels imaginaires ou encore des images qui font référence à l’écoresponsabilité, l’entreprise est mieux de s’assurer de la véracité des propos qu’elle avance. « Autrement, elle risque d’en payer le prix au cours des mois et des années qui viennent », soutient Geneviève Dionne, directrice écoconception et économie circulaire à Eco Entreprise Québec (EEQ).
Parlez-en aux dix entreprises (dont fait partie Nestlé) qui figurent au palmarès des championnes de l’écoblanchiment, publié par le site américain Truth in Advertising, lors de la journée de la terre en avril dernier.
Walmart aussi a fait les frais de ses propos d’écoblanchiment. En février 2017, la chaîne américaine a été sommée de payer 1 million de dollars en réclamation pour avoir allégué que le plastique de ses emballages était compostable ou encore biodégradable. Ce que la loi de l’État de Californie interdit. Selon la législation californienne, ce sont des allégations sont trompeuses, en plus d’être sans avis de non-responsabilité quant à la rapidité de biodégradation du produit dans une décharge ou dans d’autres environnements où il peut être éliminé.
30 ans d’écoblanchiment
Pourtant, ce n’est pas d’hier que l’écoblanchiment est critiqué par les consommateurs. Ce terme a été utilisé pour la première fois dans les années 1980 par l’environnementaliste new-yorkais Jay Westervelt. Ce dernier décriait l’hypocrisie de l’industrie hôtelière qui encourageait la clientèle, par de petits écriteaux dans les salles de bains, à réutiliser les serviettes afin de sauver l’environnement. Un geste, qui dans les faits, avait (et a toujours) une incidence purement économique.
Les consommateurs, poursuit Geneviève Dionne, posent toutefois de plus en plus de questions sur ce que véhiculent les entreprises comme messages écoresponsables sur leurs emballages. Ils sont plusieurs à ne pas apprécier le manque d’authenticité, ce qui nuit à la réputation des entreprises. Les consommateurs, ajoute-t-elle, réalisent que ce n’est pas parce qu’on leur offre une alternative que cette dernière est vraiment mieux en termes de consommation écoresponsable.
« On fait actuellement la promotion de l’achat local, mais qu’est-ce que ça veut dire réellement pour tout un chacun ? Les entreprises mentionnent que leur emballage est recyclable, mais y a-t-il réellement un débouché pour la matière de leur contenant ? Aujourd’hui, les consommateurs veulent la vérité et des gestes conséquents », dit Geneviève Dionne. Elle cite en exemple le fabricant de la mayonnaise Hellmann’s, Unilever. « L’entreprise fait preuve de transparence et d’honnêteté en indiquant aux consommateurs la provenance de la matière recyclée de son contenant. »
Évoluer avec le consommateur
« Aujourd’hui, les entreprises ont intérêt à développer leur emballage en relation avec les consommateurs », croit Élyse Boulet, vice-présidente principale, directrice générale nationale de l’agence Pigeon. Les projets d’écoconception peuvent prendre d’un à cinq ans. Ces projets évolutifs ont de meilleures chances de succès et de gain de confiance auprès des consommateurs, dit-elle.
Quoi qu’il en soit, la pression contre l’écoblanchiment ne vient plus seulement des consommateurs, soutiennent de plus en plus d’experts en développement durable. Avec le climat qui s’emballe, des compagnies d’assurance, des fonds de pension et autres investisseurs favorisent désormais les entreprises dont les politiques internes sont réellement alignées sur les objectifs de développement durable qui luttent contre les changements climatiques. Et celles qui ne s’ajustent pas à cette réalité risquent d’y laisser leur réputation… et leur profitabilité, conclut Geneviève Dionne.