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Une innovation québécoise pour recycler les câbles de fibre optique 

Emmanuel Martinez|Mis à jour le 20 juin 2024

Une innovation québécoise pour recycler les câbles de fibre optique 

Le président fondateur de SRFO, Jérémie Bourgeois (Photo: courtoisie)

Ayant mis au point un processus inédit pour recycler les câbles de fibre optique, un entrepreneur québécois veut ouvrir une usine complètement automatisée aux États-Unis d’ici quelques années. 

«On a fait une veille aux États-Unis et en Europe, et cela n’existe pas», affirme Jérémie Bourgeois, fondateur de la PME SRFO, acronyme pour «service de recyclage de fibre optique». Il a donc sollicité de grandes entreprises québécoises dont les câbles de fibre optique aboutissent au dépotoir. «Toutes se sont montrées intéressées», poursuit-il. 

Sa PME ne s’intéresse pas vraiment à la fibre optique qui ne constitue qu’une petite partie du câble, mais aux métaux et aux résines de plastique qui l’enrobent. 

«La gaine qui entoure la fibre optique représente environ 80% du câble», affirme l’ingénieur qui a beaucoup d’expérience en recyclage, puisqu’il possède la firme de consultation en ingénierie Gestion VFC ainsi que Krowncorp, qui recycle du plastique. 

Afin de maximiser le processus et de commencer à petite échelle, l’homme d’affaires a choisi de ne prendre les câbles que d’une seule entreprise de télécommunication, qu’il ne peut pas nommer, pour les recycler dans ses installations de Richmond en Estrie. «Les câbles ne sont pas tous de la même qualité et contiennent différents matériaux, donc cela aurait été compliqué d’en traiter plusieurs sortes, croit-il. Si on prenait tout, on foncerait dans un mur.»  

Ayant reçu une aide de Recyc-Québec, SRFO s’est dotée de différentes machines qui ont été amalgamées pour traiter ces matériaux recyclables. Une partie du travail est aussi fait manuellement. Les opérations commenceront à la fin du mois à Richmond. 

Les yeux vers le sud 

L’entreprise a comme modèle d’affaires de se faire payer pour recevoir les câbles puis de vendre à des ferrailleurs les métaux et à des transformateurs de plastique les résines. 

«Les entreprises qui ont des câbles de fibre optique nous versent l’équivalent de ce qu’elles débourseraient pour l’enfouissement. Pour celles qui nous fournissent les câbles, c’est un plus dans leur bilan environnemental sans leur coûter davantage. Et cela nous permet d’avoir un revenu à l’entrée. Pour une start-up, c’est important, car cela réduit les risques.»  

– Jérémie Bourgeois, fondateur de SRFO

Jérémie Bourgeois ne croit pas que ses installations québécoises seront en mesure de traiter de forts volumes, car il n’y aurait pas assez de câbles optiques de qualité dans la province pour justifier des investissements imposants.  

La situation est toutefois bien différente chez nos voisins américains, où l’entrepreneur a rencontré des fabricants de câbles optiques qui se sont montrés très enthousiastes par son innovation. 

«On se fait mettre plein de pression pour bâtir une grosse usine dans le Nord-Est américain, précise-t-il. À la base, on voulait commencer au Québec, puis en Ontario puis aller au sud de la frontière après cinq ans, mais notre plan d’affaires a été chamboulé. On ne peut pas dire non. On est victime de notre succès.» 

Il espère donc entamer d’ici trois ans la construction d’une usine complètement automatisée pour recycler les câbles de fibre optique aux États-Unis. Il lancera bientôt une ronde de financement pour réaliser cette initiative. 

«C’est un projet qui me fait capoter, affirme Jérémie Bourgeois. Il y a tellement de belles opportunités. C’est vraiment motivant.»