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Recyclage: venez voir le tri par vous-mêmes

Claudine Hébert|Édition de la mi‑juin 2021

Recyclage: venez voir le tri par vous-mêmes

(Photo: courtoisie)

INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. Certains centres de tri, comme ceux de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, du centre local de développement (CLD) Brome-Missisquoi et de Tricentris, à Lachute, invitent les fabricants et les utilisateurs d’emballages à venir tester le comportement de leurs produits sur le tapis de triage.

 «Ce que fait seulement une infime minorité d’entreprises», se désole Grégory Pratte, responsable des relations publiques à Tricentris. Il précise qu’à peine une dizaine se sont prévalues de cette invitation à leurs installations lachutoises.

Hydroserre, à Mirabel, qui produit 34 millions de têtes de laitues par année, est de ce nombre. Contrariée par les plaintes des consommateurs concernant l’utilisation de cloches en polypropylène pour la conservation des laitues hydroponiques, la gestionnaire du marketing de l’entreprise, Valérie Terrault, a voulu en avoir le cœur net. La productrice agricole s’est rendue, il y a deux ans, au centre de tri pour voir comment s’y comportait son emballage.

Verdict: plus de 90% des cloches se retrouvent dans le bon ballot et sont donc recyclées. Mais ce n’est pas encore suffisant aux yeux de Valérie Terrault. Depuis deux ans, elle travaille étroitement avec l’organisme Éco Entreprises Québec (ÉEQ) pour améliorer la composition de son emballage. Un processus complexe qui a permis à Hydroserre de réduire d’au moins 20% la présence de plastique dans ses produits et d’optimiser la palettisation afin de réduire de 16% les émissions de gaz à effet de serre.

«Nous sommes des experts en culture maraîchère, pas en fabrication d’emballage. Pourtant, je ne dormirai pas sur mes deux oreilles tant et aussi longtemps que je n’aurai pas trouvé la solution la plus durable qui soit», avoue Valérie Terrault.

La visite au centre de tri a également fait partie du processus de l’équipe de développement des emballages chez Briochin, une entreprise bretonne qui fabrique des produits nettoyants depuis 100 ans. «Une étape obligée afin de s’assurer que l’on pouvait désormais apposer sur nos flacons de plastique l’étiquette «Composé de matières recyclables et recyclées», indique Grégoire Lehuger, chef de marché export pour la marque introduite au Québec depuis cinq ans. Ce qui sera le cas pour plus de 80% de nos produits d’ici la fin de l’année 2021.»

 

Faire une différence dans le transport

Spécialisée en emballage tertiaire — celui du transport des marchandises —, Cartier, l’emballage optimisé a développé, il y a un peu plus de cinq ans, un laboratoire destiné à guider les entreprises qui souhaitent limiter leur impact sur l’environnement.

La PME de Saint-Césaire utilise un logiciel qui permet d’analyser l’empreinte carbone, l’énergie, l’acidification et l’eutrophisation des matières d’emballages utilisées. «Il y a deux ans, ce service représentait à peine 1% des revenus de l’entreprise. Très peu de clients se sentaient concernés. Aujourd’hui, c’est différent. Ce service est en voie de constituer 10% de notre chiffre d’affaires», indique son président et directeur général, David Cartier.

Il est convaincu de pouvoir jouer un rôle afin d’améliorer la durabilité des emballages de ses clients. «D’autant plus qu’ils sont de plus en plus nombreux à réaliser que leurs emballages, c’est le reflet de leurs valeurs industrielles», note-t-il.

«Nous avons à gérer des enjeux complexes auxquels il faut simplifier les solutions, résume Geneviève Dionne, directrice de l’écoconception et de l’économie circulaire à ÉEQ. Nous sommes au cœur d’une course à relais où il faut que le témoin soit transmis correctement d’un coureur à l’autre. En d’autres mots, tant qu’il n’y aura pas de communication claire et harmonieuse entre les acteurs qui figurent entre l’amont et l’aval de la chaîne du produit d’emballage, la quête de la durabilité sera impossible.»