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Des partenaires en quête d’harmonie

Jean-François Venne|Édition de la mi‑juin 2022

Des partenaires en quête d’harmonie

Alexandre L’Heureux, président et chef de la direction de WSP, reconnaît que les grands projets de construction présentent généralement leur lot d’obstacles liés aux relations entre les partenaires. (Photo: courtoisie)

INGÉNIEURS. Les projets de construction reposent toujours sur des partenariats, dont les relations manquent parfois d’harmonie. C’est pourquoi l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) a lancé, en février, un nouveau guide de référence pour favoriser les meilleures conditions d’exécution de ces projets.

L’OIQ constate depuis quelques années qu’une part importante des réclamations d’assurance sur des projets de construction est liée à des conflits entre les partenaires, par exemple des litiges entre un entrepreneur et un donneur d’ouvrage. Cette hausse de la sinistralité peut se traduire par une augmentation des primes d’assurance payées par les ingénieurs. L’Ordre cherche donc des moyens de la réduire.

« Plusieurs ingénieurs nous ont aussi confié ces dernières années que les relations entre partenaires dans les projets de construction n’étaient pas toujours faciles, poursuit la présidente de l’OIQ, Kathy Baig. Ce n’est pas nécessairement de la mauvaise foi, mais plutôt des problèmes de compréhension commune du rôle et des responsabilités de chacun des collaborateurs. »

Elle cite le cas où l’ingénieur réalise la conception d’un projet jusqu’à un certain point, puis transfère le reste de la conception à l’entrepreneur. Ce dernier rechigne souvent à accepter cette tâche, considérant qu’elle relève de l’ingénieur. Le donneur d’ouvrage se retrouve ainsi pris entre deux feux. Ce genre de situation risquera moins de se produire si les rôles de chacun sont mieux définis et compris dès le départ.

 

Créer des consensus

Le nouveau guide, intitulé « Favoriser les meilleures conditions d’exécution des projets de construction. Guide de bonnes pratiques » vise justement à définir et à baliser ces rôles et responsabilités. Il recense les pratiques les plus appropriées des différents collaborateurs durant les principales étapes du cycle de vie d’un projet de construction : la définition des besoins et la planification, la préparation et le suivi des appels d’offres et des documents contractuels, la conception, la réalisation et le suivi des travaux, ainsi que la clôture de projet. 

Le guide sensibilise également les ingénieurs à leurs obligations déontologiques, qu’ils travaillent dans une firme de génie-conseil, auprès d’un entrepreneur en construction ou pour un donneur d’ouvrage, afin de protéger le public.

De nombreux partenaires provenant des domaines du génie, de la construction et de l’architecture y ont contribué. « Pour trouver des solutions communes et en arriver à obtenir une meilleure collaboration sur les chantiers, c’était important de mettre tout le monde autour d’une même table et de confronter tous les points de vue, explique Kathy Baig. Cela nous a permis de dégager des consensus. »

Elle estime que la présence de plus de 700 personnes au lancement virtuel du guide montre bien qu’il y avait un grand appétit pour cet ouvrage. 

 

Un nouveau modèle à l’essai

L’OIQ n’est pas la seule à s’attaquer à ce problème. Alexandre L’Heureux, président et chef de la direction de WSP, reconnaît que les grands projets de construction présentent généralement leur lot d’obstacles liés aux relations entre les partenaires. « Le plus gros défi consiste à s’assurer d’aligner les intérêts de toutes les parties prenantes dans un projet pour en faire un succès, soutient-il, ce qui n’a pas toujours été le cas dans les projets résultant d’appels d’offres traditionnels et dans les partenariats publics-privés. »

Pour résoudre ce problème, WSP participe présentement au premier grand projet canadien qui utilise le modèle de contrat « alliance », qui a connu du succès en Australie et au Royaume-Uni au cours des 20 dernières années. Dans ce projet, qui concerne l’amélioration de la gare Union de Toronto, les partenaires renoncent aux litiges et adoptent une structure de partage des risques financiers. 

En d’autres termes, les collaborateurs gagneront tous ou perdront tous, ce qui devient un très bon moteur d’intégration et de synergie. L’alliance ONTrack réunit Kiewit-Alberici, Mass. Electric Construction Canada et WSP Canada. WSP dirigera l’équipe de conception et supervisera tous les travaux de conception, en plus de représenter l’alliance dans les équipes de direction, de gestion et de projet.

L’une des particularités de ce modèle consiste à associer le client à l’équipe de livraison dès le départ en tant que membre de l’alliance. Il prend donc part aux décisions concernant la livraison du projet et la nomination des membres de l’équipe, qui viseront toutes à optimiser le résultat final. « Quand on réunit autour de la table le client, le concepteur et l’entrepreneur en construction au départ et que tout le monde travaille de concert pour atteindre le succès, ça aide à la fois à aligner les intérêts de chacun, à favoriser la réussite du projet et à éviter les malentendus et les angles morts », constate Alexandre L’Heureux.