En plus d'être facilement recyclable et réutilisable, le carton a l'avantage d'apporter une plus-value aux produits. (Photo: iam_os pour Unsplash)
INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. Après un léger recul en faveur du plastique, le carton continue de s’imposer comme la matière la plus utilisée pour les emballages. Selon Smithers Pira, le carton, sous toutes ses formes, détient 36 % des parts du marché de l’industrie mondiale de l’emballage.
La hausse du commerce en ligne, les demandes croissantes de la part des entreprises pour des emballages prêts à livrer et sur mesure, les avancées en matière d’impression ainsi que la pression des consommateurs pour des solutions durables et recyclables sont autant de facteurs qui contribuent au regain du carton comme matière d’emballage.
Pigeon, une agence spécialisée en stratégie de marque peut en témoigner. Depuis trois ans, l’usage du carton connaît un bond remarquable parmi les nombreux clients de cette agence qui évolue au sein du marché des produits de grande consommation depuis déjà 1977. «L’ensemble de nos 80 employés à Montréal, à Toronto et même à Mexico suivent des formations, des webinaires pour justement être à l’affût des nouveautés et des tendances afin de guider nos clients dans les façons d’insérer le carton et d’autres solutions écoresponsables dans leur modèle d’affaires», indique Élyse Boulet, vice-présidente principale, directrice générale nationale de l’agence.
Meilleure perception des consommateurs
En plus d’être facilement recyclable et réutilisable, le carton a l’avantage d’apporter une plus-value aux produits, dit-elle. Élyse Boulet cite notamment un des clients de l’agence qui a récemment troqué son emballage initialement composé d’une pellicule de plastique à 100 % pour une jolie boîte en carton. «Certes, le coût initial de l’emballage a légèrement augmenté, mais les ventes du produit, elles, ont quadruplé», indique cette experte en stratégie de marque.
Idem, dit-elle, pour l’entreprise montérégienne Trans-Herbe. En plus d’éliminer la pellicule plastique utilisée comme protection, les nouveaux emballages scellés en carton – dotés d’un nouveau design – des sachets de thé Four O’Clock ont permis d’augmenter la visibilité du produit sur les tablettes.
«Les consommateurs perçoivent effectivement le papier et le carton comme des matières recyclables, ce qui ajoute à l’élément marketing d’une entreprise», avance Bruno Ponsard, de l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA) du collège Maisonneuve. Depuis deux ans, plus de 75 % des quelque 80 à 100 entreprises qui consultent l’ITEGA chaque année demandent d’ailleurs aux chercheurs de trouver des solutions à base de carton pour éliminer leur usage du plastique.
Un carton qui ressemble au plastique
Bien que le carton ne soit pas la panacée pour remplacer totalement le plastique, les chercheurs d’Innofibre, à Trois-Rivières, auraient peut-être trouvé une solution. Depuis 2013, ce centre d’innovation du cégep de Trois-Rivières travaille à développer un procédé de thermoformage de fibres cellulosiques en 3D, qui permettra de fabriquer un matériau issu de la même matière du carton avec des propriétés de performance et d’esthétique recherchées dans le plastique.
L’établissement est d’ailleurs le seul endroit en Amérique du Nord qui dispose d’un tel équipement de fabrication, soutient Tarik Jabrane, titulaire de la toute nouvelle Chaire de recherche industrielle du conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada dans les collèges en écoconception pour une économie circulaire d’emballages en pâte cellulosique thermoformée.
Cette technologie, dit-il, s’inspire d’un des premiers moulages de précision fait de papier créé il y a 100 ans pour contenir les douzaines d’oeufs. «Le Québec détient une connaissance dans les pâtes et papiers plus que centenaire. Nous détenons une expertise unique pour développer des emballages de carton révolutionnaires», soutient le chercheur.
L’équipe de Tarik Jabrane souhaite justement tirer profit de l’actuel regain de popularité envers le carton. «Nous sommes convaincus que le thermoformage de fibres cellulosiques en 3D aidera à remplacer de nombreux emballages de plastique à usage unique qui ne peuvent être recyclés ou réutilisés. Nous travaillons déjà avec une trentaine d’entreprises canadiennes», dit-il. Et ce n’est pas terminé ; la technologie trifluvienne commence à intéresser des multinationales prêtes à investir pour développer de nouvelles solutions d’emballage à base de cellulose.
Depuis 2018, ajoute-t-il, plusieurs propriétaires de marque, des détaillants et des entreprises d’emballage ont annoncé leur objectif d’utiliser des emballages 100 % réutilisables, recyclables ou compostables d’ici 2025. Dans ce contexte, la Chaire et ses partenaires industriels entendent se démarquer.